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L'été des festivals


Anetha, programmée à Scopitone © Julien Bernard

Textes / Matthieu Chauveau, Patrick Thibault


Les nouveaux jours du disco

Juliette Armanet / DR

Clara Luciani (le K de Kostar de ce numéro) est sans conteste l’une des chanteuses incontournables des festivals d’été. Bête de scène dès la sortie de son Petite Amie en forme de succès surprise (qui aurait parié sur un retour de hype du son Véronique Sanson ?), Juliette Armanet revient avec un deuxième album taillé sur mesure pour le live. Et elle a beau chanter Le dernier jour du disco, c’est bien un renouveau du genre qui s’opère sous nos yeux (le retour de la boule à facettes, des paillettes et des pattes d’eph) et surtout dans nos oreilles (la basse qui groove comme dans les 70’s, mais rehaussée de discrets beats electro hérités de la french touch). Sortez vos briquets, il y a même quelques slows dans le bien nommé Brûler le feu.

Clara Luciani (dates page 10). Juliette Armanet, Festival de Poupet, 3 juillet ; Festival Beauregard, Hérouville-Saint-Clair, 9 juillet ; Terres du Son, Monts, 10 juillet ; Francofolies, La Rochelle, 14 juillet ; Les Vieilles Charrues, Carhaix Plouguer, 15 juillet ; Bebop, Le Mans, 5 novembre ; Les Indisciplinées, Lanester, 11 novembre.


Savamment orchestré

Stromae / DR

Le moment avait quelque chose de gênant. En plein JT le plus regardé de France, un artiste se lance en guise de réponse à l’interview d’une journaliste, dans un exercice de promotion savamment préparé à l’avance. La caméra filme tout à coup Stromae comme dans un clip et une bande-son est lancée, sur laquelle il interprète son nouveau titre (pas mal) L’enfer. Agaçante, voire dangereuse pour l’essentielle distinction entre marketing et information, l’opération dit au moins quelque chose du statut qu’a aujourd’hui acquis l’auteur d’Alors on danse. Celui d’un artiste attendu comme le messie dans la variété française moderne. Et donc dans les festivals estivaux avec un show annoncé comme parfaitement mis en scène – à l’image de ce petit numéro au JT.

Stromae, Les Vieilles Charrues, Carhaix Plouguer, 14 juillet ; Festival de Poupet, Saint-Laurent-sur-Sèvre, 15 juillet.


Et 1, 2, 3 (Mousquetaires) !

Les trois mousquetaires © Benjamin Le Bellec

L’esprit joueur et décalé des Tombées de la Nuit, qui nous a tellement manqué, est de retour. 40 compagnies invitées, 11 créations et une programmation internationale. La direction artistique étant gourmande et aimant sortir des cadres, elle ajoute des bonus en dehors du festival, du 24 juin au 16 juillet ! Cerise sur le gâteau, l’intégrale de la série Les Trois Mousquetaires, soit 19 épisodes d’un marathon théâtral immersif qui fait un malheur partout où il est joué. Aux grandes formes (La Bande à Tyrex avec une dizaine d’acrobates à vélo, La Grande Tablée de la Cie Hocus…) se mêlent des plus intimes (Birdwatching 4x4 pour 20 spectateurs seulement mais 4 fois par jour). Le retour de Patrice de Benedetti pour une trilogie (dans le top 5 de la programmation de toute l’histoire des Tombées). D’autres solos qui vous feront chavirer (Animaltroniek, Swan Lake…). La dernière création de Dromesko… n

Les Tombées de la Nuit, Rennes, du 7 au 10 juillet.


Popopop

Cimafunk / DR

Il en faut du culot pour lancer un nouveau festival à l’heure où toute la profession s’accorde à dire que faire revenir le public n’est pas chose aisée ! Mais Pop au Parc a un sacré argument : il est entièrement gratuit, ouvert à tous les âges et surtout à tous les goûts. Amateur de variété française ? Gauvain Sers, son béret, sa guitare et ses paroles touchantes comme Renaud vous séduiront peut-être. Vous préférez les musiques du monde ? La venue de la tornade afro-caribéenne-funko-hip-hop Cimafunk devrait vous ébahir, le Cubain étant rien de moins que le musicien actuellement le plus populaire dans son pays. Voilà, un événement à surligner dans vos agendas mais pas moins immanquable que les animations prévues tout le dimanche pour les familles (concerts, arts circassiens…).

Pop au Parc, Sablé-sur-Sarthe, du 1er au 3 juillet.


Événement majeur

Jupiter & Okwess © Florent de la Tullaye

L’âge de la majorité pour Transat en Ville ! Pour ses 18 ans, le festival s’assume tel qu’il est : un rendez-vous incontournable pour les Rennais ou touristes de passage de toutes les générations. Sur la place de la mairie et dans les différents parcs de la ville, c’est un joli voyage aux quatre coins du monde qui s’annonce avec un groupe de rock-funk congolais (Jupiter & Okwess), un surprenant trio qui mélange chant diphonique mongol et rythmiques énergiques des Balkans (Violons Barbares) ou encore du folk-blues né en Bretagne mais qui rêve de grands espaces américains (Mô'ti Tëi). 18 ans, l’âge d’oser, aussi ? En la matière, Transat en Ville frappe fort en s’offrant rien de moins qu’un partenariat avec l’Opéra de Rennes. Au programme notamment, un récital de la mezzo-soprano qui monte Ambroisine Bré.

Transat en Ville, Rennes, du 6 juillet au 20 août.


Prendre le Tempo

L'ambition d'être tendre © Fanchon Bilbille

C’est ce qui s’appelle prendre du galon. En un peu plus de 10 éditions, Tempo2Rives est passé d’un sympathique événement faisant la part belle à la scène locale (vous avez dit Fête de la musique ?) comme il en existe tant à un festival à la programmation des plus emballantes. D’une rive à l’autre de la Maine (gauche pour le jardin des Beaux-Arts et droite pour le jardin du Musée Jean-Lurçat mais n’y voyez pas une métaphore politique), l’art prend de multiples formes tout l’été à Angers. Mais toujours majeures comme le prouve la présence aussi bien du grand violoncelliste impressionniste Gaspar Claus que de la légende du funk Fred Wesley, du pianiste classique Bruno Rigutto et de l’envoûtant Abed Azrié. À noter encore, un spectacle dansé fort remarqué au Off d’Avignon 2019 : L’ambition d’être tendre par la compagnie La Parenthèse. Ambitieux !

Tempo2Rives, Angers, du 6 juillet au 19 août.


D'Auteuil à Cuba

El Grupo Compay Segundo / DR

Six soirées musicales sur trois semaines pour agiter l’été vendéen. Une envie de séduire tous les publics mais aussi de créer l’événement. Daniel Auteuil pour son tour de chant créé avec la complicité de Gaëtan Roussel. Ou le génial saxophoniste Stefano Di Battista avec son quatuor pour un hommage à la musique du compositeur Ennio Morricone aux couleurs du jazz. Classique mais pas trop avec le surprenant et toujours déjanté Jean-François Zygel qui a, plus que les autres, le sens de l’improvisation. Pop & folk aussi avec Noé Preszow et Cats on trees. Le blues de Mister Mat et Will Barber… Et, une sorte de pièce montée pour finir le banquet musical, avec El Grupo Compay Segundo, soit la continuité du Buena Vista Social Club dirigée par Salvador Repilado, le fils qui perpétue la tradition cubaine avec la finesse et l’énergie qui vont avec !

Musiques au Logis, La Chabotterie, Saint-Sulpice-le-Verdon, du 12 juillet au 2 août.


Petit mais costaud

Orelsan / DR

D’un côté, le plus grand festival de l’Orne (21 000 spectateurs) mais certainement pas de l’Hexagone… De l’autre, l’un des rappeurs français les plus populaires (plus de 400 000 ventes pour son dernier album). Art Sonic et Orelsan n’étaient pas forcément faits pour se rencontrer (malgré des racines normandes communes...) mais c’est bien ce formidable coup que réussit l’événement pour son 25e anniversaire. Un cadeau fait aux festivaliers qui ne saurait faire de l’ombre au reste de la programmation, particulièrement riche côté rap mais aussi electro. Dans la première catégorie, citons, en plus de l’auteur de L’odeur de l’essence, le rap excentrique de Vald ou celui, plus radical, de Ziak, prince de la drill découvert aux Trans 2021. Dans la seconde, le toujours très inspiré Rone ou (avis aux amateurs) les énergiques mais aseptisés Skip the Use.

Art Sonic, Briouze, les 22 et 23 juillet.


Géant des mers

Kabeaushé © Muhammad Ali Kanch

Réputées pour leur programmation très (trop ?) hétéroclite, Les Escales tapent dans le mille pour leurs 30 ans avec la réunion de deux figures majeures de la pop française d’aujourd’hui : La Femme, le groupe, et Cara Luciani, une ex... La Femme. Mais cette édition anniversaire est surtout hors norme pour son ouverture au monde encore plus grande que d’ordinaire. Tout le week-end, des artistes de tous les horizons sont attendus en partenariat avec des festivals internationaux : aussi bien péruvien (le groupe de cumbia indépendant Hit La Rosa) qu’ougandais (la pop futuriste de Kabeaushé) ou australien (le folk bluesy de Steph Strings). Peur d’avoir le mal du pays ? Ne manquez pas le concert XXL dirigé par 20SYL d’Hocus Pocus, qui verra une quinzaine de figures locales se succéder sur scène, d’Elmer Food Beat à Zaho de Sagazan en passant par KO KO MO.

Les Escales, Saint-Nazaire, du 29 au 31 juillet.


Routes celtes

Gaëtan Roussel © FiFou

En chanteur au sein de Louise Attaque, en auteur-compositeur pour Bashung… Gaëtan Roussel n’est jamais aussi bon que quand il s’entoure d’autres talents. C’est donc un joli coup que réussit le Festival Interceltique de Lorient en l’invitant pour un concert en écho à Abers Road, l’émission qu’il présente sur France 3, dans laquelle il parcourt la Bretagne en compagnie d’artistes du cru (de Yelle à Nolwenn Leroy en passant par Hervé). Si les invités de ce spectacle hors norme ne sont pas dévoilés, on peut sans trop de risque s’avancer sur Miossec, lui aussi à l’affiche de cette 51e édition. Mais l’événement majeur de cette année est peut-être à chercher ailleurs. La crise du Covid passée, c’est le grand retour de la Grande parade avec quelque 3 000 artistes attendus d’Écosse comme d’Irlande ou d’Espagne (les Asturies en nation à l’honneur cette année) !

Festival Interceltique, Lorient, du 5 au 14 août.


Voyage en indé

King Gizzard & The Lizard Wizard © Jason Galea

King Gizzard & The Lizard Wizard. Lisez tout haut le nom de ce groupe et vous entendrez déjà la musique qu’il propose : un rock qui lézarde entre effluves de jazz, pop, soul, métal et on en passe. Référence ultime de l’underground, réputée pour ses concerts survitaminés, la formation australienne est la tête d’affiche de La Route du Rock 2022. Amplement mérité... mais osé ! Cette année dans le Fort de Saint-Père, il ne faut donc pas s’attendre à des groupes aussi identifiés du grand public que, au hasard, lors de la précédente édition 2019 (Tame Impala, Metronomy ou Hot Chip). Mais qu’importe : c’est bien le meilleur de la scène indépendante d’aujourd’hui qui se déploie ici, qu’elle soit ardemment rock (Fontaines D.C., Ty Segall, The Limiñanas) ou élégamment pop (Baxter Dury, Kevin Morby, Aldous Harding), voire les deux (les irrésistibles Wet Leg).

La Route du Rock, Saint-Malo, du 17 au 20 août.


Baroque pour tous

Le mariage forcé © Hélène Aubert

Laura Baert, nouvelle directrice artistique du Festival de Sablé, souhaite convier le public pour une immense fête qui célèbre le baroque dans toute sa diversité. À l'occasion des 400 ans de la naissance de Molière, la comédie-ballet Le Mariage forcé portée par Les Malins Plaisirs, le Concert Spirituel et la Cie de danse L’Éventail. Deux récitals Bach : Les Variations Goldberg au clavecin par Jean Rondeau et Les suites par Emmanuelle Bertrand au violoncelle. La programmation s’ouvre au maximum pour faire entrer tous les publics dans la fête : musiques populaires espagnoles (Ensemble El Sol), plus belles pages instrumentales (Concert de l’Hostel Dieu), chansons d’amour du baroque (Ensemble Vedado), fusion baroque/tango (Gabetta Consort), concert de Vivaldi à Barbara, création familiale de théâtre d’ombre. Et, Jeanine de Bique, la nouvelle étoile du chant baroque qui interrompra ses vacances pour un concert d’exception avec le Concerto Köln. La classe !

Festival de Sablé, Sablé-sur-Sarthe, du 24 au 27 août.


Eh bien dansez maintenant

Anetha © Julien Bernard

Dansera ? Dansera pas ? Au moment d’annoncer Scopitone, on était bien embêté l’année dernière sur la forme que pendraient les concerts face aux règles sanitaires plus qu’incertaines. Quel plaisir, donc, que ce retour des fameuses nuits electro cette année. Elles feront de Stereolux un sérieux concurrent au mythique club berlinois Berghain. Berlin, c’est justement de là que nous vient Anetha, DJette passée experte dans l’art d’insuffler de l’émotion à la techno, l’une des têtes d’affiche des deux soirées avec l’Anglais déjà culte Daniel Avery (la techno au sens large, de l’ambient à l’indus). Mais Scopitone, c’est aussi la technologie au service des images, avec notamment deux installations immanquables : l’une sur la façade du château des Ducs de Bretagne (création spéciale de Yann Nguema), l’autre sur l’Erdre (Constellations de Joanie Lemercier).

Scopitone, Nantes, du 14 au 17 septembre.

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