Ça va couper chérie

Margaux Manchon / instagram @chatnoir_chatblanc — **Margaux Manchon** / instagram @chatnoir_chatblanc

Illustrations / Noémie Barral, Lina Goudjil, Tangui Jossic, Margaux Manchon, Clémence Mira, Persil Fragil, Pascal Rabaté, Loïc Sécheresse * Texte / Christophe Cesbron Publié dans le magazine Kostar n°94 - février-mars 2025

Face à la brutalité de la politique budgétaire de Christelle Morançais, les acteurs culturels des Pays de la Loire s’organisent. Ils développent, par l’action, le slogan et l’image, toute une série de réponses inventives, impertinentes, vivantes. Kostar s’y associe, avec conviction, et consacre son portfolio aux affiches créées, portées et diffusées par les créateurs de la plateforme 73 pour 100.

Face aux coupes, les réactions sont vives : manifestations, pétitions, interventions médiatiques s’opposant à ce qui ressemble à un coup de force pour mettre à mort le monde culturel. Les artistes s’engagent. Rapidement, naît l’idée de créer une plateforme (73 pour 100), site participatif recueillant des propositions graphiques d’affiches pouvant être diffusées à la fois dans les rues, au sein des manifestations et sur la toile.

On connaît la force des images, surtout lorsqu’elles portent une contestation, une révolte et qu’elles font face à l’injustice, l’arbitraire, la bêtise. Certaines affiches ont marqué l’histoire des révoltes, accompagné les grands mouvements sociaux que ce soit en 1936, en mai 68. Mouvement culturel aussi, par exemple en 1983, à Nantes, avec le fameux “ sécateur maire ”. Elles peuvent avoir une efficacité visuelle radicale. « On a créé un comité de sélection, pour mettre en avant les messages positifs, mordants, tordants, engagés. On ne voulait pas d’approches rageuses, haineuses, mais encourager un ton “ badin ”, créatif et revendicatif. Il fallait que ce soit percutant, inventif, joyeux. » explique Loïc Sécheresse, un des initiateurs de la plateforme 73 pour 100. Les images diffusées, autant dans la rue que sur les réseaux, ont en elles la puissance de l’instant : elles portent la nécessité de l’action. Moqueuses (Loïc Sécheresse), acides (Pascal Rabaté), incisives (Noémie Barral), tranchantes (Tangui Jossic), aussi poétiques qu’engagées (Karine Bernadou), jouant avec les mots (Lina Goudjil), la typo (Persil Fragil), l’inventivité graphique (Margaux Manchon, Clémence Mira), les images claquent, virevoltent, portent une résistance aussi visuelle que politique, démontrant à quel point ce sont l’art, la solidarité, la culture qui rendent notre vie plus riche, plus dense, plus intéressante.