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David Martineau : “On commence quelque chose de nouveau”


Interview / Patrick Thibault * Photos / Keno


Si aucun nom n’avait été avancé par Johanna Rolland pendant sa campagne, David Martineau n’était pas attendu à la culture. Celui qui se dit volontiers néophyte affirme désormais vouloir ouvrir un nouveau cycle culturel sans avoir de projet pré-établi à présenter. Place à la co-construction.


Quel est votre rapport à la culture ?

Celui d’un Nantais lambda. J’avais 20 ans quand Jean-Marc Ayrault est arrivé à Nantes. J’ai été bercé par Les Allumées, Royal et la ville qui se réveille. Mais je ne suis pas un aficionado. Mes goûts, c’est d’abord la musique. Rock, pop, scène française mais avec une recherche d’éclectisme.


Quels sont les atouts de Nantes en matière culturelle ?

L’offre est importante, variée et de qualité. Mais surtout, Nantes a la capacité d’avoir des événements qui rassemblent, que l’on vit et partage en commun. Ces événements créent une fierté autour d’eux. Ils sont le signe d’un rayonnement. Nantes ce n’est pas seulement le FC Nantes.


Vous avez écrit : « culture pour tous, culture partout, culture à Nantes ». Qu’il y a-t-il concrètement derrière ce cliché de la culture pour tous ?

En nommant quelqu’un qui n’est pas du sérail, l’idée de Johanna Rolland est bien de montrer qu’on commence quelque chose de nouveau. Les acteurs institués doivent se projeter dans l’ensemble des quartiers nantais et la métropole. Pour assurer le renouvellement, il y a un enjeu à faire émerger de nouveaux projets et que chacun puisse avoir sa chance. Nous souhaitons aussi proposer de la pratique culturelle exigeante et en continu.


Ça n’existe pas déjà ?

Si mais ça n’est pas toujours lisible et nous avons des trous territoriaux. Les beaux arts ou faire de la musique à Malakoff, c’est compliqué. Quand on dit culture pour tous, on doit proposer à chacun une trajectoire.


À mettre en avant cette volonté d’une culture pour tous, on aurait le sentiment que vous considérez qu’avant vous, on était dans l’élitisme ?

Même si à Nantes on fait parfois mieux qu’ailleurs, c’est quand même un combat de tous les jours. On doit dire aux Nantais que cette politique culturelle, elle s’adresse à eux, quand on est jeune, ou moins jeune, quand on a les moyens et quand on ne les a pas. D’autant plus que le tarif n’a pas toujours l’effet escompté pour amener les gens qui pensent que ça n’est pas pour eux.


Mais qu’est-ce qui est le plus important, amener l’opéra dans les quartiers ou faire en sorte que les quartiers viennent à l’opéra ?

Il y a des spectacles, qui par leur nature, se déroulent dans les lieux centraux. Mais nous voulons que chacun puisse avoir une offre dynamique de qualité dans son micro quartier. Il me semble vain de penser qu’on fait l’un sans l’autre. Nous devons travailler sur cette articulation et faire en sorte que chaque Nantais circule dans tous les quartiers.


“L'idée de Johanna Rolland est bien de montrer qu'on commence quelque chose de nouveau.”

Qu’est-ce qu’on a envie de changer quand on arrive au pouvoir ?

Faire davantage comprendre à chacun que la politique culturelle, elle est pour lui. Beaucoup de gens nous ont dit pendant la campagne « tout ça, c’est pas pour nous, vous feriez mieux de baisser de 20 centimes le ticket de tram ».


Ils ont vraiment dit ça ?

Oui. Enfin, on a entendu ça pour la première fois. Mais comme on a fait une campagne ouverte dans la co-construction, on a eu le temps d’en discuter. Et ça a assez vite disparu. Mais pour moi, c’est une alerte. Chez les programmateurs, on est dans une culture de l’offre. Il faut qu’on travaille à la co-construction.


Nantes arrive à une fin de cycle avec les artistes qui sont arrivés avec Jean-Marc Ayrault. Sur quels talents ou structures, comptez-vous vous appuyer ?

Nous n’arrivons pas avec les artistes de demain dans nos valises. Mais nous avons la volonté d’ouvrir les portes pour que ceux qui ont des propositions puissent venir les faire. Nous devons faire en sorte que ça continue, veiller à ne pas avoir emmené une seule génération. D’où l’importance de programmer les artistes locaux.


On dit que vous voulez une offre culturelle toute l’année…

La ville doit être ouverte toute l’année. Le Voyage à Nantes qui est en train de complètement réussir son pari pourra être accompagné d’une saison culturelle. On doit avoir une offre d’été.


On parle volontiers de la sanctuarisation du budget de la culture, qu’en est-il à Nantes ?

Johanna Rolland dit que la culture, c’est dans l’ADN, donc ça restera dans l’ADN. Ça restera une priorité absolue. Il y a un budget qui se déterminera selon les projets. Mais pas de commande à la baisse. J’ai un projet à proposer.


Et alors, c’est quoi ?

Plus de proximité, plus de pratique, plus de médiation, une offre plus lisible, plus compréhensible et le travail sur un calendrier plus en continu. Notre projet politique c’est de confirmer notre ville dans sa capacité à innover et asseoir le développement de la ville sur sa cohésion sociale. La culture est fondamentale dans tout ça, elle reste donc une priorité absolue. Il n’y aura pas de nouveau cycle Johanna Rolland sans un nouveau cycle culturel réussi.

“Faire davantage comprendre à chacun que la politique culturelle, elle est pour lui.”

Si la culture est une priorité absolue, pourquoi n’a t’elle pas été au cœur du débat des municipales ?

Mais il en a été question au quotidien dans la co-construction. Nous souhaitons prendre le temps de co-construire ce projet culturel. Derrière le dispositif Cafés-Culture qui se met en place, il y a la volonté de faire passer le message que la ville est innovante et s’amuse. Avec les Assises de la nuit, nous souhaitons que cette ville vive dans une movida à la nantaise.


Nantes a beaucoup cultivé l’émergence, pour ça il faut des petits lieux. Or on ferme les ateliers de Bitche et quid de l’engagement d’une friche autogérée ?

Les Cafés-Culture, c’est une des réponses sur la question des petits lieux. La friche fait partie de nos engagements. Bitche n’est pas symbolique de volonté de fermer ces lieux. On a des problèmes de sécurité du bâtiment. On veut re-regarder le dossier Bitche.


Quel regard portez-vous sur les politiques culturelles d’Angers et Rennes ? Avez-vous des projets concrets en commun ?

Avec Angers, notre premier enjeu et engagement, c’est de sauvegarder l’Opéra. Je dois faire en sorte qu’Angers puisse augmenter sa part de financement. L’Université va devenir celle de toutes les villes du pôle métropolitain. Le TU (Théâtre universitaire) donc va devoir évoluer. Pour moi ce qui compte c’est le U, plus que le T. Nous avons à trouver des événements festifs à partager. Et intérêt à programmer les artistes sur toutes les villes.


Ou va-t-on vous croiser cette saison ?

Un peu partout, chez ceux qu’on subventionne et ceux qui fonctionnent par eux-mêmes. Avec nos compagnies, à l’extérieur. Et beaucoup dans les quartiers.


Nantes, le 22 août 2014


La politique culturelle de Nantes en un tweet

Des Nefs aux Dervallières, Géants, folles journées, hip hop, electro, Jazz, Théâtre, Danse... Partout à #Nantes la CultureS est pour tous


5 dates clés


1990

création de l’asso handisup


1995

Nantes championne de France de foot (but incroyable lors de Nantes-PSG)


21 juin 2007

quand on lui propose de participer au casting municipal pour 2008


Concert de Bashung à la Carrière, peu avant sa mort


Début 2020

Conversation avec un Nantais : « Super le festival parc de la Roche »

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