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Portefeuille artistique : Fabrice Hyber




À l’occasion de la grande exposition au MASC des Sables d’Olonne et de l’installation L’Homme de bois au Jardin des Plantes de Nantes, Kostar a voulu rencontrer Fabrice Hyber sur son “territoire” à Mareuil-sur-Lay et Château-Guibert en Vendée. C’est là qu’il développe son projet sans doute le plus important et le plus porteur : La grande Vallée.


Hyber-actif, Hyber-créatif


Le parcours de Fabrice Hyber est impressionnant. Artiste prolifique, peintre, dessinateur, sculpteur, philosophe, poète, génial, drôle, inventif, il développe, avec une énergie incroyable et sans cesse mouvante, une œuvre polymorphe, rhizomique, saisissante, portant un regard malicieux et coloré sur le monde. Il a exposé partout, dans les musées et les institutions les plus prestigieuses. Ses œuvres sont présentes dans les collections nationales et internationales. Il a été lauréat du Lion d’or à la Biennale de Venise en 1997 et a été élu Académicien des Beaux-Arts en 2018.  

Cet été, le Musée des Sables-d’Olonne lui consacre une grande exposition La Fabrique du climat. Il est également invité, dans le cadre du VAN, par le Jardin des Plantes de Nantes, où il installe L’Homme de bois, grande sculpture-jardin prenant place dans le carré des collections botaniques. Originaire de Vendée, Fabrice Hyber réinvestit depuis plusieurs années le territoire dans lequel il a passé son enfance, s’y installant et développant un projet à son image, hybride, généreux, ouvert, proliférant, pollinisant joyeusement le paysage.   



L’artiste et le territoire

Fabrice Hyber a gardé une relation forte avec le lieu où il a passé son enfance, à côté de Mareuil-sur-Lay, en Vendée. Ses parents étaient éleveurs de moutons, en fermage sur des terres à Château-Guibert. « Dès 1992, j’ai racheté la ferme, les terres et commencé, avec mon père, à semer une forêt constituée de plus de 2 000 arbres d’essences locales et européennes. » Il pense déjà au changement climatique, élargissant ses choix à des arbres supportant, certains la chaleur, d’autres le froid ou l’humidité. Le projet devient œuvre, s’ancre pousse, se développe, s’étend. La forêt monte, se densifie, devient paysage, réserve de biodiversité, porteur de nouvelles utopies.   

« Créer un lieu, c’est important. Les grands artistes sont souvent rattachés à un espace, Monet à Giverny, Rothko à Houston, Matisse à Vence et Nice, Donald Judd à Marfa… Mon territoire, c’est là. »   

En 2018, il achète la Jacquelinière à Mareuil, grande propriété qui lui permet de récupérer de grands espaces d’atelier. À Château-Guibert, il crée un espace pour accueillir des artistes en résidence. « Le maire est venu me voir pour discuter de la sauvegarde d’une église. On a monté un projet, entamé la restauration, je vais y faire une grande fresque qui montera du sol au plafond, comme une grande forêt. Ça deviendra un lieu dédié à l’art et au chant. » Il en conçoit les vitraux. « J’ai mis au point, avec un atelier à Bâle, un vitrail, sans métal, où la coloration se fait par une cuisson très précise de poudre de verre. J’essaie d’obtenir le maximum de transparence, c’est très aquarellé. On a appelé cela l’hyber-glass. »   



Graines

Hyber a la main verte, tout ce qu’il touche pousse, se transforme, se ramifie, trouve son économie. D’une graine plantée peut naître une forêt, un territoire, une œuvre.   « Une graine, c’est une étincelle. Cela se voit souvent dans mes dessins : il suffit de très peu pour que tout cela bascule. Au fond, je fais la même chose avec les œuvres. Je sème les arbres comme je sème les images. Elles sont là ; je sème des graines de pensée qui sont visibles, elles font leur chemin et elles poussent. Je n’en suis plus maître. »   



Plante canibale © Marc Domage / Fragil © Marc Domage / Confort étérnel © Marc Domage


L’homme de bois, au jardin des plantes

Colossal, il est implanté dans cet espace un peu reculé du Jardin des Plantes de Nantes où sont conservées les collections botaniques du massif armoricain. Du haut de ses 6 mètres 90, L’Homme de bois de Fabrice Hyber suinte de tous ses orifices. Impassible, massif, il est composé d’une multitude de tranches de bois de chêne (provenant des tailles de la ville de Nantes). « Il va vieillir lentement, se patiner, se déformer, se recouvrir de mousses et de végétaux, développer une vie humide et silencieuse. » Avec Hyber, la sculpture devient vivante, devient jardin, dépasse son statut immuable, support de forme et d’imaginaire, pour s’autonomiser et créer son propre monde.   




Des peintures aussi vives que la pensée

Tout de suite reconnaissables, les peintures de Fabrice Hyber se développent comme une pensée super agile, proliférante et mutante. Elles ont cette grâce du dessin, cette poésie de l’écriture griffonnée. Elles jouent avec les codes du carnet de croquis ou du dessin scientifique, possèdent cette fluidité mentale et colorée qui dégouline jusqu’à la transparence, cette légèreté parfois rêveuse, parfois moqueuse, cette liberté, cette capacité de rebonds ouvrant, effleurant des perspectives inexplorées.   



« La Fabrique du climat » au MASC – Les Sables d’Olonne

Aux Sables d’Olonne, Hyber investit les grandes salles muséales, le Cloître de l’Abbaye Sainte-Croix et l’Abbaye Saint-Jean d’Orbestier. Il propose un parcours rassemblant un ensemble important de peintures questionnant le climat, la météo, leurs fonctionnements et mutations. Dans le cloître (sous la grande voile plastique) et dans la Chapelle Saint-Jean, il compose deux dispositifs géniaux, mettant à l’épreuve les forces climatiques, jouant avec la chaleur, la fraîcheur, l’humidité, le vent, générant des écosystèmes réflexifs, physiques, drôles. « J’ai imaginé des projets qui confrontent physiquement le visiteur à un monde en évolution en lien avec le dérèglement climatique. Le même dérèglement qui amène la nécessité de s’adapter à défaut de pouvoir l’arrêter. Ce sera riche d’images et de projets hyber-optimistes. »   



Paragel © Marc Domage / Flotter © Marc Domage / Climats © Marc Domage

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