top of page
Rechercher

Famille Lieubeau, label famille


Texte / Vincent Braud* Photos / Sarah Scaniglia et Emeline Boileau Publié dans le magazine Kostar n°73 - décembre 2020-janvier 2021

Le Muscadet n’est plus ce qu’il était au siècle dernier. Hier encore “vin de copains” ou “vin de soif”, il a gagné aujourd’hui les meilleures tables, porté par une nouvelle génération de viticulteurs. Parmi eux, certains cultivent aussi l’esprit de famille. Chez les Lieubeau, par exemple, la tradition remonte à… 1816 ! Une histoire peu banale.


Le 10 mai 1816, un nouveau-né est abandonné sous le porche de l’Hôtel-Dieu à Nantes. L’officier d’état-civil se charge des formalités : il s’appellera Joseph Grégoire Lieubeau et on lui trouvera une famille d’accueil à La Haie-Fouassière. Un peu plus de deux siècles plus tard, ils sont cinq à faire vivre sa mémoire. Et à pérenniser une tradition familiale associant la culture de la vigne et la promotion du Muscadet.


Un tiercé gagnant

Le Muscadet, c’est leur passion commune. Et que les vins Lieubeau soient présents, par exemple, à la table de Guy Savoy à Paris, de Lulu Rouget à Nantes, de l’Auberge du Pont d’Acigné à Noyal-sur-Vilaine, de La Fabrique 1801 à Brest ou encore à la carte de la classe business d’American Airlines ne les laissent pas indifférents –“c’est la reconnaissance de notre travail”– mais ce dont ils sont le plus fiers, c’est d’avoir, avec d’autres viticulteurs, défendu et imposé les crus communaux d’hier parmi les grands vins d’aujourd’hui. Comme ce muscadet Château-Thébaud labellisé en 2019 mais aussi ce Clisson ou ce Goulaine qui ont chacun leur caractère et leurs spécificités.

Lorsqu’ils s’installent à Château-Thébaud en 1982, Pierre et Chantal Lieubeau sont loin d’imaginer que leur aventure va devenir celle de leurs enfants. Quelques années plus tôt, le tout jeune couple avait repris la petite propriété familiale de La Haie-Fouassière qui n’offrait guère de perspectives de développement : “Nous avons commencé avec 70 parcelles pour 9 hectares. Aujourd’hui, ce sont 70 hectares de vigne en 9 clos…”, s’amuse Chantal qui, sans nostalgie, passe sur les galères du début. Aujourd’hui, Pierre et Chantal ont été rejoints par leurs enfants, François, Vincent et Marie.

Après des études à l’ESSCA, à Angers et quelques années à Paris, François, l’aîné, choisit de venir épauler ses parents il y a dix ans. Bientôt rejoint par Vincent, ingénieur agronome et œnologue. Si le premier s’occupe aujourd’hui du commerce et du marketing, le second gère la production et la vinification. Le cahier des charges bio n’a pas de secrets pour lui. Le “tout bio” est au programme. Quand à Marie, la cadette, c’est à Audencia à Nantes qu’elle se familiarise avec la gestion de l’entreprise avant de se joindre à l’aventure en 2016. Pour leurs parents, c’est le tiercé gagnant de la relève.


Terroir et Territoire

Si le vin se déguste en cave, c’est un terroir et un territoire qu’ils aiment partager. Château-Thébaud a certes, depuis peu, un “porte-vue” qui, à deux pas de la mairie, domine les falaises granitiques de Caffino mais la famille Lieubeau possède son propre belvédère : près du château de l’Aulnaye, d’anciennes citernes ont fait place à un observatoire qui domine les côteaux environnants. Les clochers de Vertou, La Haie-Fouassière et Saint-Fiacre ponctuent le paysage. La Maine rejoint ici la Sèvre. Quoi de plus naturel que d’y créer Confluent, une cuvée spécifique.

“Les vins racontent un terroir et une histoire…” L’ingénieur agronome est intarissable sur la nature des sols et leurs caractéristiques.

Une parcelle qui porte allègrement ses 70 ans fait l’objet de soins particuliers. Le retour à la nature n’est pas une simple opportunité dans l’air du temps. Retour au “décavillonnage”, cette méthode ancestrale d’entretien du sol autour de chaque cep, et montée en puissance des vendanges à la main. “On redécouvre notre métier d’artisan…” Mais au savoir-faire s’ajoute aujourd’hui un faire savoir. Avec ce qu’il faut en terme de marketing et communication. Avec Jules Verne, le Muscadet est une invitation à un nouveau voyage extraordinaire et se fait collection. Les vendanges tardives permettent d’élaborer un étonnant moelleux, le Sensuel… Et, aux côtés du melon de Bourgogne, on peut découvrir au caveau la folle blanche, le cabernet, le pinot noir, le chardonnay…

L’enfant trouvé en 1816 est devenu le symbole d’une famille. D’un trait inspiré, Dimitri Avramoglou (*) en a fait un logo. Un autre petit Pierrot (**) qui regarde déjà demain.


(*) Dimitri Avramoglou, dessinateur, auteur de BD (Lone Sloane, Babel…)

(**) référence à Pierre Lieubeau junior et à cette cuvée, sans alcool, réservée aux jeunes consommateurs mais pas que…




bottom of page