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Les figures de Pierrick Sorin




Intitulée Faire bonne(s) figure(s), l’exposition de Pierrick Sorin au Musée d’arts de Nantes présente un ensemble important d’œuvres se déployant dans le Patio et à la Chapelle de l’Oratoire pour un parcours jubilatoire. Mais qui sont ces bonnes figures annoncées par le titre ? Derrière ses jeux, ses travestissements, ses apparitions, l’artiste est, à lui seul, bien des personnages.



Monsieur tout le monde


Pierrick Sorin, Les Réveils,1988. Photo : © Pierrick Sorin. © Adagp, Paris, 2024

Dans ses autofilmages comme dans beaucoup de ses dispositifs optiques, Pierrick Sorin apparaît comme un personnage banal qui traverse le quotidien avec une certaine maladresse. Avec lui, les objets domestiques, les situations innocentes, les actions insignifiantes prennent d’étonnantes tournures, devenant supports à des expérimentations artistiques plus ou moins absurdes, géniales. Mine de rien, il propulse la banalité dans une autre dimension.   


Le bouffon


Pierrick Sorin, Chorégraphie aux savonnettes, 2014, théâtre optique. Collection particulière, Paris. Photo : © Pierrick Sorin. © Adagp, Paris, 2024

« Le recours à la dérision est constant dans mon travail. » Si ses œuvres sont drôles, ironiques, touchantes, c’est grâce à son jeu, ses attitudes, ses gestuelles. Il n’hésite pas à revêtir les costumes les plus improbables, ni à se filmer dans les situations les plus absurdes. Souvent, les personnages qu’il incarne empruntent à la figure du bouffon, détournant la tragédie du monde vers une forme plus drôle, plus fragile. « Autant en rire et construire sa vie dans un rapport comique à l’existence. »   


Le magicien


Pierrick Sorin, Pierrick on the moon, 2018, théâtre optique. Courtesy de l’artiste. Photo : © Pierrick Sorin. © Adagp, Paris, 2024

La plupart des installations de Pierrick Sorin jouent sur l’illusion. Illusions d’optique, apparitions, disparitions… Il piège le spectateur par des procédés mêlant holographie, vidéo, mécaniques optiques plus ou moins complexes. Ce qui l’intéresse, c’est d’intégrer dans l’espace réel des perturbations visuelles, faisant naître des mondes hybrides, fascinants, rêveurs, magiques. Mais à l’inverse du magicien, il ne cache pas les mécaniques de trucage, les tours de passe-passe. Tout cela fait partie de l’œuvre et de sa poésie.   


Le metteur en scène



Derrière son apparence un peu maladroite, il y a le Pierrick Sorin concepteur, « metteur en scène », ordonnateur précis, scénographe aussi méticuleux que farfelu. Que ce soit pour le calage de ses dispositifs holographiques, pour les mises en scène d’opéra qu’il a créées pour le Théâtre du Châtelet ou La Scala, à Milan, et même dans ses installations qui prennent à partie le visiteur, Pierrick Sorin assure, pense le jeu, l’espace, et la place du spectateur.   



L’artiste et le philosophe


Une des figures qui revient régulièrement et avec laquelle Pierrick Sorin aime à jouer, c’est celle de l’artiste et plus souvent du peintre. Faire d’un geste quotidien un acte artistique, transformer une action domestique en un geste pictural, s’intéresser à l’accident pour lui donner une dimension plastique, tout cela participe à son processus créatif. Derrière ses facéties lunaires, ses attitudes drolatiques, transparaît une pensée plus dense qui interroge autant l’art que notre humanité, comme si la dimension ludique de ses différents personnages cachait (ou révélait) quelque chose de plus grave, de plus philosophique, voire métaphysique.  


Faire bonne(s) figure(s) - Pierrick Sorin - Exposition personnelle, Musée d’arts de Nantes, 19 avril au 1er septembre.

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