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Portefeuille artistique : Joies, par France Parsus

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  • 26 mars
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 1 avr.



Œuvres / France Parsus * Texte / Christophe Cesbron Publié dans le magazine Kostar n°95 - avril-juin 2025


Dans sa série Joies, France Parsus répond par des nuées de couleurs vives, mouvantes et joueuses à la violence des répressions qui traversent, entravent nos espaces sociaux et politiques.


France Parsus a fait les Beaux-Arts de Quimper et est partie vivre à Berlin pendant onze ans. « En Allemagne, la question de la peinture ne se posait pas de la même manière qu’en France. Il n’y a jamais eu de rupture, il n’y avait pas besoin de se justifier. » Ses recherches picturales se confrontent à l’idée de paysage, d’espace, de brume. Quand elle revient en France, en 2017, elle s’installe à Nantes. Il y a les manifs, la ZAD, les confrontations violentes avec les forces policières, les hélicoptères qui survolent la ville, les gaz lacrymogènes, les poubelles qui brûlent, les vitrines qui explosent. « L’utilisation systématique des gaz lacrymogènes par la police française m’a profondément choquée. À la ZAD, les champs se recouvraient d’une brume blanche et toxique, c’était horrible et beau à la fois. » Elle commence une série de toiles et de dessins intitulés Larmes peignant ces brumes blanches, irritantes et toxiques s’étendant et se floutant sur la surface de la toile. Presque abstraites, elles ne dévoilent pas immédiatement leur sujet, semblent flirter avec une approche romantique et brumeuse. Elles se révèlent quand on y regarde de plus près, quand on y discerne quelques indices plus guerriers. 


« Je ne voulais pas ajouter de la violence à la violence mais proposer une approche plus ambigüe, contradictoire. »

« Je ne voulais pas ajouter de la violence à la violence mais proposer une approche plus ambigüe, contradictoire. » De l’autre côté, celui des manifestants, ou des supporters dans les stades, il y a les fumigènes multicolores qui propulsent de grands nuages s’éparpillant dans des dégradés incandescents. De la lumière, de la couleur dans un espace bruyant, une explosion visuelle, joyeuse, éblouissante, suffocante. Elle en capte la force, la vitalité, la puissance poétique, l’atmosphère dans une série de toiles et de gouaches intitulées Joies. Par superpositions, effacements, glissements, dégradations, fluidifications, mélanges de matière, jeux de couleurs et de lumières, sa peinture s’incarne, fait vibrer la surface de la toile. C’est beau comme un paysage de Turner ou un ciel d’Emil Nolde, avec cette dimension plus politique qui la porte. France Parsus conçoit l’art comme une lutte, une résistance, une explosion de vie, de joie, de couleur, un espace où se cacher et se révéler. Elle est lauréate, cette année, du Prix des arts visuels de la ville de Nantes.  


France Parsus participe à l’exposition Les lieux des autres, Le Grand Huit – Bonus, Nantes, jusqu’au 10 mai.

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