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Miguel Chevalier, portrait de l’artiste en explorateur numérique

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  • 15 sept.
  • 3 min de lecture

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Texte / Matthieu Chauveau * Photo / © Paskal Lesseaux  Publié dans le magazine Kostar n°97 - octobre-novembre 2025


Pionner de l’art numérique, Miguel Chevalier connaît une extraordinaire reconnaissance. Le Grand Palais Immersif vient de présenter son travail. Il participe au Festival de Chaumont-sur-Loire. Angers lui consacre la grande exposition Digital Floralia. Rencontre.


« J’ai fait l’école des beaux-arts de Paris à la fin des années 1970. À cette époque, l’école était peu en phase avec la scène contemporaine. Alors, je suis entré à l’École Supérieure des Arts Décoratifs où j’ai eu la chance d’avoir comme enseignant et mentor Roger Talon. Là, on menait des recherches et des projets qui nous demandaient d’avoir une vision prospective. » Les Arts Déco étaient donc plus ouverts sur les nouvelles pratiques de l’image. On pouvait y pratiquer la photo, la vidéo, et mener des projets dans des dimensions collaboratives. À la fin des années 1970, il était difficile pour un jeune artiste d’envisager de nouvelles formes, de nouvelles attitudes. « Les artistes des générations précédentes étaient allés aux limites de la peinture. Que faire après un monochrome d’Yves Klein, une toile percée de Fontana, une sculpture minimaliste ? J’ai eu l’intuition qu’il fallait aller regarder du côté de l’outil informatique. »  

Au Centre d’Optique d’Orsay, puis au Creative Art Institut de New York, Miguel Chevalier se confronte aux potentialités de l’outil informatique et apprend à programmer. « C’était le début. Il fallait d’énormes machines. Là, tout s’ouvrait. Je pouvais expérimenter tous ces nouveaux outils et créer un langage spécifique. » À partir de la fin des années 1980, le développement de la micro-informatique allait permettre d'acquérir son propre matériel et de travailler avec des machines accessibles, puissantes, et performantes. « Par contre, je me retrouvais à contre-courant des mouvements artistiques dominants des années 1980. » On assistait alors à un retour à la peinture avec la Figuration Libre en France, la Trans-avant-garde en Italie et le Néo-Expressionnisme en Allemagne. Très peu d'artistes exploraient l'art digital. « J’ai connu en France une réelle traversée du désert. » D’autres pays ont été plus attentifs au travail de Miguel Chevalier : le Brésil, le Mexique, la Chine et surtout la Corée. « Mon travail a commencé à avoir une reconnaissance internationale, indépendamment de la France ». Ses œuvres se sont développées dans l’espace public, sa maîtrise du mapping lui permettant de jouer avec l’espace, l’architecture, le spectateur. 


“Dans les années 2000, j'ai pu développer des œuvres immersives donnant la possibilité aux spectateurs d'intéragir avec elles”

L’utilisation de capteurs intégrés aux systèmes informatiques permettait de faire mouvoir des formes et des motifs en fonction du déplacement des visiteurs. Pour chacune de ses pièces interactives ou génératives, il travaille avec des développeurs. « Avec des informaticiens, je crée mes propres logiciels, que je peux reconfigurer en fonction de l’espace où la pièce est présentée. » L’IA s’avère être un outil particulièrement efficace quand on sait s’en servir. Elle lui permet de créer de nouvelles bases de données qu’il réinjecte dans ses logiciels.  

« Grâce à l’outil numérique et à l’IA, j’ai pu développer un nouvel herbier algorithmique créant un jardin qui s'autogénère. Il s’auto-génère, invente ses mécanismes de croissance et de mutation. L’œuvre se transforme au fur et à mesure, intégrant des facteurs de temps, de hasard, d’altération. »  

Les œuvres de Miguel Chevalier ont un formidable pouvoir d’attraction. Au-delà de cette dimension joueuse, immersive, il y a quelque chose de plus profond, de plus philosophique. Elles alertent et interrogent notre rapport paradoxal à la nature. Elles nous rappellent la grande vulnérabilité du monde et notre insouciante responsabilité.

  

Digital Floralia, Musée des Beaux-Arts d’Angers, jusqu’au 18 janvier 2026

Saison d’art, Domaine de Chaumont-sur-Loire, jusqu’au 9 novembre.


Flower Power IA © Thomas Granovsky
Flower Power IA © Thomas Granovsky

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