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Une ville ailleurs : Rome par Barbara Carlotti

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  • 30 mars
  • 5 min de lecture

Barbara Carlotti à Rome © Gabrielle Riouah
Barbara Carlotti à Rome © Gabrielle Riouah


Alors que sort son 6e album, le brillant Chéris ton futur !, Barbara Carlotti nous emmène dans la ville où elle l’a composé. Une Rome où tout semble inspirer la chanteuse, des ruines antiques aux spécialités culinaires, en passant par quelques fantômes cinématographiques.


J’ai découvert la ville éternelle il y a plus de 15 ans. J’y étais invitée pour donner un concert pour mon deuxième album, L’idéal. Le lendemain, nous avons traversé un pont sur le Tibre pour nous retrouver dans le quartier du Trastevere. Un soleil d’or baignait la ville et scintillait sur le fleuve. Les réjouissances du soir sur une terrasse, la douceur du climat m’ont envoûtée. C’était donc ça la Dolce Vita ! Je ne me doutais pas que mon futur me réservait une résidence à la Villa Médicis. En avais-je formulé le vœu sans le savoir à cette époque ?

En 2021, alors que je chantais avec Bertrand Belin aux Rencontres d’Arles, après le concert, je rencontrais Sam Stourdzé tout fraîchement nommé à la direction de la Villa. Je lui confiais mon besoin de partir de Paris pour composer et écrire mon nouvel album. Il m’a suggéré d’y venir séjourner. J’ai soumis un dossier dès le lendemain et quelques mois plus tard, je prenais l’avion, mon home studio et une vingtaine de bouts de textes inachevés dans mes valises. J’y ai passé une vingtaine de jours pour composer mon nouvel album. Et depuis j’y retourne une fois par an.

Ce que j’aime à Rome, c’est cette sensation de basculer dans un autre espace-temps dès l’arrivée. À peine sortie de l’aéroport, je suis éblouie par la lumière et enivrée par l’odeur : l’air y est sucré, ça sent la pâtisserie. Dans le taxi filant à toute vitesse pour rejoindre la Villa Médicis, la ville se dévoile : ruines antiques, cyprès élancés, églises aux façades usées, puis soudain, la machine à écrire, le gâteau de la mariée, ce monument blanc en l’honneur de Victor-Emmanuel II, qui rappelle aussi les heures sombres de l’Italie.

La Villa Médicis domine Rome. Ce que j’aime là-bas, c’est la vue imprenable depuis ses jardins suspendus. La ville se déroule sous mes yeux comme une fresque infinie. Le soir, les toits rougissent sous le soleil couchant. Au loin, on distingue le Vatican, Saint-Pierre brillant en majesté dans la nuit romaine.


Face à l’immensité de Rome, j’ai senti mon cœur vaciller. Une beauté si intense qu’elle m’a fait pleurer de joie.

Tous les jardins et parcs à Rome sont immenses, structurés par des allées rectilignes bordées de cyprès et de pins parasols et de fontaines qui chantent. Partout, des statues antiques aux visages effacés par le temps, figées dans une éternité silencieuse. Et dans les branches des arbres, les perruches vertes se disputent bruyamment.

J’aime Rome pour ses errances. Marcher sans but précis, suivre une ruelle juste parce qu’elle m’appelle. Pousser la porte d’une église au hasard et tomber sur un tableau du Caravage, éclat de lumière dramatique suspendu dans l’ombre. Sentir le poids du temps, du sacré, l’atmosphère des églises avec ses odeurs d’encens, ressortir et m’agglutiner aux touristes près de la fontaine de Trevi, jouer le jeu, lancer une pièce à l’eau, espérer un retour.

Un premier janvier, je suis montée en haut de la tour de la Villa. Face à l’immensité de Rome, j’ai senti mon cœur vaciller. Un vrai choc. Le syndrome de Stendhal. Une beauté si intense qu’elle m’a fait pleurer de joie. Ce vertige s’est mêlé à une confusion des sentiments, un bouleversement que j’ai transformé en chanson, Le syndrome de Stendhal.

En plus de la beauté des monuments et des œuvres qu’on découvre partout, Rome est pour moi le paradis des sens et notamment avec la nourriture : les pasta alla carbonara, le guanciale croustillant, le pecorino qui fond doucement. Les Tramezzini, ces petits sandwichs au pain blanc délicieux, les jus d’orange pressés et le café, unique, dense, jamais amer qui vous donne un coup de fouet. J’adore passer du temps à écrire sur les terrasses des cafés au soleil, observer la population, des bandes de femmes super-chic, aux visages refaits qui font leurs courses dans les boutiques de luxe, les familles, les hommes d’affaires en costard très sérieux presque inquiétants. Je peux passer des heures à imaginer leur vie ou à les écouter parler italien en essayant de saisir quelques mots, j’adore la musicalité de cette langue, ses inflexions, ses accents.


Rome est infiniment cinématographique. J’y ai d’ailleurs tourné deux clips, on a envie de tout filmer et photographier.

Rome est infiniment cinématographique. J’y ai d’ailleurs tourné deux clips, on a envie de tout filmer et photographier. C’est un décor, un Cinecittà grandeur nature. J’y suis allée aussi visiter le studio où Fellini avait reconstitué une rue de Trastevere pour La Dolce Vita. Rome est hantée par les fantômes des grands maîtres du cinéma (Rossellini, Fellini, Pasolini, Moretti, Sorentino…). On peut aussi y rejouer les vacances romaines avec Audrey Hepburn et Gregory Peck en mangeant une glace sur les marches de la place d’Espagne.

Un jour, j’ai pris le train pour Ostie. En vingt minutes, on quitte Rome et on se retrouve face à la mer. Ce jour-là, j’avais prévu de me baigner, mais le ciel était bas, menaçant. Un gris épais pesait sur la plage déserte, triste comme la mort de Pasolini. Il y avait quelque chose de spectral dans ce paysage, je me suis réfugiée dans un petit restaurant en bord de mer. J’ai commandé des pasta alle vongole avec de la poutargue, ce goût iodé, un concentré de Méditerranée. Les mots de Pasolini résonnaient étrangement avec cette lumière froide, ces vagues qui venaient mourir sur le sable. « Il fallait qu’on fût en enfer, pour pouvoir voir si bien le ciel. » 

Cette ville ne finit jamais de surprendre, cette mosaïque de quartiers aux identités contrastées. Du Trastevere, bohème et vibrant, au chaos joyeux de Testaccio aux splendeurs du Janicule. J’aime la palette de couleurs qui habille Rome, ces façades ocres, ces volets verts délavés par le temps. Il y a des musées formidables et, par-dessus tout, le ciel de Rome au crépuscule avec ses roses orangés. Un enchantement.

Et puis Rome, c’est le cœur de l’Italie et de l’histoire européenne. L’impression d’être au centre, entouré de beauté et que tout peut recommencer. 


Barbara Carlotti Nouvel album disponible Chéris Ton Futur ! (La Maison des Rêves/Kuroneko)




Photos :

La place d'Espagne © Pawel Pajor / Adobe Stock

Vue de Rome depuis la Villa Médicis © E55evu / Adobe Stock

Le Quartier Trastevere © Bruno / Adobe stock

La Villa Medicis © Schame87 / Adobe Stock 

Les toits de Rome © Jasckal/ Adobe Stock

Le quartier Trastevere © Nicola Forenza/ Adobe stock

1 Kommentar


Linn Chin
Linn Chin
15. Apr.

L'article sur le charme de Rome m'a vraiment inspiré. La ville semble avoir une magie qui touche profondément. Pour ceux qui recherchent une expérience de jeu intéressante, je vous conseille de jeter un œil à jeu du poulet. Ayant moi-même utilisé cette plateforme, je peux affirmer qu'elle offre non seulement des jeux captivants mais aussi des promotions spéciales pour les joueurs en France. C’est une option à ne pas manquer pour ceux qui cherchent à maximiser leur expérience de jeu.

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