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Rodolphe Bruneau-Boulmier : “La Folle journée est un modèle dans la manière de penser le concert.”


Interview / Patrick Thibault * Photo / DR Publié dans le magazine Kostar n°64 - février-mars 2019

Producteur de l’émission En pistes ! en duo avec Émilie Munera sur France Musique, Rodolphe Bruneau-Boulmier est aussi compositeur, directeur du festival Muse & Piano au Louvre Lens. Fidèle à La Folle Journée depuis 2006, il sera cette année récitant dans un concert intitulé Rêve d’Orient. Rencontre.


Qu’est-ce qui se cache derrière ce programme intitulé “Concert-lecture Rêve d’Orient” ?

C’est une sorte de carte postale de la musique fin XIXe-début XXe, au moment où les artistes, peintres et compositeurs, se sont passionnés pour l’Orient. Ça va de pair avec une pensée politique. C’est ce moment où les compositeurs et peintres comme Fromentin vont dans le Sahara pour raconter ce rêve de lumière et d’Orient. On a aussi ça en Europe avec l’Andalousie, à la fois musulmane, chrétienne et juive.


Vous êtes récitant et Marie-Catherine Girod est au piano…

On l’a fait souvent. Je n’aime pas trop le terme de concert-lecture. Il y a des textes que j’ai écrits, des citations littéraires mais ça n’est pas une conférence. Plus un concert avec un côté objet non identifié. La musique étant un art abstrait, ça rassure d’avoir une sorte de médiateur, de passeur. Il y a quelque chose de l’ordre de l’intime.


J’aime avoir les mains dans le cambouis et contrôler tous les facteurs jusqu’au concert.

Le terme de passeur, est-ce que ça résume l’ensemble de vos activités ?

Oui je crois. Je suis passeur entre les différentes musiques, je la vis de l’intérieur en temps que compositeur. Je suis passeur auprès du grand public, auprès des interprètes à travers le festival que j’organise. Ensuite, je la vois de l’extérieur lorsque je fais la promotion des musiques de notre temps. J’aime avoir les mains dans le cambouis et contrôler tous les facteurs jusqu’au concert.


Quel regard portez-vous sur La Folle Journée ?

C’est le plus grand événement musical que je connaisse, le plus chaleureux, le plus joyeux, le plus ambitieux, le plus audacieux. C’est un modèle. La Folle journée est un modèle dans la manière de penser le concert, en lien avec notre époque qui veut des concerts plus courts. La proximité artistes-public est exceptionnelle. René Martin présente des œuvres qu’on n’entend pas ailleurs. Il y a eu là une petite révolution.


Comment définissez-vous votre émission En pistes ?

C’est une émission d’actualité du disque. La présenter en duo est assez rare et nous permet d’être plus naturels. Le ton est assez nouveau. C’est une émission faite par des passionnés pour des curieux et passionnés. On dit que le disque est mort et on n’en a jamais autant reçus. Nous montrons que le paysage musical est extrêmement divers et varié.


Comment fait-on pour présenter une émission à deux ?

On se connaît très bien avec Émilie et on essaie de garder la fraîcheur. Nous travaillons chacun de notre côté et découvrons en même temps que l’auditeur ce que l’autre va dire. Nous prenons énormément de plaisir.


Comment avez-vous découvert la musique ?

Je ne suis pas d’une famille musicienne mais il y avait un piano à la maison. J’y suis allé naturellement en commençant par le jazz. Le piano était mon moyen d’expression le plus adapté. Adolescent, mes parents m’ont poussé et j’ai eu la chance d’avoir d’excellents professeurs.


Quelles sont les qualités d’un bon producteur pour France Musique ?

Transmettre sa passion, faire qu’elle soit au centre de tout, que rien ne puisse empêcher sa transmission. À l’heure où on a accès au net, le rôle n’est plus d’expliquer la musique mais d’attiser la curiosité. Nous sommes plutôt des porte-voix. C’est comme une immense playlist dans laquelle chacun doit se retrouver. Il nous faut donner envie, faire entrer la musique.


Compositeur, comment définissez-vous votre musique ?

C’est une musique du paysage. Le paysage est vraiment important car il manque souvent la dimension musicale quand on parle du paysage. Ça peut être un paysage intérieur, extérieur, parfois urbain… Le paysage permet de perdre ses repères.

Il n'y a jamais eu autant de super musiciens.

Vous êtes originaire de Laval et vous êtes monté à Paris pour vos études sans jamais repartir, qu’est-ce que ça dit de notre monde musical ?

Beaucoup de choses se passent sur Paris. Il y a 20 ans, il n’y avait que deux CNSM : Paris et Lyon. Aujourd’hui, le milieu musical est plus varié.


Quel regard portez-vous sur la musique aujourd’hui ?

C’est un milieu très subventionné, très aidé mais on est un peu inquiet du public : il va falloir le reconquérir. Il n’y a jamais eu autant de super musiciens, peut-être va-t-il falloir changer les habitudes de concert. J’ai bon espoir, je reste serein.


Si je vous demande de citer trois compositeurs et trois interprètes, quels noms me donnerez-vous ?

En ce moment Chopin, Albeniz et Bach. Et côté interprètes, trois qui sont à La Folle Journée : Anne Queffelec qui est un peu ma marraine dans la musique. Claire-Marie Le Guay qui a été une de mes interprètes. Et un jeune car je m’intéresse beaucoup à la jeune génération : Tanguy Williencourt.


En pistes, du lundi au vendredi, 9h-11h sur France Musique.

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