top of page
Rechercher

C2C : “Des champions du monde dans mon salon”



Texte / Marie Groneau * Photos / C2C & Marie Groneau Publié dans le magazine Kostar n°30 - avril-mai 2012


Depuis décembre dernier et la mise en ligne du clip FUYA, C2C, réunion de quatre dj’s surdoués, cartonne. Les dates affichent complet en moins de temps qu’il vous aura fallu pour lire cette phrase. Alors que leur premier album est annoncé pour septembre, Marie Groneau, collaboratrice de Kostar, revient à la première personne sur son année passée avec C2C.



Septembre 2010

Ça devait durer un mois.


Février 2012

Ça fait maintenant plus d’un an que flight cases de platines et vinyles de tout poil décorent mon intérieur. Mes quatre colocs sont toujours là. En fait, ce qui devait durer trente jours était la création d’un disque de A à Z. Enfin, de C2C !

Étant la compagne de l’un des membres et le studio étant chez nous, j’ai indirectement observé la création d’un album, d’un projet, voire d’une famille.

Après la sortie d’un EP très excitant et des premiers lives complets trois mois à l’avance, la microsociété C2C finalise son LP pour septembre prochain après un été qui promet d’être surchargé. Retour sur le futur et la mise en œuvre de cet album.


Janvier 2011

Greem et Pfel sont les préposés aux fourneaux. Pour Atom et 20Syl, c’est la plonge. Chacun est venu avec ses maquettes et l’ordre démocratique étant de mise dans ce familistère en devenir, les votes sont de rigueur. Mon lecteur MP3 est rempli pour que je donne mon avis aussi.


Avril 2011

Des morceaux se font et se défont sous mes yeux. On me confie la caméra pour capturer les diverses improvisations qui serviront de base pour la suite. Je ne comprends pas tout de ce qu’ils font, mais il faut que j’arrête de bouger la tête ou les images seront inutilisables.

20syl gère le logiciel de son Logic et la braise du barbecue. Les autres garçons “cuttent” les sons et émincent les oignons. De nouvelles têtes débarquent dont un groupe que j’adore et qui est là, chez moi. Je filme toujours. Il fait beau, il fait chaud et les parties de mölkky s’organisent entre deux séances d’enregistrement. Ils font des blagues de musiciens que je ne comprends pas ; tandis que certains titres trouvent déjà leur forme quasi définitive.


Juin 2011

Je suis la seule fille, c’est dur ! Les bonnes résolutions liées à la propreté générale se dissolvent peu à peu. Les cendriers débordent. Le lave-vaisselle aussi. J’instaure le port de la pantoufle obligatoire. Les soirées sont interminables. Chacun défend son avis. Je vais me coucher seule et les laisse à leurs débats.

Je ne saisis pas comment on peut écouter 150 fois la même piste de batterie. Alors que je ne vois pas la différence, ils finissent par se mettre d’accord.

La moitié du salon a été déménagée pour monter une salle de jeux où s’enchaînent des parties de “pepon” qui consistent à dégommer des innocents avec un fusil à pompe. On me convie à l’écoute du premier titre fini. Frissons ! Les poils se dressent. J’ai l’impression qu’il m’appartient un peu. Il s’appelle FUYA.


Août 2011

S’il y a une bande-son au paradis, il est sûr que la kora en fait partie. De l’autre côté de la maison proviennent des nappes de sons cristallins. Entre deux dates de Tiken Jah Fakoly, Kandia est venu enregistrer quelques pistes. Puis c’est au tour de Derek Martin, genre de James Brown venu de Detroit, déjanté et étrangement oublié. Il se met au piano et nous fait du Ray Charles. Même la caméra n’en croit pas son objectif. The golden voice sera la voix de The Beat. Les jours se suivent et se ressemblent. Le travail se poursuit. Il est entrecoupé de matinées difficiles pour certains dont les abus de la veille les mènent de façon irrépressible vers le canapé. La quasi totalité de la maison finit par être exploitée, chacun dans son coin. Quant à moi, je tire un trait définitif sur mon intimité.

Octobre 2011

On déménage une nouvelle fois le salon pour monter un studio photo. Adeptes du do it yourself, les photos de presse se feront aussi chez nous, par nous. Je m’improvise maquilleuse. Thibault, le co-manager de la bande, a rapporté sa garde-robe pour organiser des essayages et tente de diffuser son message : « À plus de 30 ans, le baggy, c’est fini ». Je rigole bien de les voir repasser leurs chemises et coordonner les couleurs. Les chats de la maison sont devenus les mascottes et se prêtent au jeu, posant fièrement face à l’objectif. D’autres artistes viennent enregistrer. Ce sera un curry de poisson pour ce Mc new-yorkais. J’avais déjà fait du lieu en papillote pour Oxmo Puccino. On l’avait accueilli pour l’album d’Hocus Pocus. Il faut varier les plaisirs.

Janvier 2012

Après les festivités de Noël, tout le monde est de retour. Atom a mixé plusieurs morceaux dont ceux qui composeront l’EP à sortir au cours du mois. Mais c’est surtout la première date qui angoisse un peu tout le monde. Ils monteront sur la scène de La Gaîté Lyrique le 24 janvier. Du coup, je retrouve les commandes de la caméra et filme les filages successifs du spectacle. Ça m’amuse particulièrement de les voir répéter la partie rappée de The Beat. De la performance technique à la scénographie, tout est storyboardé et le jour J, rien ne tombe à côté. Je suis contente pour eux. Ça y est, c’est parti. Ils transforment l’essai à Nantes pour Hip Opsession ; Stereolux affiche complet depuis belle lurette. Il y a plein d’amis, de connaissances, de musiciens dans la salle et on sait que certains les attendent au tournant. J’en croise quelques-uns après le spectacle. Du puriste du hip hop à l’adepte du jazz, ils sont conquis. Mon pote, fan de Beyoncé, est lui aussi convaincu. Les parents des uns et des autres sont assommés mais émus.

Février 2012

Depuis plus d’un an où je mange C2C, je parle C2C, je dors C2C, excédée ou esclaffée ; je guette avec joie et tristesse le calendrier se remplir. Au terme de ces nombreux mois de rythmes, de cris, de crises, de rires, va se succéder une tournée dense pour eux tandis que je serai confrontée à une maison désespérément vide. Finalement, ils vont me manquer.


Down The Road (On and On Records), actuellement disponible en digital.




bottom of page