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Carte blanche : Hundreds Of Sparrows par Corentin Canesson


Texte / Ilan Michel * Photo portrait / Aurélie Cenno Publié dans le magazine Kostar n°76 - été 2021

Parmi les six artistes sélectionnés, Corentin Canesson est le lauréat du premier Prix Frac Bretagne-Art Norac. L’occasion était trop belle de confier le portfolio à cet artiste breton qui travaille entre Paris et la pointe du Finistère.


Les échassiers de Corentin Canesson (1988) ont quelque chose de touchant. Pataud ou dégingandé, le volatile a tout de l’albatros maladroit, métaphore du poète chez Baudelaire. Les premiers oiseaux arrivent un peu par hasard dans la vie de l’artiste brestois. En 2014, lors d’une résidence dans un manoir des Côtes-d’Armor, il continue les dessins de Damien Le Dévédec, rencontré à l’École des beaux-arts de Rennes. C’est le début d’une coopération à 4 mains qui se joue aussi du côté du rock expérimental, les compères se réunissant encore aujourd’hui au sein du groupe TNHCH. Le vibrato n’est jamais très loin dans ces compositions qui juxtaposent les styles avec jubilation. L’occasion de revisiter l’histoire de l’art en croisant l’illustration et le décoratif. Sur des formats carrés qui s’inscrivent dans l’esthétique de la pochette de vinyle, les lignes simplifiées et les motifs répétitifs fortement cernés contrastent avec les arrière-plans sans perspective rapidement brossés. Les interstices font alors apparaître les paroles de chansons rock désenchantées des années 1970 en passant par les Illuminations d’Arthur Rimbaud.


Corentin Canesson emprunte la rigueur de son mode opératoire aux planches gravées de l’ornithologue et peintre Jean-Jacques Audubon

Si Corentin Canesson emprunte la rigueur de son mode opératoire aux planches gravées de l’ornithologue et peintre Jean-Jacques Audubon, son intérêt vient surtout de la façon dont le naturaliste américain agence les créatures à l’intérieur de la page. Celles du Breton semblent entravées par le cadre de la peinture, repliées sur elles-mêmes ou plongeant à pic à la façon du Fou de Bassan. Les séries imaginées par l’artiste trouvent à chaque apparition de nouvelles possibilités de recomposition. Sa dernière exposition, Mauve Zone, à l’occasion du Prix du Frac Bretagne-Art Norac 2021, est emblématique de ses accrochages en patchwork qui favorisent le mélange des genres, des Anthropométries d’Yves Klein à la peinture expressionniste de Joan Mitchell. Lauréat de cette prestigieuse distinction qui le conduit en janvier prochain au Visual arts center d’Austin, au Texas, le peintre ne compte pas s’en tenir à une simple exposition personnelle. Alors qu’il rejoint cet été le Finistère Nord pour remplacer les oiseaux par les coyotes, le group show mêlera autant des figures historiques de l’art abstrait (Shirley Jaffe, Renée Lévy) que les œuvres des six autres finalistes.


Mauve Zone, FRAC Bretagne, jusqu’au 19 septembre.


"Sans titre", 2017, acrylique et fusain sur toile, 100 x 100 cm, crédit photo : Michael Schäfer, courtesy Corentin Canesson et Galerie Sator

"Prague", 2014, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, crédit photo : Paul Nicoué, courtesy Corentin Canesson et Galerie Sator

"I See A Darkness", 2017, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, crédit photo : Michael Schäfer, courtesy Corentin Canesson et Galerie Sator

" At Last I Am Free I Can't Hardly See In Front Of Me", 2017, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, crédit photo : Michael Schäfer, courtesy Corentin Canesson et Galerie Sator (Collection Frac Bretagne)

" At Last I Am Free I Can't Hardly See In Front Of Me", 2017, acrylique sur toile, 100 x 100 cm, crédit photo : Michael Schäfer, courtesy Corentin Canesson et Galerie Sator (Collection Frac Bretagne)

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