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Carte blanche : La clé Duchamp, par Daniel Dewar & Grégory Gicquel


Daniel Dewar et Grégory Gicquel, Gisant, 2012

Texte / Patrick Thibault * Portrait / Jennifer Westjohn / Courtesy galerie Loevenbruck, Paris


Ces gars-là viennent de décrocher le Graal à la Fiac. Lors de la Foire internationale d’art contemporain de Paris, ils ont coiffé au poteau les trois autres nominés et gagné le prix Marcel Duchamp. Créé en 2000 par l’ADIAF, le plus grand rassemblement de collectionneurs d’art contemporain en France, ce prix a pour ambition de distinguer des artistes résidant en France parmi les plus novateurs de la place.


Daniel Dewar est originaire de Forest Dean (GB) et Grégory Gicquel nous vient de Saint-Brieuc. C’est à l’École des beaux-arts de Rennes, où ils ont fait leurs études, qu’ils se sont connus et qu’ils ont commencé à travailler ensemble, toutes disciplines artistiques confondues. n Qu’ils s’attèlent à la peinture ou à la sculpture, l’important semble toujours être la matière. On ne s’étonne pas qu’ils viennent d’intituler le premier ouvrage sur leur travail, Crêpe Suzette, tant il est vrai que leur œuvre est ancrée dans les terroirs au sens noble et populaire du terme. Ils ont sculpté des tronçonneuses en bois, monté des voitures en assemblant des blocs de pierre, tissé des tapisseries péruviennes. Et ces gars-là ont maintenant les mains dans la terre.


“On est impressionné par le contraste entre ce travail colossal, en rupture avec de nombreuses facilités de l’art contemporain et la finalité de ce travail, un gif, format aussi désuet qu’anecdotique.”

Une de leurs disciplines favorites consiste à construire des sculptures à l’échelle 1 reproduisant en argile des êtres humains ou des animaux (vaches, cochons, hippopotames…). Si leur œuvre renvoie à la statuaire antique, elle peut néanmoins avoir le goût de l’éphémère. Aussitôt construite en pleine nature, l’œuvre est détruite pour laisser la place à une autre. Tout ça dans le but d’arriver à un gif animé. On est impressionné par le contraste entre ce travail colossal, en rupture avec de nombreuses facilités de l’art contemporain et la finalité de ce travail, un gif, format aussi désuet qu’anecdotique.

Qu’ils taillent dans le dur et ils n’en perdent pas le goût de la simplicité, de l’humour ou de l’ironie, tout comme le mordant de la critique de l’art. Gisant, l’œuvre monumentale en dolérite qui leur a valu le prix Marcel Duchamp, dans cette foire qui contrastait avec la morosité ambiante, est une stèle destinée à une tombe pour le cimetière Montparnasse. Ils ont représenté le collectionneur en plongeur avec ses palmes. Avec un tel détachement et une telle dérision, ce duo pourrait nager loin.


Dewar & Gicquel / Le Menuet, 2012 / Gif animé ; boucle de 3 secondes / Edition à 3 exemplaires / Courtesy galerie Loevenbruck, Paris





Dewar & Gicquel / Motorcyclist, 2012 / Gif animé ; boucle de 1 seconde

Edition à 3 exemplaires / Courtesy galerie Loevenbruck, Paris

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