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Drugeot Labo, la théorie du Kao



Texte / Matthieu Chauveau * Photo / DR Publié dans le magazine Kostar n°60 - avril-mai 2018



En à peine 10 ans, Drugeot Labo a imposé son mobilier décalé, à la fois épuré (le style) et massif (le bois), auprès d’une clientèle friande d’innovation et d'authenticité. Une success story localisée à Segré, dans le Maine-et-Loire.


Londres, 2009. Une étagère fraîchement conçue, d’un style particulier, ne passe pas inaperçue au salon 100% Design, rendez-vous incontournable de l’ameublement. Elle s’appelle Kao et porte bien son nom, semblant sur le point de s’écrouler, comme un château de cartes. Elle est pourtant tout à fait stable, fonctionnelle et sacrément élégante : des clients, européens comme japonais, passent bientôt commande. Même engouement quelques mois plus tard au salon Maison & Objet, à Paris. Ce meuble 100% design tranche radicalement avec ce que Les ateliers du Drugeot créent depuis 1976 à Segré. Il est pourtant bien né ici, d’un même savoir-faire.

« Quand, avec mon frère Matthieu, nous avons repris l’entreprise de notre père en 2000, nous concevions essentiellement des meubles classiques, de style Louis-Philippe », se souvient Pierre Rochepeau. « Au bout d’un moment, on en a eu marre de faire toujours la même chose. Notre clientèle était un peu vieillissante et rétive à toute innovation. L’idée même de changer la forme d’un pied posait problème ! ». Se fiant à son instinct, le jeune entrepreneur imagine alors Kao, première référence d’une marque (Drugeot Labo) qui en compte aujourd’hui une cinquantaine, plébiscitées par une clientèle plutôt jeune et urbaine, ayant toutefois les moyens de s’offrir du « moyen haut de gamme ».

Pour le plus petit modèle de l’imparable Miroir Console, l’une des nombreuses références spécialement dessinées par un designer (en l’occurrence Hervé Langlais), il faut par exemple compter un peu plus 700 euros… Le prix du Made in France. Et même du Made in Pays de la Loire, puisque que 90% des fournisseurs et sous-traitants de la marque y sont implantés. Les neufs personnes travaillant dans l’atelier de Segré, eux, se concentrent sur le cœur de métier de Drugeot : l’usinage, l’assemblage et la finition de pièces uniquement constituées de bois massif. Et ils ne s’ennuient pas. Depuis 10 ans, l’entreprise connaît une croissance annuelle régulière de 15%.

Le secret ? Une recherche constante du subtil équilibre entre originalité et fonctionnalité. « Un meuble parfait, c’est celui qui se distingue des autres mais qui conserve un côté pratique », confie l’expert. « Nous ne sommes pas des artistes. On ne fait pas de sculpture, même si on crée des meubles qui ont un côté sculptural. Un meuble très original, on va le voir dans la presse mais il ne se vendra pas. Un meuble seulement fonctionnel, on ne le verra pas dans la presse mais il ne se vendra pas non plus, parce qu’il ne se distinguera pas des autres. Parfois, le bon équilibre ne tient qu’à quelques millimètres d’épaisseur… » que le Ligérien a trouvé avec Kao, tout comme le designer angevin Gregory Jolly en signant l’irrésistible patère Toucan, référencée jusque dans la boutique du centre Pompidou. Ce petit objet coloré en chêne massif a également un mérite : prouver que s’offrir un Drugeot pour une trentaine d’euros, c’est possible !



5 dates


2000 : reprise de l’entreprise familiale Les ateliers du Drugeot par les frères Rochepeau.

2009 : création de la marque Drugeot Labo.

2011 : première commande de Fleux’ dans le Marais à Paris, magasin leader d'opinion dans le domaine du design et de la déco.

2014 : première apparition des meubles Drugeot dans l’émission Thé ou Café sur France 2 et début d’une longue collaboration.

2018 : évolution de la marque vers l’appellation Drugeot Manufacture.

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