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Festivals d'automne


Amirtha Kidambi © Peter Kerlin / Atlantique Jazz Festival #19

Texte / Matthieu Chauveau, David Lecerf, Fabienne Ollivier Publié dans le magazine Kostar n°82 - octobre-novembre 2022


La pandémie nous en a trop privés. Pas question de faire l’impasse sur les festivals d’automne. Musique, cinéma, théâtre et danse… Presque l’embarras tellement l’affiche est belle. À vous de piocher de La Roche-sur-Yon à Brest, d’Angers à Saint-Malo, de Nantes à Lorient, de Cholet à Rennes.


Haut vol

Lucie Antunes © Marco Dos Santos

Forcément, nous ne pouvions que répondre présents à un rendez-vous baptisé Baisers Volés, co-organisé par La Nouvelle Vague. Tel François Truffaut nous racontant la saga Antoine Doinel, le festival fait de nous, depuis 2019, les témoins de l’évolution de la jeune scène hexagonale. Et les nouvelles sont bonnes, trois ans plus tard, avec des artistes qui se plaisent à brouiller les pistes entre genres musicaux – et nous plaisent d’autant plus. À mi-chemin entre chanson et musiques urbaines, impossible de louper Aloïse Sauvage ou Terrenoire cette année. Envie d’aller encore un peu plus loin, aux confins de la musique pop ? Prenez place dans le Transsibérien électronique piloté par Thylacine – hautement inématographique. Ou embarquez dans la fusée Lucie Antunes, qui met en orbite synthés et percussions – hautement dansant.

Baisers Volés, La Nouvelle Vague, Saint-Malo, 23 et 24 septembre.


Du jazz ! Mais pas que...

À Brest, l’Atlantique Jazz Festival ne s’adresse pas qu’aux puristes d’un genre musical. Les plus curieux y trouveront bon nombre d’objets insolites entre histoire et présent, d’ici ou d’ailleurs, pour satisfaire leurs oreilles. Concentrée en permanence sur les musiques libres et improvisées, Plages Magnétiques a concocté de belles soirées pour son événement-phare. À commencer par la venue de la New-Yorkaise Amirtha Kidambi pour un concert aux accents indiens et punk. Le musicien expérimental Fred Fith est, lui, accompagné du percussionniste Tom Malmendier pour un duo inédit. Une balade entre jazz et folk avec le trio Suzanne, une nuit électrisante avec Laguerre et Sok, ou encore une virée puissante avec le Moger Orchestra, un folk band du Kreiz-Breizh.

Atlantique Jazz Festival #19, tournée en Bretagne du 7 au 13 octobre, Brest du 18 au 23 octobre.


Du beau monde ?

© David Fugere

C’est une (divine) anomalie dans le monde des salles obscures bien mis à mal par les longues périodes de fermeture. Mais où sont donc passés les spectateurs, s’interroge-t-on un peu partout ? Au Festival International du Film de La Roche-sur-Yon, ils étaient en nombre l’an dernier, avec une des meilleures fréquentations que l’événement ait connues depuis sa création ! Gageons qu’il en sera de même pour la 13e édition à venir, dédiée comme de coutume aux multiples facettes du cinéma contemporain entre avant-premières, rétrospectives et, bien sûr, rencontres avec des réalisateurs·rices et acteurs·ices d’envergure internationale. Qui pour succéder à Judith Chemla, Audrey Diwan, Alain Guiraudie ou Abel Ferrara, présents l’an dernier ? Au moment où nous écrivons ces lignes, il nous brûle de connaître les premiers noms !

Festival International du Film de La Roche-sur-Yon, 17 au 23 octobre.


Le Bon festival

Ibeyi © Raphael Pavarotti

Juliette Armanet, Ibeyi et Fischbach. Les Indisciplinées s’offrent quelques-unes des chanteuses françaises les plus en vue du moment pour leur 17e édition. Des valeurs sûres, chacune dans leur esthétique, mais qui ne sauraient faire de l’ombre au reste de la programmation. Enfin on l’espère, puisque c’est quelque chose comme le meilleur de la scène indépendante de ces 30 dernières années que l’on pourra entendre autour de Lorient. À l’Hydrophone notamment, les têtes d’affiche sont particulièrement attrayantes entre Cate Le Bon (pop oblique et tendre du Pays de Galles), The Notwist (pop électronisante et mélancolique d’Allemagne) et Arab Strap (pop au parlé-chanté nuageux d’Écosse) avec, cerise sur le gâteau, de délectables premières parties : le folk hypnotique et pluriel de Naima Bock, les mélopées célestes de Caroline…

Les Indisciplinées, Hydrophone, Lorient, 2 au 13 novembre.


No limit ?

Les utopiales 2021 © Michael Meniane Shayol

Expos, cinéma, bande dessinée, littérature, conférences scientifiques, jeux… Difficile, quelles que soient vos préférences, de passer à côté des Utopiales tant le festival frappe par son envergure (100  000 visiteurs environ à chaque édition) et par sa dimension pluridisciplinaire. Encore faut-il, nous direz-vous, aimer la science-fiction. Mais là encore, difficile de passer à côté de ce genre alors que notre monde ressemble de plus en plus à un roman de Philip K. Dick. Pandémie, réchauffement climatique, incendies et inondations… L’être humain paierait-il pour avoir quelque part « dépassé les bornes » ? C’est justement de « Limite(s) » dont discuteront les quelques 200 auteur·rices, illustrateur·rices, scientifiques, réalisateur·rices et gamer·euses invités pour la 23e édition de ce festival que le monde entier nous envie. L’affiche est signée Marc-Antoine Mathieu à qui le festival consacre une grande exposition.

Les Utopiales, Cité des Congrès, Nantes, 29 octobre au 1er novembre.


Été indien

La Femme © Nico Bartalini

Il fait beau, le moment de tout donner ? Pas aux Z'Eclectiques qui, comme un pied de nez à la surenchère en têtes d’affiche qui frappe de nombreux festivals, a proposé cet été une édition à la programmation… secrète ! Mais c’était patienter pour mieux gagner, vu la liste de noms qui s’égrène pour cette collection automne. Une caractéristique ? L’éclectisme, évidemment, entre la chanson générationnelle de Hubert-Félix Thiéfaine (en unplugged parce que fans vieillissants ?), le reggae engagé (et toujours engageant ?) de Tiken Jah Fakoly et l’electro-pop chic (une périphrase pour « variété » ?) de Jeanne Added. Nos préférences : l’electro-pop moins chic mais plus dansante de Vitalic, la coldwave dépressive mais non sans ironie de Gwendoline, la pop jouée avec nonchalance mais non sans charme de La Femme.

Les Z’éclectiques collection automne, Angers le 3 novembre, Cholet le 4 novembre, Chemillé le 5 novembre.


Court toujours

Projection 2021 © Jérémy Kergourlay

Mathieu Kassovitz, Marion Cotillard, Pascal Légitimus, Antonin Peretjatko… L’éventail des personnalités passées par Brest en bientôt 40 ans a de quoi impressionner. Formidable opportunité pour découvrir des artistes avant qu’ils n’explosent, le Festival européen du Film Court n’en reste pas moins avant tout une grande expérience cinématographique. Car dans le 7e art comme dans les autres, ce qui prime n’est certainement pas la quantité (de minutes) mais la qualité. Et le temps d’un court-métrage, on peut en dire des choses : par exemple dresser le portrait de femmes de cultures diverses, se frotter au film de genre, ou filmer de toutes les manières possibles le coup de foudre amoureux. Autant de thématiques au programme de cette 37e édition, en plus des traditionnelles compétitions dédiées aux créations bretonnes, françaises et européennes.

Festival européen du Film Court de Brest, 8 au 13 novembre.


Mouvements sonores

Oiseaux-Tempête © Grégoire Couvert

Pépite parmi les inclassables, le Festival Invisible revient à Brest avec son lot habituel de musique “païenne and roll” pour réchauffer à feu vif les esprits de l’automne. Une 17e édition en rime – avec les soirées bien nommées Particule, Bidule, Tarentule… – avec toujours plus d’expériences inédites issues des fonds obscurs comme des clartés célestes, fidèles à la marque de fabrique de ce festival défricheur dirigé par Arnaud Le Gouëfflec. À voir notamment, l’icône de la no wave Lydia Lunch accompagnée du héros noise Marc Hurtado, les murmurations psychédéliques d’Oiseaux-Tempête & Friends ou encore « Géométries » et son instrumentarium. À moins de se laisser tenter par une intrigante dégustation de “Vins mouvants”, quand la rotation du vin sort du verre…

Festival Invisible #17, La Carène, Passerelle, Espace Vauban…, Brest, 15 au 19 novembre.


Chocs esthétiques

Sur la voir royale © Gwendal Le Flem

Fidèle à sa mission, le Festival TNB est un précipité du projet artistique d’Arthur Nauzyciel. L’occasion d’éveiller la curiosité en multipliant les formes et esthétiques contemporaines du théâtre et de la danse. Attendue, la reprise de Stadium, le grand succès de Mohamed El Khatib avec les supporters du RC Lens. La Ronde de Schnitzler par Arthur Nauzyciel juste après sa création à Prague. Arrivée enfin – après report l’an passé – de Sur la voie royale, la pièce de l’Autrichienne Elfriede Jelinek dont l’écriture est traversée par la rage dans une mise en scène de Ludovic Lagarde. Retour de Robyn Orlin, François Tanguy et aussi de Lazare. Lavagem, un spectacle de danse politique et décapant d’Alice Ripoll. Des pointures, des chocs et toujours le parti pris de la création et le goût du risque.

Festival TNB, Rennes, 16 au 26 novembre.


F3C en mode Asie majeure

Tel père, tel fils de Hirokazu Kore-Eda

Le Festival des 3 Continents redouble d’imagination pour retisser les liens avec les pays encore fortement impactés par la pandémie. On fêtera donc les cinémas d’Asie, d’Amérique latine et d’Afrique en novembre. Rétrospective Hirokazu Kore-eda apprécié pour son approche quasi documentaire du cinéma de fiction, avec une sélection de films rares. Focus sur le cinéma audacieux du Philippin Mike de Leon et donc coup de projecteur sur sa production des années 70 et 80. Rétrospective du cinéma indien des années 60-70. La compétition internationale évidemment, une sélection officielle plus importante et la programmation Un air de famille pour irriguer toujours plus un large public.

Festival des 3 Continents, Nantes, 18 au 27 novembre.

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