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Hugo Clément, interview recto/verso

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Dernière mise à jour : il y a 2 heures


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Interview / Matthieu Chauveau * Photo / Tangui Jossic pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°98 - décembre 2025-janvier 2026



Interview recto


Le paradoxe de l’abondance est votre 2e BD. Pourquoi ce format ?  

J’aime l’impact qu’ont les images. À la télé ou sur les réseaux sociaux, elles vous glissent entre les doigts. La BD, on peut l’ouvrir, la laisser sur la table, y revenir. C’est un objet qui se partage, avec un côté familial. 


Vous donnez la parole à de nombreux scientifiques, éleveurs, cultivateurs…  

Le fruit de plusieurs années de reportage. Je passe mon temps sur le terrain pour les différentes émissions que je fais. Avec toute cette matière, on aurait pu faire 600 pages ! 


Vous êtes végétarien. En vous lisant, on se dit que manger du blé, du maïs, du fromage, c’est pas mieux !  

On peut se demander ce qu’on peut encore manger, puisque tout est pollué. Mais j’essaie de montrer qu’on peut produire différemment. Ceux qui récoltent les lauriers du système actuel sont les intermédiaires : industriels, producteurs de pesticides… 


“En fonction de ce qu’on achète ou pas pour se nourrir, on peut défendre un choix de société.”

Dans votre livre, la région nantaise n’est pas gâtée…  

Notre enquête nous a menés sur une immense serre de tomates éclairée et chauffée, à tel point que les oiseaux chantent la nuit en hiver, pensant qu’il fait jour. Elle se trouve là mais ça aurait pu être n’importe où en France !


Vous dites « la carte bancaire, c’est comme un bulletin de vote »…  

C’est même plus puissant. En fonction de ce qu’on achète ou pas pour se nourrir, on peut défendre un choix de société. Et les différences de prix ne sont pas toujours énormes.


Émissions TV, média en ligne Vakita, livres, réseaux sociaux… Sur tous les fronts ?  

À la TV, je touche un large public, à la moyenne d’âge plutôt élevée. Sur les réseaux sociaux, le public est plus jeune. Être un peu partout, ou essayer de l’être, permet de ne pas s’adresser qu’à une catégorie de la population. 


Dans votre nouvelle émission 50 degrés, sur YouTube, on parle réchauffement climatique et on rit…  

Je viens de l’école du Petit Journal, qui est le temple de l’infotainment ! Ce n’est pas parce qu’on transmet des informations fiables qu’on doit le faire en tirant la gueule.  


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Interview verso


Honnêtement, on est tous foutus ?   

L’espèce humaine disparaitra, c’est la loi de l’évolution ! Si on continue comme ça, il est probable qu’on réduise notre espérance de vie sur terre. Je ne suis pas madame Irma mais on trouvera peut-être des solutions.


Militant ou journaliste ?   

On reproche souvent aux journalistes qui parlent d’environnement d’être militants. On ne le fait pas pour les journalistes culturels qui donnent leur avis sur des films, des bouquins… Ce qui compte dans ce métier, c’est pas l’objectivité, c’est l’honnêteté.


Pour être écolo, faut-il être exemplaire ?   

Bien sûr que non. Sinon, c’est la course à la pureté. L’important, c’est d’avoir conscience du problème et d’essayer de faire sa part. 


“Greta Thunberg a le mérite d’avoir médiatisé la question du changement climatique au niveau mondial”

Sandrine Rousseau ou Greta Thunberg ?   

Ni l’une ni l’autre. Elles ont des visions trop partisanes et idéologiques de l’écologie. Le défi, c’est réussir à parler à tout le monde. Ceci dit, Greta Thunberg a le mérite d’avoir médiatisé la question du changement climatique au niveau mondial. 


Un exemple flagrant de greenwashing ?   

Il y en a beaucoup. Disons les centrales d’énergie solaire qu’on met à la place de forêts. On coupe des arbres pour installer des panneaux solaires ! Au nom de l’énergie verte, on supprime des zones de biodiversité et donc des puits de carbone… 


Votre péché mignon agro-industriel ?   

Je suis un psychorigide de la bouffe ! Le seul que je vois, ce sont les boissons et gels pour la performance sportive. C’est l’archétype du produit ultra-transformé, à base de sirop de glucose. Pendant l’effort, j’en prends pour me donner du carburant.


Votre participation à un débat de Valeurs actuelles, on en parle ?   

Si c’était à refaire, je ferais la même chose ! On m’a reproché d’aller débattre avec quelqu’un qui ne partageait pas mes opinions sur l’environnement. Je trouve ça fascinant de se demander si on doit débattre avec des gens avec qui on n’est pas d’accord… 


À lire : l’enquête-BD Le Paradoxe de l’abondance (éditions Dargaud)


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