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L'été des festivals


Irene Dresel © Valerie Mathilde

Dossier réalisé par Matthieu Chauveau (sauf mention) Publié dans le magazine Kostar n°91 - été 2024


Nos K de Kostar dans leurs costumes de scène


Clara Ysé © Olivier Metzger

Ils nous ont accordé du temps ces derniers mois. Pas pour parler de leur actu musicale mais de leur passion – plus ou moins avouée – pour les fringues et la mode. Stylés, les artistes apparus dans notre rubrique K de Kostar le sont aussi sur scène, particulièrement quand il s’agit d’envoûter le public des festivals. Aux Francos et à Baisers Volés, Clara Ysé rappellera qu’on peut toujours, en 2024, offrir une chanson à texte exigeante, dans la droite lignée de Barbara, sans verser dans le passéisme. Et ce n’est pas Zaho de Sagazan (la Nuit de l'Erdre, les Francos, au Pont du Rock, le Bout du Monde, V And B Fest') qui dira le contraire, elle qui soigne ses mots comme ses mélodies, tout en veillant à rester à la pointe de ce qui se fait en matière de musique électronique. Un phénomène qui n’aura échappé à personne et surtout pas à nous qui suivons la Nazairienne depuis ses tout débuts. Irène Drésel (V and B Fest’, Terres du Son) écoute-t-elle, elle aussi, Zaho en boucle ? On garde cette question pour la prochaine interview mais ce qui est sûr, c’est que la seconde écoute la première, Drésel excellant dans une techno aussi efficace qu’élégante (ces bouquets de fleurs disposés autour des instruments à chaque concert…). Autre artiste K de Kostar à ne pas manquer, Johan Papaconstantino (les Francos, le Roi Arthur) sera votre assurance soleil de l’été. Grand joueur de bouzouki, le Marseillais encanaille son instrument avec une chanson pop moderne mâtinée de R’n’B aux délicieuses saveurs grecques.   



Chers à nos cœurs et gratuits tout l'été


Tshegue © Jessica Madavo

Même les meilleurs tour-opérateurs ne sauraient imaginer un tel périple. Sans quitter Rennes (et presque sans bouger de sa chaise longue place de la Mairie), Transat en Ville nous fait voyager sous toutes les latitudes, avec même souvent plusieurs destinations rassemblées dans un même concert : Kinshasa, Paris et Cuba avec le projet punk percussif Tshegue déjà croisé aux Trans ; la France, les États-Unis, la Grèce et la Belgique avec le folk futuriste et transfrontalier de Sages comme des Sauvages ; l’ensemble des quartiers les plus cosmopolites de Londres avec Rum Buffalo, surprenant collectif alliant rock psychédélique, jazz fusion et même jazz swing. Gratuit et déployé sur l’été, l’événement rennais est à suivre avec assiduité ou en picorant ça et là quelques propositions. Il en va de même pour Aux Heures d’Eté à Nantes (la musique du monde qui prend ses quartiers tous les mardis et jeudis soirs au Château des Ducs), les Jeudis du Port à Brest (3 dates en août, dont une immanquable avec une tête d’affiche qu’on n’attendait pas : les Négresses Vertes) ou encore Les Renc'Arts à Pornichet et Tempo Rives à Angers. « Voilà l’été ! »  



Erdre ou ne pas Erdre


Sean Paul / DR

Depuis le coup de maître de l’édition 2022 (quelque 93 000 festivaliers accueillis sur 4 jours), la Nuit de l’Erdre est clairement entrée dans la cour des grands. Cette envergure conforte le festival dans son positionnement d’événement familial capable de s’adresser à tous les publics. En résulte une programmation toujours aussi éclectique cette année, à laquelle manque peut-être seulement la grande tête d’affiche qui mettra tout le monde d’accord. Car en la matière, il faudra trancher entre la pop punk très référencée années 2000 de Sum 41, la techno berlinoise mais lumineuse de Paul Kalkbrenner, le dancehall torride du Jamaïcain Sean Paul ou encore le rock indé efficace des ressuscités Gossip. Mais quel refrain sera repris en chœur (et par cœur) par toute la famille dans le parc du Port Mulon ?   

La Nuit de l’Erdre, Nort-sur-Erdre, du 4 au 7 juillet.


Poésie urbaine 


Nids © Pauline Monnet

Depuis 31 ans, Les Tombées de la Nuit transforment l’espace urbain en un grand terrain de jeu. Théâtre, cirque, danse, musique et performances convoquent un monde engagé, charnel et jubilatoire. En ouverture, les installations Nids de Jean-Michel Caillebotte (P.H.U.N, Royal de Luxe) explorent le thème de la migration, tandis que l’opéra Carmen de Bizet est revisité en plein air, sous le prisme du féminicide. Parmi les habitués, Chloé Moglia présente son Rouge Merveille en suspension, Jean-Baptiste André bat le pavé avec sa danse acrobatique, Olga Dukhovnaya défie la propagande russe en valorisant la culture ukrainienne. Côté fête, on retrouve le collectif Ouinch Ouinch et son bouillonnant dancefloor queer et la programmation I’m From la nuit à l’Espace des Tombées. 16 rendez-vous poético-politiques incontournables : quelle meilleure façon d’introduire l’été ?     Hélène Fiszpan

Les Tombées de la Nuit, du 2 au 7 juillet, Rennes.


A bon port


Sanam © Gabriel Ferneine

D’abord, il y a les noms tout en haut de l’affiche, sélection impeccable par son éclectisme. Sur le port de Saint-Nazaire sont attendues aussi bien des stars du rap français d’aujourd’hui (PLK, Luidji) que des références de la chanson (Pomme, Bertrand Belin) ou encore des sensations internationales (Jungle au rayon électro, Charlotte Cardin au rayon pop). Mais le petit plus des Escales est à chercher dans les marges, avec une sélection intitulée Globe-Trotter, qui souffle cette année ses trois bougies. Élaborée en partenariat avec des festivals du monde entier, elle donne à entendre des esthétiques inédites, entre rock expérimental libanais (Sanam), dream pop estonienne (Night Tapes) et fusion brésilienne hyper jouissive (retenez votre souffle – c’est le nom du groupe : Sophia Chablau e Uma Enorme Perda de Tempo!).   

Les Escales, Saint-Nazaire, du 19 au 21 juillet.



De bric et de rock

Refuser d’avoir une ligne artistique définie, si ce n’est celle d’une ouverture à toutes les esthétiques, est un (non-)choix aussi respectable qu’un autre. Tour d’horizon de ces festivals où, quels que soient vos goûts, vous trouverez toujours au moins un artiste qui vous motivera à prendre votre place. 


Sting - MySongs © MK

Fatoumata Diawara © Shelby Duncan et IAm © DR


Aux Vieilles Charrues, impossible de ne pas être tenté par Sting et son avalanche de tubes, qu’ils proviennent de sa carrière solo ou de feu Police, ou encore par la reine PJ Harvey qui, album après album, ne cesse de se réinventer. Au Roi Arthur, c’est les fausses reprises de Pink Floyd (une influence évidente) signées Archive qui nous font de l’œil, ex-aequo avec les vraies tranches de vie scandées par les légendes du rap marseillais Fonky Family, miraculeusement reformées. Au V and B Fest', c’est un autre rappeur mythique qui est attendu, MC Solaar, toujours pas Obsolète 34 ans après son inaugural Bouge de là. C’est aussi l’un des plus grands groupes de pop actuelle qui se produit sur la scène de Château-Gontier : Phoenix et sa collection de tubes imparables (oui : les Beatles du 21e siècle sont français). À la Fête du Bruit, impossible de louper le phénomène local Gwendoline qui, en deux albums, ont réinventé la cold wave en y insufflant cet art de manier les mots en observant leurs congénères. Une démarche qu’un groupe comme IAM, également attendu à Landerneau, avait déjà faite sienne aux grandes heures du rap français dans les années 1990. Au Bout du Monde, Nada Surf nous emballe autant que Fatoumata Diawara, les premiers pour leur persistance à rechercher, tels de patients artisans, la recette de la pop song parfaite, la seconde pour son extraordinaire voix, servie par des arrangements toujours plus ambitieux dans son dernier opus London Ko. Et puisqu’on parle ici d’ouverture à toutes les esthétiques, impossible de ne pas citer Dinard Opening, qui pour sa quatrième édition brasse toujours aussi large, tout en se concentrant sur les musiques britanniques. On y a par exemple repéré The Stranglers, groupe iconique de l’âge d’or de la new-wave, même pas fatigué 50 ans après sa formation. À moins que vous ne préfériez le concert d’Emilie Rose Bry. Chanteuse d’exception, la soprano annonce un programme traversant les siècles et les genres, d’Henri Purcell à Benjamin Britten, de John Lennon à David Bowie…   


Jeunes et bons

Maria Lopez / DR

Lancé en 2022, le Kleub, espace dédié aux soirées mix, aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Le Festival Interceltique de Lorient n’est pas que le grand événement populaire et familial que l’on connaît. C’est aussi un festival toujours en alerte sur ce que les cultures celtes au sens large ont à offrir de nouveau, en se frottant à des sonorités plus modernes. Ainsi, l’édition 2024 ne met pas de nation particulière à l’honneur cette année mais préfère hisser en tête d’affiche « la jeunesse des pays celtes ». Beaucoup d’artistes émergents à découvrir (l’Acadienne Emilie Landry, la Galloise Bethan Rhiannon, la Galicienne Maria Lopez, les Irlandais Seo Linn…) en parallèle de noms nettement plus identifiés par les Bretonisants habitués du festival (Carlos Núñez, Matmatah, Soldat Louis...).   

Festival Interceltique, Lorient, du 10 au 18 août.


Retour vers le futur


Air © Willy Huvey

Nostalgie quand tu nous tiens. Moon Safari, l’album phare de Air est sorti il y a déjà 25 ans. Tirer la nuit sur les étoiles, le nouveau disque d’Étienne Daho est l’œuvre d’un chanteur qui approche les 70 printemps. Slowdive, les légendes du courant shoegaze, ont connu leur âge d’or au début des années 1990. La messe indie pop est dite ? Pas pour La Route du Rock qui, en plus de mettre les artistes précédemment cités à l’honneur, invite toute une nouvelle génération qui entretient la flamme. Dans cette dernière catégorie, on craque pour Kae Tempest et son hip-hop pop hypnotique comme le The Streets des débuts ou encore Bar Italia et ses chansons aussi nonchalantes (et essentielles) que celles du Velvet Underground à une époque que le jeune trio londonien n’a pas pu connaître.   

La Route du Rock, Saint-Malo, du 14 au 17 août.


Baroque ouvert


Fantasia - Théotime Langlois de Swarte © Marc Borggreve

Fin août, Sablé-sur-Sarthe redevient la capitale du baroque avec cette volonté d’ouverture affichée par Laura Baert, directrice artistique depuis 3 ans. Après une soirée autour des musiques sacrées d’Amérique latine, proposée par le parrain du festival, Leonardo García Alarcón, et Capella Mediterranea, on retrouve Vincent Dumestre et Le Poème Harmonique pour un programme Vivaldi et l’envoûtant Nisi Dominus. La jeunesse de Théotime Langlois de Swarte embarque tous les publics autour des plus belles œuvres pour violon solo de la musique baroque. Ouverture encore avec François Salque et Vincent Peirani qui explorent l’univers de Bach par le prisme de l’accordéon et du violoncelle. Coup de cœur pour le concert famille Ombres errantes qui réunit le pianiste Ido Bar-Shai et Philippe Beau, magicien de la lumière. Et que dire de la carte blanche au violoniste star Nemanja Radulović, accompagné du pianiste Yvan Cassar pour un programme qui va du baroque à nos jours.   Patrick Thibault

Festival de Sablé Du 21 au 24 août, Sablé-sur-Sarthe.


Notes bleues


Emile Parisien © Samuel Kirszenbaum

Événement qui sonne le glas de l’été et annonce la rentrée pour les Nantais (mais pas seulement, 14 autres villes de Loire-Atlantique y participent), Les Rendez-vous de l’Erdre n’en sont pas moins un moment joyeux. Impossible en effet de bouder son plaisir devant la programmation jazz concoctée aussi bien pour les esthètes que le grand public. Découvert sur le légendaire label Blue Note et atterri récemment sur le nom moins mythique Nonesuch, le trompettiste Ambrose Akinmusire jouera les morceaux atmosphériques – et bouleversants – de son nouvel album Owl Song. Un moment zen (l’Américain pratique le jiu-jitsu), qui devrait joliment contraster avec le jazz haut en couleur d'Émile Parisien, le saxophoniste français venant fêter les 20 ans de son précieux quartet, que le monde entier nous envie.   

Les Rendez-vous de l’Erdre, Nantes et Loire-Atlantique, du 26 août au 1er septembre.


Machines à danser


Jacques présente Vidéochose © Emma Le Doyen

Une expo grand format autour de Stereolux, une autre place Graslin, des concerts gratuits au bar  ASKIP, Ohm Town, Magmaa… Scopitone plonge une nouvelle fois Nantes dans le meilleur des cultures numériques et electro. Mais s’il est un événement dans l’événement à ne pas manquer, c’est évidemment les toujours très denses (et danse) nuits electro. On y découvre l’incorrigible Jacques dans un nouveau spectacle autour de la manipulation d’objets. On y vibre surtout au son de musiciennes qui poussent les potards à fond, entre la Nantaise Dela Savelli (l'electro à la sauce hyperpop), la jeune Berlinoise Wallis qui aime à dire que « la violence n'est jamais la solution » (ouf !), « sauf quand il s'agit de techno » (attention les oreilles !), ou encore l’Arménienne Anahit Vardanyan, amoureuse des synthés analogiques.   

Scopitone, Nantes, du 18 au 22 septembre.


Tendres Baisers


Jeanne Bonjour © Sébastien Marchand

Clara Luciani, Eddy de Pretto, Aloïse Sauvage ou encore Terrenoire sont passés par ce festival défricheur avant de voir leur cote s’envoler. Dédié à la scène française, principalement émergente, Baisers Volés grandit comme le personnage de Jean-Pierre Léaud dans le film de François Truffaut du même nom : en prenant son temps. Cela fait tout le charme de cet événement qui sait rester à taille humaine (celle de la salle La Nouvelle Vague). On y découvre des artistes à un moment charnière de leurs parcours et dans les meilleures conditions qui soient. Bonne continuation dans vos carrières qu’on devine fortement ascendantes Jeanne Bonjour (pop rennaise pétillante), Colt (pop bruxelloise émouvante) et autres Blumi (néo-folk franco-anglais entêtant) !   

Baisers volés, Saint-Malo, les 27 et 28 septembre.


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