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L'été des festivals


Perceptions / Cie Bivouac / Les Nuits de la Mayenne © Christelle Eric Simon

Texte / Julie Baron, Vincent Braud, Matthieu Chauveau, Fabienne Ollivier, Matthieu Stricot Publié dans le magazine Kostar n°86 - été 2023


Pour ne rien rater des festivals du territoire de Kostar.



Tombées du ciel

Tsef Zone / Cie C’hoari © Mikhael Brun

Une fois de plus, Les Tombées de la nuit nous mettent la tête à l’envers. Avec cette volonté d’amener des spectacles différents là où on ne les attend pas. On craque pour le triptyque de la compagnie bretonne C’hoari (carte blanche du Kostar n°84). Pauline Sonnic et Nolwenn Ferry donnent un vrai coup de fouet à la danse traditionnelle. Sinon, du cirque (Le poids des nuages, Smashed et Funny Business). Du théâtre beaucoup (le Roméo et Juliette du Collectif Lincéus, Lorenzaccio par les fidèles de la Cie Marius…). Danse toujours avec Battle mon cœur de Kaori Ito (une énergie hallucinante), le réjouissant Habiter n’est pas dormir… Des œuvres qui rejoignent l’art contemporain : l’installation vidéo chorale Wall of Fame à l’Opéra (5 au 13 juillet) et des formes hybrides.

Les Tombées de la nuit 5 au 9 juillet, Rennes.


Tempo et les filles

Djazia Satour © Yannick Siegel

« Plutôt rive gauche ou rive droite ? » Cette blague (facile) n’est plus d’actualité cette année à Tempo Rives, le festival angevin abandonnant (temporairement ?) le jardin du Musée Jean Lurçat, pour se concentrer sur celui des Beaux-Arts, à l’est de la Maine. En découle une programmation forcément moins riche en quantité (8 soirées tout l’été) mais certainement pas en qualité. Mieux, le festival gagne en caractère en s’engageant pour la parité, avec donc plus de la moitié d’artistes femmes : l’éthio-transe incandescente de Kutu, le folk-chaâbi moderne de Djazia Satour, la pop eighties de Michelle & les Garçons… Et, côté découverte locale, la jeune Lavalloise férue de synthés Edda Bel Abysse, à suivre de très près.

Temporives 6 juillet au 19 août, Angers.


Transat musical

San Salvador © Kristof Guez

Transat en Ville ? Le festival de tous les possibles ! Envie de chiller ? Les chaises longues vous attendent tout l’été place de la mairie, pour un farniente revisité en mode galette-saucisse. Des moments à passer en famille ? Rendez-vous chaque dimanche au parc du Thabor pour des spectacles jeune public. Envie de voyager ? Retour à la mairie, où chaque mercredi et samedi – miracle de la musique – le monde entier semble à portée de main. Par exemple l’île Maurice avec Lisa Ducasse et sa poésie chantée enchanteresse (15 juillet), les montagnes des Appalaches avec le folk au féminin de Dear John (12 août), le sud de la France avec les chants occitans et excitants (une énergie presque punk…) de San Salvador (5 août), ou encore un Japon inédit (nourri d’afro-groove) avec les tonitruants Ajate (23/07).

Transat en ville 8 juillet au 19 août, Rennes.


Un festival de propositions

Salut/ DR

Laurent Brethome remet ça. Metteur en scène et comédien, il a imaginé un festival qui fait la part belle au théâtre bien sûr mais aussi à la voix. On y trouve des ateliers pour petits (à partir de 8 ans) et grands, des rencontres, des répétitions ouvertes au public et des spectacles dans un rafraîchissant cocktail de comédiens amateurs et professionnels. Rendez-vous, par exemple, au bien nommé Jardin des compagnons avec Guillaume Gatteau et les jeunes talents du théâtre de demain, avec le duo Camille Dordoigne/Joseph Lemarignier pour un Salut qui n’a rien de définitif ou encore le Collectif Citron et son Malade imaginaire. Autre rendez-vous attendu, un joyeux spectacle, sur fond des années 80, imaginé par Laurent Brethome et François Jaulin, avec des comédiens yonnais. Le tout à des tarifs tout doux quand ce n’est pas gratuit.

Les Nuits menteuses 8 au 21 juillet, à La Roche-sur-Yon.


Jeune trentenaire

Aya Nakamura © Fifou

Blur / Aya Nakamura (le vendredi). Phoenix / Soprano (le dimanche). C’est pour ce genre d’affiches totalement schizophrènes qu’on aime tant Les Vieilles Charrues, festival qui ose tout depuis désormais 3 décennies avec le succès que l’on sait. De fait populaire, la programmation n’en demeure pas moins relativement pointue quand il s’agit de scruter les artistes qui montent. Et cette cuvée 2023 le confirme avec notamment la french pop douce-amère de Voyou, le post-punk post-slam de Gwendoline ou la chanson actuelle (comme on dit musiques actuelles – l’invention, mine de rien, d’un genre) de la déjà incontournable Zaho de Sagazan. Est-ce un hasard ? Tout ce beau monde nous vient de l’Ouest !

Les Vieilles Charrues 13 au 17 juillet, Carhaix-Plouguer.


50 ans en Mayenne

Perceptions / Cie Bivouac © Christelle Eric Simon

Il n’y a pas que des festivals de musique ! Les Nuits de la Mayenne, c’est du théâtre (beaucoup), de la danse, du cirque et des arts de la rue. Mais ce qui caractérise la manifestation, c’est l’itinérance. Le festival se déroule dans les écrins du patrimoine mayennais. Et, cette année, Les Nuits fêtent leurs 50 ans. On a compté 263 000 spectateurs depuis sa création autour de 7 500 artistes. Vous choisissez le lieu ou la discipline. Musique ? Un rendez-vous avec Les notes qui s’aiment du pianiste jazz André Manoukian (Laval, 19 juillet). Cirque ? Perceptions de la Cie Bivouac (17 juillet, Château de Sainte-Suzanne) ou Les Butors du Cirque Hirsute (29 et 30/07, Théâtre Antique de Jublains). Musée Tatin ? Ça sera danse avec La Chair de l’objet, de la Cie DADR (24 juillet).

Les Nuits de la Mayenne Du 17 juillet au 11 août.


Douceur de l'été

Star Feminine Band © Juan-Toran

Musiques au Logis, c’est un festival en six soirées musicales espacées dans le temps. Il s’adresse à tous les publics au Logis de la Chabotterie. La preuve avec Mentissa qui ouvre les festivités (18 juillet). Le folk de La Maison Tellier en terre vendéenne (20 juillet). Renan Luce vient pour un duo piano-voix avec Christophe Cravero pour une soirée entre folk, jazz et musique romantique (25 juillet). Soirée piano avec les instrumentistes et compositeurs Guillaume Poncelet et Hania Rani, celui qui affole YouTube (27 juillet). La performance du Star Feminine Band (1er août) avant le trompettiste jazz Erik Truffaz en compagnie du violoncelliste Vincent Ségal, avant le virtuose de la contrebasse Renaud Garcia-Fons (3 août) !

Musiques au Logis du 18 juillet au 3 août, La Chabotterie, Saint-Sulpice-le-Verdon.


Le monde sur un plateau

Tean Jesus and the Jean Teasers © Ruby Boland

On vient aux Escales pour écouter Angèle, Jeanne Added, Jain, Izïa, Fishbach, Hervé, Pierre de Maere, Gazo, Dinos, The Blaze, Kavinsky, Astéréotype ou Zaho de Sagazan. Un aperçu plutôt stylé des musiques actuelles. Mais le festival nazairien continue de cultiver sa différence avec son ouverture au monde. Le focus Globe-Trotter réunit une affiche d’artistes inédits, venus du monde entier et programmés par une fédération de festivals du Brésil, d’Australie, d’Ouganda, de Palestine, d’Estonie, du Liban ou de Corée du Sud. Essayez la rappeuse brésilienne Jessica, l’afro-jazz-r’n’b d’Adomaa, l’electro orientale de Zenobia, le rock de Tean Jesus and The Jean Teasers. Ou Sangjaru, un trio coréen qui s’inspire de la culture traditionnelle et scénique qu’on a du mal à qualifier musicalement.

Les Escales 28, 29 et 30 juillet, Port de Saint-Nazaire.


Extase britannique

Me and my friends © Corinne Cumming

Sortir ses orteils du sable fin pour rêver sur un accent british : le leitmotiv du Dinard Opening, qui convie des artistes d'Outre-Manche aux horizons divers. Déjà, la fête Big Love, en prélude le 25 juin, réunit des représentants de la scène club UK qui nous mettent l'eau à la bouche. De quoi s'échauffer avant d'attaquer le festival proprement dit, le 3 août, avec l'Orchestral Qawwali (Théâtre Debussy), dans une danse extatique mêlant sonorités indiennes et instruments modernes. Nous attendons aussi impatiemment la symbiose orchestrale entre l'ange déchu du rock Peter Doherty et le compositeur Frédéric Lo (6 août, Parvis de Port-Breton). Sans oublier le quintet Me and my Friends (7 août, Parc du château Hébert), qui vogue entre folk, musique classique, jazz, reggae et sonorités afro-caribéennes. Pour célébrer la tendresse dans une douceur estivale.

Dinard Opening 3 au 8 août, Dinard.


Celtes de cœur

Suzanne Vega / DR

On ne compte plus, en 52 éditions, le nombre de fois où l’Irlande a été la nation à l’honneur au Festival Interceltique. Ce n’est pas pour autant que le festival tourne en rond (ou alors concrètement, lors des danses celtiques…) bien au contraire. La preuve avec le Kleub, nouvel espace dédié aux musiques actuelles qui font bon ménage avec binious et violons, DJ sets inclus. Mais la force du festival reste ses grandes têtes d’affiche intergénérationnelles avec, côté Irlande, les légendaires Clannad, à l’origine de ce mélange devenu si naturel de sonorités traditionnelles et new age. Et, côté « reste du monde », une pointure comme l’Américaine Suzanne Vega, dont la folk-pop n’a rien d’ostensiblement celtique, si ce n’est cette capacité à toucher en plein cœur en racontant des histoires simples sur 3 accords. n

Festival Interceltique 4 au 13 août, Lorient.


Quand les murs vous envoûtent

Dry Cleaning © Guy Bolongaro

Une collection estivale qui s'annonce colorée. Le défilé commence avec le groove déjanté de Warmduscher et le rock sans concession de The Psychotic Monks (16 août, Nouvelle Vague). Le 17 août, le Fort de Saint-Père résonne du rock anticonformiste irlandais de Gilla Band ou encore du post-punk rafraîchissant de Dry Cleaning. On se laisse transporter, le 18 août, par la pop-rock des orfèvres de Yo La Tengo, avant de consentir à l'envoûtement sur l'électro orientale de la Tunisienne Deena Abdelwahed. Le 19 août, nous partons contempler la mer sur les mélodies de Grand Blanc (Plage Arte Concert), avant une dernière soirée dantesque ! Nous ne savons plus où donner de la tête entre le concert The Brian Jonestown Massacre, héros californiens du psyché underground, l'électro-pop sensuelle de Jockstrap et les rythmiques planantes du producteur prodige Jamie XX !

La Route du Rock 16 au 19 août, Saint-Malo.


Indiens du Nord

Beans de Tracey Deer © Office National du Film du Canada

Plus qu'une alternative aux contenus pré-mâchés des plateformes de streaming, le Festival de cinéma de Douarnenez est la destination incontournable. Le rendez-vous faisant la part belle aux cultures d'ici et d'ailleurs retourne sur les traces des premiers peuples d'Amérique du Nord, comme en 1979. L'occasion de partir à la rencontre de l’œuvre résistante et engagée d'Alanis Obomsawin – réalisatrice abénaquise de plus de 50 films – comme de toute une jeune génération de cinéastes bien décidés à prendre la relève. À ne pas manquer les films du Wapikoni Mobile, fenêtre ouverte sur les talents des communautés inuit et autochtones. Gouel ar filmoù est une myriade de rencontres et concerts, une ambiance sans pareil dans la cité de la sardine déjà fort réputée pour son ouverture et sa bonne humeur.

45e Festival de cinéma Douarnenez, 19 au 26 août.


Quand le baroque se renouvèle

Lucile Boulanger © Francis Delaby

Chez Kostar, on aime le grand écart. Pourquoi ne pas passer de l’électro au baroque. Sous l’impulsion de Laura Bert, la nouvelle directrice artistique (depuis 2022), le Festival de Sablé joue la carte de l’ouverture. Place à des artistes qui brillent par leur inventivité, leur curiosité et la recherche de nouvelles formes d’expression. On peut craquer pour le récital de viole de gambe de Lucile Boulanger, la musique vocale de Vox Luminis, la musique de chambre de Spark qui passe de Bach à Lennon ou McCartney, le surprenant récital d’accordéon de Théo Oud. Ouverture avec l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles, accompagné de la mezzo-soprano Blandine de Sansal et les Chanteurs d’oiseaux. Le Banquet Céleste, Tusitala de la Cie de danse L’Éventail. Clôture avec Cappella Mediterranea qui mêle musique classique et populaire.

45e Festival de Sablé du 23 au 26 août.


Une programmation à 75% féminine

Sama' Abdulhadi © Jacob Khrist

Côté musique, Scopitone revient à une dimension plus humaine. Des nuits électro à Stereolux avec 2 500  personnes maximum, une manière de tourner le dos aux cachets à la hausse exponentielle dans l’électro. 75 % de la programmation est féminine puisque « la scène electro féminine est la plus aventureuse et la plus intéressante actuellement », selon Jean-Michel Dupas, programmateur. Puisqu’on est dans les pourcentages, 75 % sont de jeunes projets, 80 % des artistes sont des lives. On trouve 50 % de Français mais la diversité est là avec des artistes d’Angleterre, d’Amérique, du Pérou, de Malaisie, d’Ouganda, d’Algérie. Molécule, Max Cooper et Madben en têtes d’affiche. Le coup de cœur du programmateur, c’est Sama’ Abdulhadi : « J’ai rarement vu une dj aussi habitée. » Les arts numériques sont, eux, traités dans le dossier Un été dare d’art (page 68).

Scopitone Stereolux, Nantes, 13 au 17 septembre.


Du spleen à la subversion

Alexi Shell / DR

Le rendez-vous morlaisien change de formule pour devenir « plus petit mais encore plus beau ». Il investit l'ancienne manufacture de Morlaix avec trois scènes. Le Parc expo accueille, quant à lui, la deuxième partie de soirée, au Club Sésame. Après une hilarante session de stand-up avec Doully (20 septembre, Sew), entrons dans le vif du sujet, vendredi 22, avec l'électro déjantée de Mr Oizo (La Grande Cour) et la techno engagée de la sirène du futur Alexi Shell (Le Jardin). On passe à toute vitesse au samedi avec Marina Trench (Grande Cour), prêtresse montante de la scène house hexagonale et Atitja (Sew), rappeur morlaisien au spleen insidieux, avant de terminer sur l'hyperpop hardcore de Kimberlaid (Club Sésame). Dimanche, imprégnons-nous du pouvoir de subversion d'Astéréotypie (Sew), avant de nous libérer sur le cocktail révolté et festif des Vulves Assassines (Sew).

Panoramas 20 au 24 septembre, Morlaix.


Voyage en terre pop

Voyou © Emma Birsky

Un week-end de pop francophone aux multiples détours. Vendredi : la cyberpop astrologique du duo Ascendant Vierge ! Et, le temps de mettre l'univers en pause, laissons-nous embarquer par les sons mystérieux de Flavien Berger. La musique dansante et solaire de Molécule, avant de s'imprégner d'une féroce allégresse au contact de Samba de la Muerte et de nous laisser embarquer dans mille et une nuances de piano-voix teintées d'électro avec Nikola ! Samedi, osons l'alliage entre indie rock et techno berlinoise avec Aime Simone, avant de passer des murmures tranchants aux puissants cris de Zaho de Sagazan. De quoi nous inspirer avant de nous immerger dans les brèves contemporaines tissées par Voyou sur un phrasé entêtant... Et de danser sur les palabres de Claude, figure d'une génération désenchantée !

Baisers volés 29 et 30 septembre, La Nouvelle Vague, Saint-Malo.

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