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“Le moi dernier” par Pierrick Sorin, épisode 30



Photo / Pierick Sorin * Montage Karine Pain Publié dans le magazine Kostar n°30 - avril-mai 2012


C’est reparti. Nouveau passage par la case Air France pour aller vers des contrées où le froid est bien plus vif que « chez nous ». L’avion file vers Helsinki (- 23°C d’après certains informateurs). Je présente dans un musée de la ville une dizaine de « créations vidéographiques » : des œuvres « de commandes », sur le thème du jouet. Elles complètent et pimentent une exposition intitulée Des jouets et des hommes, présentée l’an dernier au Grand Palais, à Paris. Sur les conseils d’amis bien intentionnés, j’ai acheté des sous-vêtements dits « techniques », tout spécialement conçus pour des températures ultra-basses : maillot de corps et caleçon long (140€ l’ensemble). Quand on part vers des régions un peu exotiques, on trouve toujours des gens qui filent de bons tuyaux et de précieux renseignements sur le pays : « Fais gaffe ! Si tu veux acheter de la bière et des clopes, c’est avant 17h ; après, tout est fermé. » – « Tu verras : à 4h de l’après-midi, il fera déjà nuit »…

Le jour, en vérité, se levait à 8h et la nuit tombait vers 18h, heure à laquelle les boutiques étaient loin de baisser le rideau. Ça grouillait aux abords des « H&M » et autres « Esprit », dans les multiples étages des centres commerciaux climatisés.


“Sur les conseils d'amis bien intentionnés, j'ai acheté des sous-vêtements dits “techniques”, tout spécialement conçus pour des températures ultra-basses.”

Quant à la température extérieure, elle était loin d’être sibérienne. Je passais de toute manière le plus clair de mon temps dans les salles du musée ou dans des restaurants particulièrement bien chauffés. Les sous-vêtements « techniques » devinrent vite un supplice. Difficile de les ôter au beau milieu d’un repas quand, après une plâtrée de harengs-pommes de terre, une montée de chaleur vous rend aussi rouge et suintant que la sauce aux airelles servie avec votre ragoût de renne aux morilles. Bref, on a tôt fait de généraliser sur la base d’expériences parcellaires et subjectives.

De la Finlande, en dehors des restos et de mon lieu de travail, je n’ai pas vu grand-chose, comme d’habitude. Et comme d’habitude, je n’ai pris aucune photo. Ah si, juste une… avant de m’engouffrer dans un taxi pour reprendre l’avion : une affiche pour un concert sur laquelle figurait le nom assez original et amusant du groupe : « Cunninlynguists ». Pour une fois, j’eus le sentiment de comprendre un mot finnois. Après vérification sur la toile, je dus admettre que le nom n’avait rien de finnois et que cette affiche ne constituait en rien un souvenir de la culture locale. Elle se rapportait à des rappeurs américains. Le nom provenait de l’anglais « cunning » et signifiait « les linguistes rusés ».

Il est prévu qu’une partie des « œuvres soriniennes » installées à Helsinki soient visibles à Nantes durant l’été, dans un ancien hangar du quai des Antilles. Je n’en suis pas fier au point de vouloir à tout prix les présenter dans ma ville de résidence. Ce sont des « pièces » assez « grand public », dont la portée intellectuelle et poétique est assez limitée. Mais elles sont plaisantes à regarder et elle pourront agrémenter les promenades erratiques de quelques familles ou autres badauds solitaires. C’est l’essentiel.

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