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Pascal Beillevaire, une vie sur un plateau



Texte / Arnaud Bénureau * Photo / DR Publié dans le magazine Kostar n°34 - février-mars 2013


Au début des années 80, Pascal Beillevaire est seul à vendre ses fromages sur les marchés. Plus de trente après, il est producteur, fromager, crémier et à la tête d’une entreprise de plus de 200 salariés.


« J’étais destiné à reprendre l’exploitation agricole familiale. J’ai tout foiré », rigole Pascal Beillevaire, 53 ans, qui, depuis le 1er janvier dernier, a ouvert sa quinzième boutique parisienne au cœur du Quartier latin, rue Mouffetard. Comment foire-t-on aussi bien sa vie ?

Pour le comprendre, il faut revenir en 1980. « Je m’installe à mon compte dans la production et la vente de produits laitiers sur les marchés. Avec 75 000 francs d’investissement, c’est un départ très modeste ». La première fois que Pascal Beillevaire installe son estafette, c’est au Pellerin, à deux pas de Nantes, de l’autre côté de la Loire. « Le 28 juin 1980, je fais mon premier marché. Ça a bien fonctionné. J’étais plutôt content », poursuit celui qui se définit comme « naturellement optimiste. Malgré tout, je n’ai pas connu que des moments faciles dans le développement de l’entreprise. Car il faut prendre des risques. Celui du début est simple. Après, il faut prendre des paris où l’on met tout dans la balance. On a alors des dettes morales face aux gens qui nous suivent. Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, mais ça tabasse un peu. Des gens vous demandent des comptes rapidement. » Ceux-là qui, lorsque tous les clignotants sont au vert, vous déroulent le tapis rouge. Comme aujourd’hui. Et ce, même si Pascal Beillevaire ne révèlera pas le chiffre d’affaires de son empire fromager, « une entreprise en bonne santé », comptant plus de 200 collaborateurs.


« Un bon fromage est le décalque d’un terroir et reflète la passion des hommes et des femmes qui mettent en œuvre ce produit »

« Évidemment, je vous parle en ce moment de l’entreprise. Il y a mon nom sur les étiquettes. Mais Beillevaire, c’est un formidable travail d’équipe. » Cette dernière étant éclatée géographiquement. « En moyenne, entre les 21 magasins sédentaires, la dizaine installée dans des halles couvertes et la vingtaine de camions, il y a 50 points de vente par jour. » Dont une quinzaine à Paris et un installé à Londres, face à Harrods.

En passant de l’artisanat « décousu » à l’entreprenariat compétitif, Pascal Beillevaire n’a pas laissé de côté son cœur de métier, le fromage. « Un bon fromage est le décalque d’un terroir et reflète la passion des hommes et des femmes qui mettent en œuvre ce produit », poursuit cet amoureux du « bon et vrai Pont-l’Évêque » qui, s’il ne fait plus les marchés depuis longtemps, continue d’aller à la rencontre des producteurs.

Malgré tout, « de bons produits, ça ne suffit pas. Je n’ai pas envie qu’on aille chez Beillevaire et que l’on se retrouve face à des têtes de pioche. Beillevaire, c’est la qualité, l’accueil » et les deux pieds dans le monde d’aujourd’hui. « Il faut déringardiser le fromage. À Paris, dans la légitimité de notre métier, on propose du snacking. »

Pour autant, chez Beillevaire, le fromage n’est pas une affaire de mode, de tendances. « Le consommateur cherche la vérité. Plus il est proche du producteur, plus il est proche de cette vérité. Nous sommes une interface entre le producteur et le consommateur », conclut cet homme pressé qui se « force un peu » pour continuer à chasser, à pêcher, à faire du bateau ou à passer du bon temps entre amis. Un fromage Beillevaire toujours à portée de main !


1969

Il a dix ans et pêche sa première grenouille.


28 juin 1980

Son premier marché au Pellerin.


17 octobre 1980

Son mariage.


1987

Ouverture de la première boutique Beillevaire aux Sables d’Olonne.


1999

Décès de son père.

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