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Rome, par Nicolas Guiet




Un repas à sa table est une invitation au voyage. Pour Kostar, Nicolas Guiet, jeune chef nantais, se prête au jeu d’une ville ailleurs. Il nous raconte sa découverte, forcément gourmande, de la ville éternelle.


© Francis Guillard

Rome, c’est d’abord un aéroport en pleine nuit. Puis la découverte de la ville éternelle dans la lumière jaune des réverbères. Pas vraiment de dépaysement car il pleuvait ! Mais cette autre ville lumière n’en a pas moins révélé ses charmes, celle d’une ville attachante à plus d’un titre!

On arrive à Rome avec plein d’images dans la tête. Celles des vestiges, de la cité du Vatican, de la fontaine de Trevi ou des terrasses sous le soleil… Des images de cinéma. Je n’étais pas allé beaucoup plus loin que la frontière, du côté de Nice, mais, cette fois, j’y étais “en vrai” et qui plus est, en plein conclave. De quoi croiser davantage de touristes que de Romains. D’entrée, ce qui frappe, c’est le côté cosmopolite. Rome, c’est un bouillon de nationalités et de cultures. Ce qui surprend, c’est la gentillesse de gens qui font l’effort, au restaurant ou dans la rue, de vous parler dans votre langue alors qu’on essaie de bredouiller quelques mots. On se dit qu’en France, il nous reste des efforts à faire pour soigner notre accueil.

Au cours d’un séjour où nous étions trois Nantais (*), promus ambassadeurs de la gastronomie et des produits de notre région, nous avons furtivement joué les touristes. Passage obligé devant la fameuse fontaine qui permet, grâce à la tradition de faire un vœu en y jetant une pièce par-dessus l’épaule, de récolter 3 000 euros par jour (!) et devant le Colisée. Un peu de temps aussi pour se perdre dans le dédale des ruelles du vieux Rome à la recherche d’un bar à vin aux plats plus que romains, mais le ciel maussade, et parfois la pluie, n’incitait pas vraiment à la promenade. Par rapport à d’autres capitales, l’architecture monumentale semble être laissée à l’état brut. À chacun de la découvrir. J’ai eu le sentiment que l’Histoire devait suffire et qu’on n’avait pas forcément d’efforts à faire pour “vendre” ce patrimoine. Rome, c’est aussi, bien sûr, les parfums d’une ville du Sud, ceux de l’origan, du thym, du romarin et de la pizza cuite au feu de bois qui flottent dans l’air. Le parfum des orangers, surprenant quand on vient de Nantes.

Surprise également de découvrir une ville très “speed”, une ville où l’on ne flâne pas – et il n’y a pas que les voitures ou les scooters qui se la jouent à l’italienne –, et une ville où l’on se couche assez tôt. Peut-être était-ce la météo, le début de la semaine ou encore le conclave mais je n’ai pas vraiment ressenti le calme de la dolce vita. Ce qu’on retrouve, par contre, c’est le souci porté à ce qu’on est, le souci de l’apparence, quelque chose de léger assez éloigné de notre culture. L’ambiance était très particulière en raison du conclave. Des journalistes, des radios, des télés… et des touristes du monde entier. Mais paradoxalement, le soir de l’élection du nouveau pape, il n’y a pas eu d’explosion populaire. Les gens en parlaient bien sûr, ils avaient l’air content, mais ce n’était pas la Coupe du monde de foot !


“On y a retrouvé l’esprit locavore qu’on essaie de défendre chez nous. On parlait vraiment le même langage.”

Évidemment c’est autour des fourneaux que nous avons fait quelques belles rencontres. Tout d’abord à l’occasion d’un dîner de gala, organisé chez Gaetano Costa. C’est “le” restaurant chic de la via Sicilia. Difficile d’ignorer qui est le chef : Gaetano a ses initiales partout, y compris tatouées sur le cou. Là, on mesure qu’on est bien dans le Sud. Chez lui, avec Christophe (ndlr François) et Ludo (ndlr Ludovic Pouzelgues), nous avions pour mission de régaler et de faire rêver une salle inhabituelle : il y avait l’ambassadeur de France, accompagné d’une quinzaine de personnalités, et une vingtaine de journalistes et critiques gastronomiques. Avec des Saint-Jacques marinées à cru, jus de citron fumé et premières asperges, une daurade, accompagnée de courgette et d’aubergine, de coriandre et citron confit, et aux chips d’andouille et galette de blé noir, un veau à la crème d’anchois et croquettes d’artichaut… on a sorti le grand jeu et on leur a bien révellé les papilles. Les médias italiens découvraient la cuisine nantaise. Je crois qu’on leur a donné envie de venir voir la ville et la région… Et puis il y a eu cette rencontre, très sympa, avec Salvatore Tassa à Acuto. Le Colline Ciociare, un resto situé en pleine campagne, à soixante kilomètres de Rome. Un super accueil comme à la maison et un moment magique. Il avait organisé une rencontre avec des producteurs locaux. On y a retrouvé l’esprit locavore qu’on essaie de défendre chez nous. On parlait vraiment le même langage. Quant à nous trois, nous étions trois collègues, nous sommes devenus des complices et ce voyage nous a encore rapprochés.

Cette escapade ne m’a pas vraiment permis de découvrir la ville. Juste d’en respirer les parfums et, bien sûr, la cuisine. J’en suis revenu un peu frustré. Avec l’envie d’y retourner pour le plaisir d’un week-end à Rome, comme dans la chanson.


(*) Les trois lauréats 2012 des Tables de Nantes (Christophe François, Les Chants d’avril, Ludovic Pouzelgues, Lulu Rouget et Nicolas Guiet, L’U.ni) étaient invités à Rome par Le Voyage à Nantes pour trois jours de rencontres et d’échanges autour de la gastronomie. On les retrouvera cet été lors des dîners des chefs à la Cantine du Voyage.




Unique objet de mon enchantement


La capitale de l’empire romain conserve de remarquables vestiges de son passé. Un passé qui lui vaut d’être une grande capitale touristique. Mais Rome est aussi une ville d’aujourd’hui qui possède son musée des arts du XXIe siècle. Et si la mode se fait à Milan, c’est à Rome qu’on la porte.


Y aller

Transavia et Vueling assurent des vols directs au départ de Nantes. Tarifs selon les dates. Italowcost propose aussi des formules avec hébergement.


S'y loger

Beaucoup d’hébergements possibles (en 3*) à moins de 100 €/nuit. Comme au Dependance Hotel Dei Consoli, à quelques pas du Vatican. Mais on peut trouver une chambre double dans le quartier branché de Pigneto pour environ 50 €/nuit (B&B Pigneto).


S'y restaurer

Outre les deux tables recommandées par Nicolas Guiet, on trouve nombre de tables comme la Tratoria Monti (via di San Vito) ou Domenico dal 1968 (via Satrico) offrant de «vraies» spécialités italiennes. Très tendance également, les enoteca qui associent plaisirs de la table et découverte de vins italiens comme l’Enoteca Ferrara (piazza Trilussa) ou la très chic Enoteca Capranica (piazza Capranica).


Circuit Kostar

On parcourt Rome comme on feuillète un livre d’Histoire : le forum et le Colisée, le Vatican et la fontaine de Trevi… Dans le quartier populaire de Flaminio, la ville vient d’ouvrir un incroyable musée, le Maxxi Art. Consacré aux arts du XXIe siècle, le bâtiment spectaculaire est signé Zaha Hadid, une architecte anglo-irakienne. On y trouve des installations de Giuseppe Penone, Anish Kapoor ou Gino De Dominicis. Le soir, on peut mettre ses pas dans ceux de Pasolini en flânant via de Pigneto ou dans les ruelles de San Lorenzo. Ou danser jusqu’à l’aube, avec la crème des dj’s italiens du côté de Testaccio. Le Goa est un lieu mythique de ces nuits un peu folles. Roma, non basta une vita, comme disent les Romains. Alors, si une vie ne suffit pas, autant profiter aussi de la dolce vita.

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