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Stéphanie d’Oustrac, une voix sur un sillon



Texte / Vincent braud * Photo / Yann Peucat pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°35 - avril-mai 2013


Ses années à la Maîtrise de Haute-Bretagne sont (un peu) loin, mais Stéphanie d’Oustrac ne cache pas un bonheur intact : chanter sur les plus grandes scènes, certes, mais retrouver aussi “sa” ville (et son Opéra) et ce sillon de Bretagne loin duquel elle a parfois du mal à respirer.


Timide et asthmatique : le profil de la jeune Stéphanie frisait la double peine. Jean-Michel Noël, directeur de la Maîtrise de Bretagne, est pourtant le premier à déceler son talent. À 9 ans, elle se passe en boucle les voix qu’elle aime, celles de Barbara Streisand et de La Callas. Le choc viendra un peu plus tard, lors d’un récital de Teresa Berganza : « Là, je me suis dit: “ce sera ça”… »

Ses débuts, elle les fait avec le chœur de l’Opéra de Rennes. Au conservatoire de Lyon, elle croise le créateur du Festival d’Aix-en-Provence, Gabriel Dussurget : cette voix « longue et facile », il va l’aider à la garder. Puis, c’est William Christie qui est séduit lors d’une audition à l’Académie d’Ambronay. Le « chef chéri entre tous » lui fait travailler ce tempérament scénique et musical pour un rôle de Psyché qu’elle garde en mémoire. Voilà donc la jeune d’Oustrac estampillée baroque ! Sa voix de mezzo lui vaut de jouer tour à tour des rôles masculins et féminins. Et la comédienne qu’elle est se réjouit de jouer les jeunes premiers ou les femmes fatales. Reste que le monde de la musique est réticent au changement d’univers. On la voit en Rosine dans Le Barbier de Séville, puis en Carmen, à l’Opéra de Lille où elle casse la baraque en 2010. « J’aime ces personnages où il faut jouer… » Elle travaille avec Laurent Pelly, Jérome Deschamps, Jean-Marie Villégier ou encore Jean-François Sivadier. On la retrouve au Festival de Glyndebourne, sur la scène du Lincoln Center à New York ou de l’Opéra de Shanghai.


Sa voix de mezzo lui vaut de jouer tour à tour des rôles masculins et féminins.

Son parcours, Stéphanie d’Oustrac le place sous le signe de l’amitié et de la fidélité. Elle n’imagine guère un récital sans Pascal Jourdan : le pianiste et elle ne se quittent plus depuis le conservatoire.

Fidélité encore avec cette reprise de La Voix humaine. Sa filiation avec Poulenc est anecdotique à ses yeux, mais elle retrouve dans cette œuvre un fil qui l’a poussée à faire ce métier : un texte et une voix. Elle se sent à la fois heureuse et émue de se retrouver sur scène à Rennes. Et celle qui était « terrorisée à l’idée de devoir chanter à la fin d’un repas de famille » se retrouve à jouer à domicile.


La Voix humaine

L’œuvre illustre la complicité qui liait Jean Cocteau à Francis Poulenc. Dans une mise en scène de Vincent Vittoz, Stéphanie d’Oustrac, arrière petite-nièce de Poulenc, est cette jeune femme qui essaie, au téléphone, de retenir son amant.

La Voix humaine, les 4, 6 et 7 avril 2013, Opéra de Rennes. www.opera-rennes.fr

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