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Une ville ailleurs : Charleroi


Call Boy

Texte et photos / Patrick Thibault et Vincent Braud


On peut y croiser un Marsupilami ou un “lonesome cowboy” à cheval aux abords d’un parc. Si Charleroi n’est plus cette riche capitale du charbon et de l’acier, c’est dans ses friches, ses bâtiments du patrimoine réhabilités qu’elle se reconstruit. Avec le street art et la musique, l’architecture, l’art contemporain et la photo, l’ancien “pays noir” commence à retrouver la lumière.

Tout a été dit (et écrit !) sur cette “ville à l’abandon”. Au point qu’un Carolo (ainsi qu’on appelle un habitant de la ville) a imaginé un safari de la déglingue (lire par ailleurs). Charleroi, “ville la plus laide de Belgique” ? C’est se contenter d’un cliché facile. Pour se plonger dans l’histoire de la ville et de la région, direction le Bois du Cazier. On y retrouve heures de gloire et drames de Charleroi, comme cette catastrophe minière du 8 août 1956 qui fit 262 victimes… Plusieurs musées y font revivre ce passé dans un environnement préservé.

Charleroi, c’est aussi le plus vaste musée de la photographie d’Europe, installé depuis 1987 dans l’ancien carmel de Mont-sur-Marchienne. L’ensemble architectural du XIXe avec son cloître et son jardin a été agrandi en 2008 pour offrir quelque 2 200 m2 d’exposition. Plusieurs expos temporaires dont l’une –  Photographie, arme de classe – permet de retrouver le travail d’Eugène Atget, de Cartier Bresson ou de Lisette Model… et une autre les combats de la ZAD de NDDL (si, si…) sous l’objectif de Philippe Graton.


Comme on dit ici, “si tu t’ennuies, va donc Chez ta mère !”. C’est un peu “the place to be” en fin de journée.

Pour l’art contemporain, impossible de ne pas faire un tour au BPS22. La construction du bâtiment date de l’Exposition internationale de Charleroi en 1911. Transformé et rénové, le musée d’Art de la province du Hainaut accueille en ce moment une exposition de Teresa Margolles, Te alineas o te alineamos, et une autre consacrée au travail de Marc Buchy. Ce musée propose même un “petit musée” avec un astucieux accrochage à hauteur du regard des enfants.

LaM.U, comme Manufacture urbaine, c’est un autre lieu pas comme les autres. Dans cette ancienne médiathèque, c’est à la fois un atelier où on brasse la bière et où on torréfie le café, une épicerie avec des produits locaux et artisanaux, un restaurant où on peut grignoter entre amis ou déguster la célèbre carbonnade de Charleroi. C’est aussi La Table, un restaurant gastro et une cuisine “nature” imaginée par Fabrizzio Chirico.

Après les circuits street art qui vous sortent de la ville, Charleroi, c’est encore un circuit art déco. Avec l’impressionnant intérieur de l’hôtel de ville et son beffroi, et cet art nouveau du début XXe dont témoignent la Maison dorée ou les belles demeures de la rue Léon Bernus. Mais ce sont aussi des rencontres avec des gens (un peu fous ?) qui se bougent pour faire renaître la ville. Et, comme on dit ici, “si tu t’ennuies, va donc Chez ta mère !”. C’est un peu “the place to be” en fin de journée. On vous y propose un choix de 48 bières. Et on vous promet de belles rencontres.





L'étoile du jazz

Elle n’imaginait pas vivre ailleurs que dans “sa” ville. L’an dernier, la chanteuse Melanie De Biasio, petite fille d’immigrés italiens, a acheté l’ancien consulat… d’Italie. La somptueuse et imposante bâtisse du XIXe, construite par un ancien bourgmestre, témoigne de la splendeur passée de la ville. Elle est en travaux pour quelques mois encore. « Je souhaite en faire une résidence pour les artistes, pas forcément un lieu de création mais un espace d’interrogation… quelque chose comme une pension de famille… un lieu de rencontres aussi avec le conservatoire mitoyen et les écoles alentours. » En nous faisant visiter son chantier, la jeune étoile du jazz contemporain rêve de voir les Carolos réinvestir, comme elle, leur ville. Et cette jolie demeure du boulevard Oudan.

En concert au théâtre, saint-nazaire, 29/11. Théâtre municipal, Rezé, 9/12.



Le prince de la déglingue

Vous voulez voir la maison du tristement célèbre Marc Dutroux ? Il vous y emmène. De “la ville la plus laide du monde”, selon un sondage de ces perfides Flamands, il a fait son terrain de jeu. Il a imaginé un incroyable safari urbain, une visite hors des sentiers battus du tourisme classique. De l’escalade d’un terril à la visite d’une station de métro fantôme, il fait partager son amour du “pays noir”. Lui qui a grandi “dans les beaux quartiers” regrette que les “bourgeois” aient déserté la ville en rêvant déjà à de nouvelles aventures du côté de Montignies-sur-Sambre et de son cercle paroissial – le cercle Saint-Charles – dont il souhaite (re)faire un lieu de vie. Culturel mais fort populaire.




Une tête de l'art

Il fallait être fou pour racheter 4 000 m2 de friche industrielle. Avec un collectif, créé en 2001, Michael Sacchi a imaginé de transformer ces anciennes forges de la Providence (où furent fabriqués des tronçons de notre Tour Eiffel) en salles de concerts, studio d’enregistrement, espace d’exposition… Ainsi est né le Rockerill qui accueille aussi bien la crème de la scène électro de Detroit que le rock psyché de Moon Duo, les platines du “voisin” français Yuksek ou encore des œuvres d’Elzo Durt ou Sébastien Bracq. Si, aujourd’hui, la réputation a passé les frontières, le Rockerill reste, pour ses créateurs, à l’état de projet. Les hauts-fourneaux sont éteints mais la flamme est toujours là.




Au bar et à la page

Il n’y a pas qu’à Paris que la Rive gauche est chic. À Charleroi, l’imposant centre commercial finirait par faire oublier le joli Passage de la Bourse. Un lieu de résistance au mercantilisme voisin. C’est là que se trouve Livre ou verre, une alternative originale et chaleureuse imaginée par Blandine, fille de bouquiniste. Des milliers de livres débordent des étagères, rayonnages, valises et malles disposées dans ce salon-de-thé-bistrot-bouquinerie. On vient y lire, y acheter un livre introuvable ou improbable, y parler philo, y discuter en anglais ou en italien, ou faire du tricot au fil des animations proposées par ce salon de thé pas comme les autres.

Livre ou verre, passage de la bourse





Y aller

À compter du 20 mars, la compagnie Ryan air ouvre sa 14e liaison. Destination de Charleroi au départ de Nantes-Atlantique. Mais il est aussi possible de rejoindre la ville par le train en passant par Bruxelles. À partir du 15 décembre, train direct au départ de Rennes. Durée 4 heures, le temps de lire Kostar… Train au départ de Nantes également mais avec changement à Paris. Comptez une heure de plus.







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