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Une ville ailleurs : La Nouvelle-Orléans par Jean-Patrick Cosset



Texte et photos / Jean-Patrick Cosset



Le dernier album des Nantais de Mix City, Nola’s Mood, est sorti il y a quelques semaines. Ce disque est un voyage au cœur de La Nouvelle-Orléans. Pour que l’esprit soul et groovy de la ville américaine irrigue le mieux possible Nola’s Mood, le groupe a traversé l’Atlantique grâce à Trempolino. Pour Kostar, Jean-Patrick Cosset, chef d’orchestre de Mix City, nous livre son carnet de voyage et de notes.


Avant de partir, on m’avait dit que Nawlins était une des villes les plus dangereuses du monde. La délinquance ? Le vaudou ? Peut-être… En tous les cas, je n’avais jamais mis les pieds dans une ville aussi festive que Nawlins.

Ok, je n’étais pas à Ibiza dans les années 80 ou sur les plages de Goa à une certaine époque. Mais à La Nouvelle-Orléans, on retrouve un peu toutes les contrées des USA qui déboulent pour se mettre un peu la race. En même temps, c’est un peu normal. C’est le seul endroit des États-Unis où vous avez le droit d’être dans un état “désuni” dans la rue ! Bref, ce n’est pas toujours jojo. Mais le côté positif de cette liberté, c’est qu’il y a des clubs de musique à foison dans le “French Quarter”. Et la musique s’en porte mieux. Il y a de la concurrence. C’est un peu, par exemple, comme la rue Joffre à Nantes avec ses cafés-concerts : Le Violon Dingue et le Dynamo qui se font face. Quand il y a des concerts dans les deux lieux, c’est gavé de monde. Mais là, à New Orleans, c’est puissance dix. Ça joue dans toute la rue. Les clubs sont collés les uns aux autres. Et si le son ne vous plaît pas, c’est simple, vous allez dans un autre club. Vous finissez forcément par trouver votre bonheur. Ainsi, lorsque vous êtes musicien à La Nouvelle-Orléans, il faut être convaincant dans la seconde, faire le show et envoyer sévère. ll faut garder le public sachant que vous êtes souvent payé au pourcentage sur le bar et aux pourboires. Lorsque vous êtes musicien français, comme moi, ça fait réfléchir. Vous réfléchissez à votre rapport au public évidemment, mais aussi à votre approche de la musique. D’autant plus lorsque vous êtes branché sur la culture afro-américaine : funk, blues, jazz, Indians, brass-band bien groovy…


“Lorsque vous êtes musicien à La Nouvelle-Orléans, il faut être convaincant dans la seconde, faire le show et envoyer sévère.”

Bon ça, ça se passe sur la Frenchmen Street. Là où ça assure grave. Malgré tout, on trouve aussi de la bonne daube. Surtout dans Bourbon Street, leur rue de la soif à eux. On y trouve de tout et surtout n’importe quoi dès l’instant où les gens picolent des “grenades” ou autres alcools hyper toxiques et limite douteux. Vous pouvez aussi tomber sur des trucs bien “space”. À l’image de ce saxophoniste bien barré avec ses guirlandes lumineuses accrochées sur lui. Pendant quatre heures et sur son estrade à peine plus grande qu’un post-it, il a joué devant… personne ! On pourrait aussi vous parler de ce trio de chansons françaises en anglais… Mais c’est une autre histoire !

Tout ça, c’est le soir et la nuit. À partir de 17h et jusqu’à pas d’heure… Ah oui, j’ai oublié de vous dire que dans le club où nous avons joué, il y a le groupe de 17h, celui de 19h, de 22h et de minuit.

« – Hello guys, vous jouez à minuit. Ok ?

– Ok. On balance à quelle heure ?

– Rendez-vous un peu avant minuit !

– Bon ok, mais nous sommes juste dix sur scène avec cinq cuivres, un DJ, un chanteur, une basse, une batterie et un clavier à sonoriser… Et on joue jusqu’à quelle heure ?

– Bah jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne. 3h ou peut-être 6h. »

Sinon, La Nouvelle-Orléans vit également le jour. L’ambiance y est très différente, mais tout aussi festive. Pour preuve les Second Lines, ces parades de quartier qui ont lieu une fois par an. Pendant notre séjour là-bas, nous avons été gâtés. C’était le bicentenaire du quartier Treme, comme la très bonne série du même nom… Le départ de la parade était annoncé pour midi. Nous, on s’est pointé en retard. Vers 15h. Notre défi a donc été de retrouver le défilé dans la ville. Il avance vite. À cause des flics à cheval, à moto et en bagnole. Ils sont aidés par le FBI. Tout ce petit monde n’aime pas trop ce genre de rassemblement pouvant partir en vrille. Du coup, ils talonnent la procession pour qu’elle avance plus vite.

Grâce au gars du taxi, nous avons donc retrouvé le défilé. C’était du délire. Il y avait quatre fanfares à suivre. Les gars jouaient depuis trois heures et soufflaient comme des dingues dans leur biniou. Les percussions se la donnent grave. On sent que Cuba n’est pas loin. Tout le monde, ou presque tout le monde, danse en suivant la parade. L’ambiance est frénétique. Et puis, il y a les social-club de chaque quartier qui défilent devant leur fanfare. Ils sont sapés à mort avec des couleurs pas possibles. Ils dansent et swinguent comme des fous. C’est vraiment LEUR moment ! Il fait chaud. La musique est bonne. Les filles ne sont pas farouches. On ne rencontre que des gens sympas. Les glacières sur roulettes sont géantes. Les barbecues, traînés par les 4x4, aussi ! Le “truc” monte d’heure en heure. Nous aussi d’ailleurs! Bienvenue à Nawlins, la ville la plus festive du monde.






Jazz still alive


La Nouvelle-Orléans est la plus française des grandes villes américaines. Fondée par une poignée de nos ancêtres à la fin du XVIIe à l’embouchure du Mississippi, la ville fut vendue, avec la Louisiane, par Napoléon. Mais le “vieux carré”, le quartier français, n’est pas son seul atout.


Y aller

Pas de vol direct depuis le grand Ouest. Au départ de Paris, Air France, mais aussi Delta Airlines et beaucoup d’autres, offrent des vols A/R aux environs de 600€ mais avec escale à New York ou Atlanta, selon les compagnies. Ce qui peut prendre… un certain temps.


S'y loger

La ville – touristique – offre un vaste parc hôtelier. Certains grands hôtels, y compris dans l’Art district (voir ci-dessous), proposent des chambres à partir de 80€/nuit. Le quartier français n’est guère plus cher, mais les établissements peuvent dater un peu, comme l’Inn on Saint Ann. Les nostalgiques peuvent y trouver leur compte. Le Garden district, pas très loin non plus, est un peu plus cher. La solution peut être de louer un appartement (www.airbnb.com).


Circuit Kostar

Les cartes postales ne manquent pas, à grand renfort de plantations de coton et de clubs de jazz. C’est autour de Bourbon street (pas pour le whiskey mais en souvenir du Roi Soleil !) que s’organise la “vieille” ville, plus espagnole que française dans son architecture en raison de terribles incendies à la fin du XVIIIe siècle. Situé dans la partie la plus élevée de la ville, le “vieux carré” a été épargné par les inondations de 2005.

Passage obligé par l’incontournable Maison Bourbon, véritable mémorial du jazz et club mythique qui a vu Harry Connick Jr. y faire ses débuts. Mais la musique s’éclate dans de nombreux bars et restaurants et déborde joyeusement dans la rue en soirée. À quelques “blocks” commence l’Art district, branché et bobo, où l’on trouve musées, galeries d’art et ateliers d’artistes.

Installé dans une ancienne usine et un entrepôt à tabac, le Contemporary Art Center présente des collections permanentes et des expos temporaires. C’est là que Dan Cameron a créé, en 2008, la plus grande biennale d’art contemporain des États-Unis.

À voir également l’Audubon Nature Institute une série d’espaces et de structures consacrées à la faune et la flore de Louisiane. On ne manquera pas non plus la Moon walk, promenade aménagée au bord du fleuve où l’on se presse, aux beaux jours, pour regarder passer d’authentiques (?) bateaux à aubes.

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