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Une ville ailleurs : Washington DC

Le Capitole, siège du Congrès

Texte et photos / Vincent Braud et Patrick Thibault


Avec l’élection présidentielle américaine, voilà une ville dont il sera question dans les semaines (et les mois !) qui viennent. Washington DC n’est pas simplement la capitale des États-Unis, c’est une ville qui vit et qui vibre. Au-delà des incontournables clichés du Capitole et de la Maison-Blanche… 


Il y a quelque temps, Washington était gentiment (?) qualifiée de “belle endormie”. Comme si la ville n’était plus qu’un lieu de mémoire, une ville-musée avec ses monuments du pouvoir (Maison-Blanche, Capitole, Cour Suprême) et le circuit de ses “memorials” rendant hommage aux grands noms de l’Histoire américaine, de George Washington à Martin Luther King.


Blanche et… noire 


Si la Maison est toujours Blanche, une majorité de la population était noire au début des années 60. Washington se revendiquait alors “chocolate city”. Aujourd’hui, les Afro-Américains ne sont plus majoritaires mais la ville a gardé une identité cosmopolite et multiculturelle qui en fait le charme. n Il a fallu l’élection de Barack Obama pour que soit enfin posée, en 2012, la première pierre d’un National Museum of African American History and Culture, la plus grande institution retraçant l’Histoire des Noirs aux États-Unis. La construction de cet imposant bâtiment – devant lequel se bousculent les familles afro-américaines pour une photo-souvenir – a coûté 500 millions de dollars. Parmi les généreux donateurs, on retrouve un certain Mickael Jordan. Quant à Chuck Berry, il a fait don de sa Cadillac et de sa première guitare ! C’est le même Obama qui a inauguré le Memorial Martin Luther King.

La ville rend ainsi hommage à celles et ceux qui l’ont construite, à ceux qui ont défendu le pays et ses valeurs. Et c’est ce qu’elle fait au-delà du National Mall, ce long parc public qui part du Capitole jusqu’au Lincoln Memorial, en passant par le Washington monument, obélisque de 169 mètres de haut qui sert de boussole. Une coulée verte de plus de trois kilomètres, jalonnée de lieux de mémoire et d’incontournable musées. On y trouve aussi bien le National Air and Space Museum (l’un des musées les plus visités au monde) et le National Museum of Natural History que la National Gallery of Art et son jardin de sculptures.



Washington Monument. The White House / Face à la maison-blanche, les militants de la paix / National gallery of art


Ville de culture


Imaginez l’accès au Louvre ou à Beaubourg… gratuit ! Pas besoin de sortir dollars ou carte bancaire pour accéder aux musées de Washington. Libre accès donc aux riches collections de la National Gallery of Art. Des Manet, Cézanne, Gauguin comme s’il en pleuvait, côté West building, et des Modigliani, Picasso, Calder, Rothko, Hopper, O’Keeffe… dans l’East building, imaginé par Pei et ouvert en 1978. Les deux bâtiments sont reliés par une lumineuse galerie souterraine.

Le jardin attenant (25 000 mètres carrés) offre une pause au milieu des œuvres de Louise Bourgeois, Miro, Flanagan, Lichtenstein… La NGA n’est pas le seul musée d’art à visiter à Wahshington. Juste en face, le Hirshhorn Museum, en architecture brutaliste – comme le siège du FBI – réunit une belle collection de sculptures et organise des expositions temporaires de haute volée. La National Portrait Gallery est dans le même bâtiment impressionnant que le Smithsonian American Art Museum avec des collections hallucinantes dans les deux. C’est dire s’il faut prévoir du temps pour visiter Washington. Passez une semaine et vous ne vous ennuierez pas une seconde ! La gratuité rend les musées plus agréables avec une forte présence de la population locale : on est loin du très touristique Moma new-yorkais juste fréquenté par les férus d’art à 30 dollars l’entrée ! Plus loin, dans le chaleureux quartier de Dupont Circle, il y a The Phillips Collection, un musée privé donc payant mais qui vaut le détour compte tenu de ses expositions engagées et de son impressionnante collection de peintres européens. On y retrouve Courbet, Cézanne, Van Gogh, Picasso, de Staël mais aussi Georgia O’Keeffe et on s’arrête dans une émouvante salle Rothko. Les amateurs d’art et pas que… sont ici à la fête. Comme dans cet incroyable espace de création, Dupont Underground, aménagé dans une ancienne station de métro. 



Les goodies de la campagne, The Wharf, nouvelle aile de la National Gallery of Art, angle 15th & New York avenue


Une ville à respirer


En fait, à Washington comme ailleurs, il faut un peu de temps pour partir à la découverte de quartiers et en découvrir toute la richesse. On ne parle pas simplement de Georgetown, quartier historique où se retrouvent les “beautiful people” (lunch at Leopold !), ou de Capitol Hill et ses jolies maisons à l’ombre d’imposants bâtiments administratifs.

Ville américaine aux règles d’urbanisme spécifiques – pas de gratte-ciels (jamais plus de 8 étages) et de nombreux jardins et espaces verts – Washington incite à prendre son temps. Un coucher de soleil sur la Maison-Blanche depuis le rooftop de l’historique Hôtel Washington restauré par la chaîne W ou à l’hôtel Potomac. Dans le downtown, on peut dîner au très branché Oyamel (mexicain actuel) ou au chic pub Clyde’s. Puis on pousse jusqu’à Adams Morgan, par exemple, un quartier d’artistes à découvrir en soirée et, pourquoi pas, pour une nuit blanche. Sans oublier de faire un tour à Shaw, ce quartier noir qui a vu les débuts d’Ella Fitzgerald et Duke Ellington et qui continue à faire le show. Bars, restos, boutiques… à vous de jouer ! Parmi tous ces restaurants internationaux cosmopolites, si la France vous manque, vous pouvez dîner à la brasserie Le Diplomate à Logan Circle (c'est pas donné !).

Enfin, on n’oublie pas que Washington est aussi un port. Direction les rives du Potomac en fin de journée pour une balade le long du water front et du wharf avec un large choix de terrasses pour prendre un verre ou grignoter (essayez Kaliwa ou Del mar). On peut même s’y promener avec un t-shirt ou un tote-bag aux couleurs de Kamala Harris. Histoire de conjurer le sort.

Beaucoup d’Américains font le voyage à Washington pour le pèlerinage patriotique. On se demande pourquoi la ville n’est pas plus fréquentée par les touristes étrangers. Si elle ne se hisse pas à la hauteur de New York, côté gratte-ciels, elle a tout d’une grande à taille (plus) humaine. Osez Washington, vous vous régalerez !

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