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Venise, campo del arte


Tau Lewis, Solange Pessoa, Ibrahim El-Salahi, Arsenale

Texte et photos / Patrick Thibault


Venise ne change pas et c’est très bien ainsi. Mais, tous les deux ans, la Biennale d’art contemporain lui donne un coup de fouet. Pour l’édition 2022, Cecilia Alemani, la commissaire générale, a réuni 80% d’artistes femmes pour l’exposition The Milk of dreams qui s’éclate entre l’Arsenal et les Giardini. Une première.


Ville d’histoire avec un patrimoine culturel hallucinant, Venise est aussi une capitale de l’art contemporain. La Biennale di Venezia est la plus grande et la plus prestigieuse des expositions internationales d’art en Europe. Elle réunit artistes et visiteurs aux Giardini, à l’Arsenale mais aussi un peu partout en ville.

Parcourir la ville à pied, gagner les îles de la lagune en vaporetto, sortir des sentiers battus et se perdre dans l’enchevêtrement de ruelles et de canaux… Revoir Venise, c’est retrouver la force d’une cité qui ne cesse de surprendre. La Biennale peut avoir un côté marathon. Une journée aux Giardini, une autre à l’Arsenale, puis deux, trois, voire quatre autres sans, pour autant, réussir à tout voir. Pas le temps (mais est-ce grave ?) pour un tour de gondole à 80 € !

Mon coup de cœur de l’édition 2022 ? L’exposition de l’Arsenale. Dans le cadre extraordinaire de la corderie (316 mètres de long !), à laquelle s’ajoutent différents corps de bâtiments et les jardins (au total 50 000 mètres carrés), l’expo se régénère en permanence. Si la présence des femmes impressionne, on est également séduits par la forte présence d’artistes d’Asie et d’Afrique. De quoi renouveler un regard parfois trop “occidentalisé”.


Coup de cœur pour l'Arsenale

Malgré l’accueil par un éléphant grandeur nature de Katharina Fritsch, l’exposition officielle aux Giardini semble parfois plus confuse. On a néanmoins plaisir à retrouver les photos de Claude Cahun, quelques figures du patrimoine surréaliste, une très belle salle habitée par les sculptures d’Andra Ursuta et les œuvres de Rosemarie Trockel, de Miriam Cahn ou de Paula Rego.

Que dire des pavillons nationaux sinon que le meilleur y côtoie le pire, que la fantaisie du pavillon autrichien est plus intéressante que celle du pavillon brésilien, que la radicalité des pavillons allemands et espagnols déçoit, que le patchwork de l’artiste rom polonaise Malgorzata Mirga-Tas est réjouissant alors que la projection du pavillon grec ne mérite pas que l’on fasse la queue pour attendre son tour, que le pavillon mexicain amuse la galerie, que la proposition plurielle de l’Afrique du Sud séduit une fois de plus, qu’il ne faut pas rater le pavillon américain transfiguré par Simone Leigh ou encore les projections de Francis Alÿs dans le pavillon belge… Que dire du pavillon français sinon que la proposition de l’artiste d’origine algérienne vivant à Londres Zineb Sedira est bien trop nostalgique pour que l’on comprenne son poids politique ?


De Kapoor à Kiefer

En ville, un passage chez Peggy Guggenheim s’impose. Pour le lieu, la collection et l’exposition temporaire Surréalisme et magie. La Galeria dell’Academia, elle, accueille des installations monumentales d’Anish Kapoor. Avant ou après, on peut faire une pause Campo San Tomà, à la trattoria du même nom, l’une des moins chères (et des meilleures !) de Venise.

Dans le cadre prestigieux du Palazzo Ducale, Anselm Kiefer habite littéralement la salle du Scrutinio avec une installation monumentale qui permet de retrouver, du sol au plafond et à 360 degrés, la folie de l’artiste et l’ensemble de ses thématiques. De l’autre côté du canal, l’exposition de la star afro-américaine queer Kehinde Wiley à la Fondation Cini est hallucinante mais se termine le 24 juillet !

La collection Pinault présente, au Palazzo Grassi, une très séduisante exposition de peintures de Marlène Dumas. Par contre, à la Punta della Dogana, les vidéos et installations de Bruce Nauman sont à la fois spectaculaires et… anecdotiques. Toujours en ville, il faut passer au pavillon de l’Ouganda dont c’est la première participation (mention spéciale du jury).

En fin de journée, on profite du coucher de soleil sur la lagune en dégustant le cocktail emblématique de Venise : le Spritz. Et n’allez pas dire que c’est le même qu’ailleurs ! Les Vénitiens préfèrent en effet le Select en lieu et place de l’Apérol jugé à la fois trop sucré et bien trop commercial. Plus rouge, plus amer et plus tonique ! Demandez un Select Spritz et vous aurez un peu moins l’air de touristes.


La Biennale d’Art Contemporain de Venise, jusqu’au 27 novembre.

De gauche à droite, de haut en bas : Pavillon ougandais, Pavillon autrichien, Pavillon polonais, Andra Ursuta, Rosemarie Trockel, Giardini, Pavillon USA, Kehinde Wiley



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