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À l'Ouest, du nouveau

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Dossier réalisé par Matthieu Chauveau, Hélène Fiszpan, Fabienne Ollivier, Benjamin Rullier, Matthieu Stricot * Photo / Margaret Tchatcheuse © Adèle Cernesson Publié dans le magazine Kostar n°98 - décembre 2025-janvier 2026


C’est presque une tradition. À l’approche des fêtes, mais aussi des Trans Musicales (Rennes) et du Bise Festival (Nantes)… on en profite pour faire un tour d’horizon des meilleurs artistes émergents en musiques actuelles sur le territoire. Et ils-elles sont nombreux·es ! Pour les départager, on a beaucoup écouté de musique. Ainsi que les conseils avisés des programmateurs·ices de salles, d’Angers à Brest, de La Roche-sur-Yon à Saint-Malo… On les en remercie !



Simone d’Opale

Pierres de lune


Simone d'Opale © Minoltor
Simone d'Opale © Minoltor

« Je me suis réveillée un matin avec ce nom en tête et ça m’a donné envie de refaire de la musique. » Ce nom, c’est Simone d’Opale, projet porté par les textes et la voix de Manon Claude qui, après dix ans de chanson française, souhaitait se dévoiler autrement, « accompagnée d’instrumentations plus inspirées des musiques anglo-saxonnes ». Arrangées par le multi-instrumentiste Paul Dechaume (Marquis de Sade, Da Silva…), ses compositions plongent dans une pop intrigante, où se mêlent boucles de guitares et nappes synthétiques. Après un premier EP en quête de refuge, le tout chaud Bonjour Fantôme convoque des spectres que l’on sort de l’ombre pour les rendre moins terrifiants, au fil de morceaux où « le passé, le présent et le futur s’unissent dans l’instant ». Accompagné par la finesse du batteur Federico Climovich, Simone d’Opale sort du studio pour sillonner les scènes de l’Ouest. Après avoir assuré la première partie de Frànçois and The Atlas Mountains au VIP de Saint-Nazaire en novembre, le trio se dévoile pour les Bars en Trans à Rennes début décembre, avant de revenir dans son Nantes natal pour sa release party au Pannonica.   BR

Bars en Trans, Ty Anna Tavarn, Rennes, 5 décembre.

Pannonica, Nantes, 17 décembre.

À écouter, EP Bonjour Fantôme.


Bash Barrow

Prince de la chill

Bash Barrow / DR
Bash Barrow / DR

« Ce monde est dur pour les doux rêveurs. » Discuter avec Bash Barrow quelques jours après la sortie de son nouvel EP, c’est remonter tranquillement avec lui le fil de mois de création. C’est parler d’amour, de rupture, d’IA et de Chillance zone : six titres qui invitent à « prendre le temps de rêvasser, de ne rien faire, de se déconcentrer ». Pour cette troisième session studio depuis 2023, Bash Barrow pose sa voix basse et granuleuse sur des instrumentations qui glissent des guitares nues aux claviers lo-fi. De 40 degrés à Outavu, l’Angevin établi depuis quelque temps à Tours se permet quelques souffles nouveaux dans son rap épuré, posé. « C’est la première fois que je mêle couplets rappés et chantés. Je m’amuse à passer d’un langage à l’autre. » Au micro de la chill trap de VssVd pendant 10 ans, au sein du crew Bayou Bambou club ou plus récemment sur l’album de Chahu, Bash Barrow s’installe en solo dans la longueur et nous invite dans son EP comme sur son canapé. Accompagné de son guitariste, on le retrouvera en ouverture de Sopico au Chabada à Angers ou au Quai M à La Roche-sur-Yon. L’occasion de reprendre avec lui à l’approche de l’hiver : « L’été était doux. L’été était doux. »   BR

Le Quai M, La Roche-sur-Yon, 13 décembre.

Le Chabada, Angers, 15 janvier.

À écouter, EP Chillance Zone.


Bonne Nuit 

Déferlante électro-clash


Bonne nuit © krema.jpg
Bonne nuit © krema.jpg

Bonne Nuit n’a que deux ans d’existence. Le duo est pourtant le fruit de dix années d’amitié, de disputes, de faux départs et d’un lien presque fraternel. Tout commence au collège, quand Théodore tombe sur un snap d’Étienne jouant de l’accordéon en soirée. Depuis, ils avancent ensemble, regardant le monde s’effondrer avec un sourire en coin. Cette ironie d’une jeunesse pas complètement désabusée s’incarne dans une electro-clash brute, traversée de synthés et de textes en français qui collent à la peau. « Nos chansons parlent de ce qui nous bouscule : nos colères, nos doutes, nos émotions. Notre EP Crier vomir pleurer reflète notre génération, ambitieuse mais un peu perdue, révoltée mais parfois lassée. » Originaires de deux communes rurales vendéennes, ils restent profondément liés à ce territoire. « Enfants d’agriculteurs, on a grandi au milieu des champs. Les ravages écologiques, la disparition du vivant, tout ça nous touche énormément et ça transparaît dans notre musique. » La sortie de leur EP est prévue pour février 2026. Sur scène, leur live déborde de sueur et d’amour. Parfois un peu trop, lorsque Théodore se casse le bras en sautant du toit d’une scène ! Ils seront en concert aux Trans Musicales de Rennes. En espérant qu’ils reviennent en un seul morceau.   HF

Le Sew, Morlaix, 29 novembre.

Parc Expo, Trans Musicales, Rennes, 6 décembre.

À écouter, EP Crier vomir pleurer, sortie février 2026.g


Plouz&Foen

Rap made in BZH

Plouz&Foen © @ChloeMichelle
Plouz&Foen © @ChloeMichelle

Leurs sets explosifs ne laissent personne indifférent. Les Plouz&Foen jouent la carte d'une identité forte dans le monde du hip-hop, avec un rap à textes percutants, qui évoque aussi bien leurs vies que les sujets forts de l'époque. Leurs influences : les sonorités rap nineties dans lesquelles ils ont été bercés tout jeunes et la solide culture qu'ils se sont forgée depuis. Et pour ces deux rappeurs qui se sont rencontrés sur les bancs de l'école Diwan, la langue bretonne n'a pas de raison d'être une barrière, c'est l'inverse. Les deux comparses Toutz et Kavalou ont commencé leur projet en 2018, avant que le second ne parte en Australie pour trois ans. Pendant cette coupure, ils n'en démordent pas, et c'est reparti pour une nouvelle phase en 2022, avec la sortie du morceau Strakal (« frapper fort »). Après deux EP, leur tout premier album est sorti fin octobre 2025 : un opus à écouter de A à Z pour saisir l'histoire en filigrane d'une cassette trouvée dans le grenier d'une grand-mère. Sur cette cassette, le nom de l'album : D'an neb a glevo, à comprendre par « à qui l’entendra »… Une brèche est ouverte dans la scène bretonne, la tournée se prépare pour les prochains beaux jours.  FO

À écouter, l’album D'an neb a glevo.



Dorrr

Soleil solitaire


Dorrr © Marion Fort
Dorrr © Marion Fort

Le premier album sous son nom date de 2021. Pour Dorrr, le projet solo ne fait que commencer. Repérée au sein des excellents The Blind Suns (surf-rock shoegaze angevin), la chanteuse, désormais nantaise, avait sorti un premier disque en parallèle de son groupe. « Je l’avais envisagé comme un side project, sauf que le groupe s’est séparé l’année d’après. » 2021, année maudite pour lancer un projet artistique, avec les reconfinements à répétition… En pleine remise en question, Dorota Kuszewska s’éloigne plus nettement du son Blind Suns (beaucoup de guitares et de réverb) dans ses nouveaux morceaux. Comme un clin d’œil, l’un d’eux s’intitule d’ailleurs Lonely Sun. « L’EP que je prépare, c’est vraiment mon esthétique à moi. J’abandonne les paillettes qu’on pouvait trouver dans mon précédent disque pour un son plus brut, minimaliste, plus cash, plus sombre aussi. » Moins dream-pop, plus electro, avec même des sonorités inspirées du hip-hop, la Dorrr nouvelle version est surtout une femme artiste qui s’assume. « Lonely Sun explore la métaphore du soleil pour parler des femmes dans la société, de leur force vitale. What’s Going On parle du côté sombre en nous, qu’il faut parfois savoir aller chercher pour en faire autre chose… »   MC

Bars en Trans, Salle de la Cité, Rennes, 4 décembre.

Joker's Pub, Angers, 27 février 2026.

EP prévu pour février 2026.



Medicis 

Post-rock made in France 

Medicis © Yohan Gérard
Medicis © Yohan Gérard

Medicis. Un nom chargé d’histoire, qui sonne aussi juste en français qu’en anglais. À ses débuts, le groupe hésite sur la langue à adopter. Il opte pour un nom bilingue, ouvert sur l’international qui traduit une musique sans frontières. Porté par quatre amis nantais, le projet rassemble des influences variées qui se croisent dans un album classé post-rock. Une étiquette un peu étroite pour ces amateurs de noise, qui citent Royal Blood ou Psychotic Monks en filiation. « Chacun apporte sa sensibilité, ses idées et ce qui le fait vibrer, c’est cette diversité qui nourrit notre identité sonore. » Leur album Where We Dive a été enregistré au Garage Hermétique, avec Pierre Le Gac à la réalisation (The Libertines, Philippe Katerine, Dominique A) et Yohan Gérard (London Grammar, Last Train, Mad Foxes) pour l’image. Un disque organique qui traverse les questions de solitude, d’amour, d’image de soi ou du sens de la vie. Sur scène, il prend toute sa puissance, emmené par deux guitares, une basse et une batterie. Le groupe est programmé au Bise Festival de Nantes. Une occasion de découvrir des titres anciens et des morceaux inédits qui « explorent de nouvelles directions ». La suite s’écrit déjà ailleurs…  HF

Culture bar-bars, café de la cité, Nantes, 27 novembre.

Bise Festival, Stereolux, Nantes, 21 janvier 2026.

À écouter, album Where we Dive.


deVénus

Astres stars


deVénus © Josic Jégu
deVénus © Josic Jégu

Elle est danseuse, il est aux Beaux-Arts. Formé·es très tôt à la musique, la sœur et le frère constituent depuis 2023 le duo deVénus, avec une envie « d’allier leurs forces ». Leurs avatars naissent. « Au début, je crois qu’on ne se sentait pas légitimes, alors on s'est inventé des personnages. » Depuis, leur vaisseau s’est posé sur les scènes du Chabada, du TU-Nantes, du Qu4tre ou encore du Musée des beaux-arts d’Angers, dans des shows libres et débridés. « On est hyper inspiré·es par les esthétiques waq, le voguing, avec des influences drag dans les personnages, le maquillage », rappelle Charles. « On aime aussi questionner la forme du concert : pour nous, c’est un endroit où on peut tout se permettre », prolonge Joséphine. Après STATION, premier EP lunaire sorti au printemps dernier, le duo s’attelle à six nouveaux titres qui mettront le pied au sol, avec une envie de se confronter. « On traverse beaucoup de questionnements sur les traumas familiaux, les enjeux de société. On va un peu plus poser les termes. » Un désir en cohérence avec leur recherche musicale : « On veut garder quelque chose de brut, en travaillant avec de vrais matériaux plutôt que de passer des heures à chercher le bon drum sur un logiciel. » Et évidemment, des clips accompagneront ces sorties : « tournés sur fond vert, avec des décors faits à la main, à la manière des premiers effets spéciaux du cinéma ». En sons et lumières.  BR

À écouter, Premier EP STATION.


Lova and the Eight Million Dollars

Beaux-arts pop

Lova and the Eight Million Dollars © Gregg Yodel
Lova and the Eight Million Dollars © Gregg Yodel

Le lien entre Stockholm, d’où est originaire Lova Karlsson, et la Cité des Ducs ? L’école des beaux-arts de Nantes où la chanteuse a rencontré les membres de son futur groupe à la fin des années 2010. Spécialité : courts métrages expérimentaux. Forcément, on imagine la pop de Lova and the Eight Million Dollars un peu bizarroïde. Pas du genre à engendrer 8 millions de dollars de recettes – ou alors pas tout de suite. L’artiste cite Broadcast ou le mouvement trip-hop en référence. Nous, on se dit que le groupe aurait pu être signé sur le label allemand Morr Music, tant son electro-bricolo-pop chantée d’une voix diaphane rappelle celle d’un groupe comme Lali Puna. Pour la touche européenne aussi, Lova alternant le chant en anglais et suédois. « L’anglais, c’est pour nos chansons les plus pop et catchy. Je garde ma langue maternelle pour les titres plus poétiques, intrigants, avec une ambiance un peu Twin Peaks. » En témoigne Aluminium, dont les paroles consistent en « l’énumération des consignes de sécurité d’une usine d’aluminium ». Gentiment allumés, les musiciens bozardeux de Lova and the Eight Million Dollars ont réalisé pour l’occasion un clip déguisés en chevaliers en armure d’aluminium ! MC

À écouter, l’album Flittermouse (2024).

Nouvel album prévu pour 2026.


Horizontal Francis

Absurde poésie

Horizontal Francis / DR
Horizontal Francis / DR

Un copain qui fait sa vidange, une polaire oubliée sur un rocher, une anecdote entendue au bistrot, un coach qui nous apprend à réagir en cas d'agression… Derrière son association de mots sans aucun rapport, le groupe finistérien Horizontal Francis promeut la banalité de la vie de quadras, sur un ton premier degré frisant l'absurde. Le chansonnier Victor narre ses péripéties sur l'énergie rock instrumentale dégagée par Chanf à la batterie, Corentin aux claviers, Adrien à la guitare et Mathias à la basse. Si on les compare à Fauve, Gwendoline ou même Carlos Santana, le quintet ne cherche pas à placer ses disques dans un bac en particulier. Sur scène, difficile également de définir ces pyramides et ces passages au sol plus ou moins improvisés. « On aime tout mettre en place pour que quelque chose foire », s'amuse Adrien. Pour Noël, « seule période où on a le droit de chanter la paix et l'amour », un nouvel EP évoquera la fête familiale sur une touche noise. Après une savoureuse tournée des Vieilles Charrues et un passage remarqué dans la prairie de Kerampuilh en 2025, la fine équipe s'apprête à poursuivre sa poésie si particulière en 2026, laissant sa plume voguer en toute liberté. MS

À écouter, l’EP Au revoir chevals.


Fragile 

À fleur de peau 

Fragile / DR
Fragile / DR

Fragile confirme son statut de figure montante du post-hardcore français. Le quintet angevin sort son premier album, Big Big Smile chez Cèpes Records et l’événement était attendu. Douze titres à la puissance mélodique complexe, enregistrés avec Camille Belin (chanteur de Daria, groupe emblématique d’Angers) et masterisés à Boston par Jay Maas, membre fondateur de Defeater, pilier du hardcore américain. Pour Jean-Baptiste, guitariste du groupe, Fragile est avant tout « un projet axé sur l’émotion, la sensibilité et la notion de chanson. […] On essaie au maximum de créer et de tisser un lien émotionnel non seulement entre nous, mais avec les personnes qui nous écoutent et nous voient. » Une musique à fleur de peau, nourrie d’influences hardcore, emo, punk-rock, garage, folk, psyché, pop… Leur son puise dans la culture anglo-saxonne des années 80/90 et se déploie façon B.O de film, sous l’œil de Josic, guitariste et vidéaste du groupe, qui réalise leurs clips. Une tournée française est annoncée pour défendre cette onde de choc sonore. Sur scène, Fragile libère une énergie urgente, presque vitale, comme pour conjurer l’angoisse du temps qui passe. HF

Release Party, La Boule Noire, Paris, 12 décembre.

À écouter, l’album Big Big Smile.


Mensonges-sur-Loire

Rivière pourpre


Mensonges-sur-Loire / DR
Mensonges-sur-Loire / DR

Le mensonge, c’est qu’ils se sont rencontrés sur les bords de la Vilaine à Rennes et non sur les bords de Loire. Pour le reste, les Nantais.es de Mensonges-sur-Loire respirent plutôt l’honnêteté. « On s’inspire de ce qu’on vit et de ce qui nous touche. Notre nom, on l’a trouvé en traversant tous ces villages autour de Nantes qui se terminent par “sur-Loire”. Et “mensonges”, on aimait le mot, sa sonorité. Surtout, il contient “songes”… » Mélange d’electro tendance EBM (Mimmo aux machines) et de psychédélisme (Man Ju au chant incantatoire – mi-Catherine Ringer, mi-Brigitte Fontaine – et à la guitare), la musique du duo a bien quelque chose de rêveur. Mais chez eux, la féerie se drape toujours d’un voile d’inquiétude. « Comme dans les films de Tim Burton, on aime raconter des histoires à la fois merveilleuses et sombres. » En témoigne Montagne noire, ensorcelant morceau sur « une montagne qui dévore des enfants », écrit lors d’un voyage en Écosse et travaillé en résidence au Manoir de Kerminy, près de Concarneau. On adore surtout sa captation live, tournée au milieu des arbres dans le parc de la Chantrerie à Nantes, dans une ambiance entre chien et loup, Edward aux mains d’argent prêt à surgir d’un buisson. MC

À écouter, l’EP Un millier d’années.


La Chøse

Music-hall intimiste


La Chøse © Fedia Le Grill
La Chøse © Fedia Le Grill

« Ça vient des films d’horreur et de science-fiction. C’est comme une bête qu’on n’arrive pas vraiment à saisir, qui prend différentes formes, qui est en continuelle métamorphose », confie Alexandre Alberts. Avec son frère Quentin, ils créent La Chøse en 2020 pour porter une comédie musicale, finalement devenue un album enregistré dans un grenier, puis un deuxième dans une cuisine (Rituel de mise à mort d’un apprenti naturiste en 2022, et Saison folle en 2024). Entre rêve et réalité, le duo – devenu trio avec l’arrivée de Léna Dangréaux au chant – brouille tous les codes pour un voyage sonore aussi religieux que loufoque. « Il y a une dimension théâtrale dans ce qu’on fait. On ne se limite pas en termes de style, c’est comme un cabaret foutraque avec des chansons baroques. Ce qu’on aime, c’est mettre des choses qui n’ont pas l’habitude d’être ensemble. C’est pour nous une modalité d’exploration : en tant qu’humain, on n’est pas qu’un, on est plein de choses à la fois. » À voir : le clip entre parking et steppe de leur chanson Intermarché, primé au Quimper Images & Films Festival… Accompagné par la Carène à Brest, le groupe d’Edern travaille sur un prochain EP et aussi sur un cabaret… Une nouvelle expérience qu’on imagine déjà médusante ! FO

À écouter, l’album Saison folle (2024).


Basic Partner

Le spleen et l'espoir


Basic Partner © Marindod
Basic Partner © Marindod

Repéré aux Trans Musicales 2024 et auteur d’une session d’anthologie pour KEXP, Basic Partner s’impose comme l’un des projets de post-punk français les plus prometteurs du moment. Né entre Nantes et Rennes, le quatuor, formé par Clément, Sacha, Anton et Marius, a quitté le garage rock pour explorer une musique traversée de mélancolie. « Une mélancolie qui n’est pas résignée. Il y a de l’espoir dans nos morceaux et on essaie de transmettre ce sentiment », précise Clément. Côté écriture, le groupe revendique l’influence de Leonard Cohen pour sa gravité spirituelle, Nina Simone pour sa voix, à la fois politique et intime, et Rupi Kaur pour sa poésie simple et incisive. Musicalement, son ADN puise dans les brumes 80’s/90’s de The Cure ou The Smiths et les sonorités d’Oasis ou de Blur, qu’il mêle à l’énergie d’artistes actuels comme Lola Young, Wet Leg, Turnstile, LCD Soundsystem ou Chalk. Depuis la sortie de son premier album en 2025, Basic Partner a tourné en Europe et compte parmi les rares formations invitées par l’Institut français de Chine. Leur nouveau single Fadeless marque un tournant : plus pop, plus solaire, mais toujours porté par un spleen lucide. Un virage affirmé, qui déploie une musique taillée pour l’international. HF

Salle des Fêtes, Douarnenez, 27 décembre.

À écouter, album New Decade.


Odoneila

Sincérité poétique


Odoneila © Mel Rodet
Odoneila © Mel Rodet

À 11 ans, Odoneila chante à la maison, accompagnée au piano par sa sœur. Née à Madagascar, elle grandit dans les Côtes-d’Armor. La jeune fille baigne dans un foyer résolument musical où la musique traditionnelle malgache côtoie Beyoncé et Johnny Hallyday. À 18 ans, elle se lance sur la voie du gospel avant d’élargir ses gammes à Rennes, où elle suit une licence en sociologie. R&B contemporain, hip-hop, rock et plus largement pop. Odoneila vogue sur le mélange des styles. En 2021, elle rencontre le guitariste et producteur Pierre Bouilleau, avec qui elle sort un premier EP, Americanah, en avril 2024. En parallèle, sous la houlette de Da Titcha, « le daron rennais du rap », la chanteuse évolue au sein du dispositif de l’Antipode Playground, qui lui ouvre ses premières scènes. « J’ai alors souhaité jouer avec un groupe. En novembre 2024, deux amis musiciens, Lucien et Enzo, nous ont rejoints. » Ensemble, ils tapent dans l’œil de Théo Muller, co-programmateur des Trans Musicales, à l’occasion d’un concert au Jardin Moderne. Une écriture spontanée, des anecdotes de vie, de la poésie… La chanteuse, habitée, travaille désormais sur une mise en scène théâtrale en vue de la tournée des Trans, qui accompagnera la sortie de son album, le 26 novembre. « J’espère emporter le public dans mon univers. »   MS

Trans Musicales, Le Liberté, Rennes, 4 décembre.

À écouter, album Tendre l’été.


Oonagh Haines

Danse dans la romance


Oonagh Haines © Martin Argyroglo
Oonagh Haines © Martin Argyroglo

Un synthé Casio, acheté pour trois euros dans une brocante, et la voilà membre de Sevezzo, fanfare originale qui parcourt les rues du Nord. Née à Londres avant de s’installer à Dunkerque à l’âge de 9 ans, c’est ainsi qu’Oonagh Haines s’est lancée dans la musique. Synthé Yamaha en poche, elle crée ensuite, avec le contrebassiste Antonin Carette, le duo semi-acoustique Polux. Puis le duo folk Meubelen (« meuble » en flamand), où elle s’essaye à l’harmonium. En parallèle, grâce à sa boîte à rythmes, elle construit les bases de ses premiers morceaux solo dès 2023. Après plusieurs dates en Belgique et une apparition sur la compilation du collectif queer et féministe Barbi(e)turix, elle décide de changer d’air et s’installe en Bretagne, terre de son arrière-grand-mère. Progressivement, ses morceaux techno-pop, s’inspirant du cloud-rap, du R&B voire du doom metal, prennent forme. Ses textes, qui piochent des éléments sur le net ou dans des biographies Tinder, trouvent un certain écho lors de la soirée Dig ! Dig ! Dig !, à l’Ubu début 2025. Maintenant, Oonagh Haines espère « vivre une communion avec le public » des Trans Musicales. Avant cela, direction Skopje, capitale de la République de Macédoine, pour un moment de partage au-delà des frontières ! MS

Trans Musicales, Hall 2 / Greenroom, 5 décembre.

À écouter, le morceau Loaded Gun (Barbi(e)turix Verticale).


The Chainsaw Motel 

Musique cathartique 

The Chainsaw Motel © Alexandre Picke
The Chainsaw Motel © Alexandre Picke

À l’image du film culte de Tobe Hooper, dont il porte le nom, The Chainsaw Motel ne fait pas dans la demi-mesure. Le duo guitare/batterie taille dans le vif, mêlant riffs saturés et beatmaking incisif. Un son frontal, hybride, forgé dans la chaleur du stoner, la rage du hardcore et l’héritage du nü metal. « Très tôt dans le processus de composition, nous intégrons des éléments de production électronique et de beatmaking à des riffs de guitare saturés. Nous cherchons un son un peu hybride. » Ce style, qu’ils qualifient de nü core, réconcilie l’énergie brute des 90’s avec une écriture ancrée dans le présent. L’anxiété, la dépression, les dérives de nos sociétés modernes inspirent des textes qui oscillent entre introspection et coups de massue. Sur scène, la formule duo explose avec deux musiciens « qui jouent comme cinq ! » (dixit le webzine La Grosse Radio). Après avoir enflammé la scène du Hellfest cet été, Romain et Orel seront au Bise Festival de Nantes en janvier. Leur prochain uppercut se prépare en studio, avec un nouvel album déjà taillé pour le live. Rendez-vous en 2026. HF

Le Ferrailleur, Nantes, 15 janvier 2026.

Bise Festival, Stereolux, Nantes, 21 janvier 2026.


FYRS

Beautés bienveillantes


Fyrs © Guillaume Fauveau
Fyrs © Guillaume Fauveau

L’un des morceaux de The Dangerous Beauties, le splendide nouvel album de FYRS, s’intitule Capital Cities. C’est pourtant loin d’une grande capitale que le Nazairien d’origine a décidé de s’installer : après un passage par Nantes, il se pose à La Roche-sur-Yon. « Cette chanson, c'est la question du choix de suivre ou non le mouvement général, celui qui associe la réussite à un mode de vie qui ne nous ressemble pas toujours. » Et on devine que Tristan Gouret de son vrai nom n’a pas envie de suivre les tendances. Intemporelle, son indie pop-folk porté par une voix aérienne le rapproche d’artistes à part comme Sufjan Stevens ou This is the Kit (d’ailleurs invitée sur l’album pour un duo). Affirmer son indépendance, c’est aussi prendre le temps de construire un projet qui lui ressemble. Biberonné à la pop anglo-saxonne, le garçon a composé ses premières chansons à 15 ans, avant de passer une année à Bristol (une capitale… celle du trip-hop) dans l’unique but de chanter dans un anglais parfait. Une dizaine d’années plus tard (le temps d’être sélectionné au Printemps de Bourges, de sortir un EP, un album, de tourner avec une certaine Zaho de Sagazan, qui fit jadis partie de son groupe), The Dangerous Beauties a tout de l’album de la consécration.   MC 

Quai M, La Roche-sur-Yon, 11 décembre.

6par4, Laval, 29 mars 2026.

À écouter, Album The Dangerous Beauties, sortie 21/11/25.


AlGhar

Terres inconnues 


Alghar © Photo q'Amar Nmr / Dessin Joachim Sontag
Alghar © Photo q'Amar Nmr / Dessin Joachim Sontag

Elle qualifie sa musique de « chanson trad fictive » et c’est exactement ça. Laurène Pierre-Magnani alias AlGhar (le laurier en arabe) s’inspire de ses racines subsahariennes (par son père) et méditerranéennes (par sa mère) pour tisser un langage musical qui n’appartient qu’à elle. D’ailleurs, dans plusieurs titres de son premier album, Gorgones, elle va jusqu’à chanter dans une langue inventée – fictive donc. « Un mélange de sonorités empruntées au turc, à l’arabe, à l’allemand et au créole. » AlGhar ne s’interdit rien et c’est pour ça qu’on l’aime, ayant officié dans de nombreuses formations qui l’ont emmenée « depuis le punk des caves bordelaises jusqu’au lyrique à l’Opéra Graslin » à Nantes. Il y a du jazz dans la liberté que la chanteuse, également bassiste, prend avec les formats (oubliez, sur certains morceaux, les couplets-refrains) et dans sa voix acrobatique, qu’elle « loope » volontiers en concert, pour créer de surprenantes mini-polyphonies. Parallèlement à son album, AlGhar présente une nouvelle formation, accompagnée de Neige Arnaud (OHM, Queen Willows) à la batterie et au chant, et d’un travail scénique minutieux pour des concerts promis comme « immersifs ».   MC

Stereolux, Nantes, 26 février 2026.

À écouter, Premier album Gorgones, sortie 5/12/25.


Gregailh

Explorer la tradition


Gregailh © Gwénolé Le Gal
Gregailh © Gwénolé Le Gal

Mêler les publics et croiser les genres. Telle est l’ambition de Gregailh. Le duo, fondé en 2024, est né d’une rencontre autour de la collecte de musiques de sonneurs. Résultat : un voyage entre tradition bretonne et sonorités expérimentales répétitives. Une collision harmonique entre le parcours d’ethno-musicologie de Jean-Félix et l’expérience d’Adrien, ingénieur du son et créateur sonore. Ce dernier revisite l’accordage d’une vielle à roue tout en créant des sons à l’aide de pédales d’effets. Les vibrations de la vielle sont transmises à la grosse caisse de Jean-Félix, percussionniste. Ensemble, ils explorent d’autres contrées. Notamment la sonnerie traditionnelle de bassin, une note fixe et vibrante issue du frottage de brins de joncs contre une bassine en laiton… Le projet, qui fonctionne aussi bien en fest-noz qu’en concert debout, a fait ses armes dans les réseaux musicaux et agricoles alternatifs, avec notamment un passage remarqué à la Nuit du Pommé, à Cornu, en novembre 2024. « Aux Ateliers du vent, à Rennes, en février 2025, nous avons réussi à réunir teufeurs et danseurs dans la ronde ! », se réjouit Jean-Félix. L’aventure continue avec la Tournée des Trans pour une exploration toujours plus lointaine. MS

Trans Musicales, Le Liberté, Rennes, 5 décembre.

Festival No Border, Brest, 10 décembre.


Margaret Tchatcheuse

Fraîcheur punk


Margaret Tchatcheuse © Adèle Cernesson
Margaret Tchatcheuse © Adèle Cernesson

« Se montrer impertinents et nonchalants. Faire ce qu'on veut, comme dirait Didier Wampas. C'est ça, être punk. » Le trio Margaret Tchatcheuse, clin d'œil à l'émergence du mouvement au Royaume-Uni dans les années 80, prend un malin plaisir à plier un morceau en une répét', sans trop se prendre la tête. « Sur scène, on s'autorise une grande liberté, en se laissant porter par l'énergie du live », assure Mogan. Le bassiste et chanteur du groupe a fait ses premières armes en compagnie de son ami Adrien, guitariste et chanteur, dans le projet Angryeti. Une énergie brute de décoffrage, qui a sillonné la Bretagne pendant quatre ans, avant que les deux compères ne soient rejoints par Élodie à la batterie et aux chœurs, en 2023. À la frontière de la punk-pop et du garage-punk, Margareth Tchatcheuse chante en français, avec des refrains catchy et des mélodies sauce power-pop. Amoureux du Do It Yourself, le trio fabrique lui-même ses t-shirts et ses cassettes audio. Appuyons sur « lecture ». Les paroles évoquent la plage, les kebabs et des aventures rennaises. Des anecdotes du quotidien, avec un certain degré d'autodérision. Une joyeuse impulsivité, à même de rafraîchir le public des Trans.   MS

Trans Musicales, Le Liberté, Rennes, 6 décembre.

À écouter, EP Carte postale.

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