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À 38 ans, Matthieu Rietzler a pris la direction de l'Opéra de Rennes



Interview / Patrick Thibault * Photo Yann Peucat pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°65 - avril-mai 2019

À 38 ans, Matthieu Rietzler est déjà passé par plusieurs maisons et villes. Secrétaire général à l’Opéra de Lille, puis de la Maison de la danse à Lyon, il a succédé à Alain Surrans qui a pris la direction d’Angers Nantes Opéra.


Angers Nantes Opéra a engagé le directeur de l’Opéra de Rennes dans le but de réunir les opéras. Dans ces conditions, comment préserver l’identité rennaise ?

L’identité rennaise sera préservée puisque les deux maisons vont rester indépendantes. Mais nous avons intérêt à collaborer. Chaque saison lyrique aura quatre productions communes : deux de l’ANO et deux de Rennes. Elles seront jouées sur l’ensemble du territoire. Ce fonctionnement, j’y crois beaucoup. On va réussir à diffuser plus largement. C’est plus économique et plus satisfaisant pour les artistes.


Comment se passe la collaboration ?

On est dans un dialogue de qualité. Nous n’avons pas les mêmes goûts mais des valeurs communes. Nous sommes là pour défendre la dimension fédératrice de l’opéra. Du baroque au contemporain, nous devons travailler sur l’ensemble du répertoire. Nous voulons une vision “modélisante” à l’échelle nationale et nous sommes partis pour.


L’Opéra de Rennes aura-t-il les moyens de rester une maison de production ?

Oui, mais l’objectif c’est d’en faire moins. Nous aurons deux productions avec l’ANO et nous avons rejoint la Co(opéra)tive qui réunit les opéras de Dunkerque, Compiègne, Quimper et Besançon. C’est un moyen de penser la production différemment et d’aller vers des scènes pluridisciplinaires.


“L’opéra de demain nécessite de s’appuyer sur l’équilibre entre un lieu fédérateur et de fête sans perdre de vue l’excellence.”

À moins de 40 ans, vous êtes l’un des plus jeunes directeurs, comment voyez-vous l’opéra de demain ?

J’ai été marqué par l’expérience de l’Opéra de Lille à sa réouverture en 2003. L’opéra doit être ouvert, connecté, généreux dans son rapport au public. L’opéra de demain nécessite de s’appuyer sur l’équilibre entre un lieu fédérateur et de fête sans perdre de vue l’excellence. J’espère montrer que l’opéra est une chose réjouissante, accessible et profonde. Acheter un billet doit être aussi simple qu’au cinéma.


Comment allez-vous travailler avec cette nouvelle garde rennaise ?

C’est assez grisant d’arriver à ce moment-là : on sent qu’on fait partie d’une belle aventure commune. Il est essentiel de travailler ensemble. Rennes a un tissu culturel extrêmement riche mais chacune des structures est un peu petite dans son domaine. Chacun a besoin des autres. S’il n’y a pas d’egos, on travaillera bien ensemble. On va être observé, c’est un cas d’école avec une petite audace.


Quels seront les principaux changements ?

Une ouverture à la danse. Contemporaine mais aussi classique et néoclassique. Nous aurons une place pour les formes pluridisciplinaires avec un opéra tango l’an prochain, une pour les écritures du XXIè siècle, une comédie musicale. La collaboration avec l’ANO fait gagner du temps de plateau et permet des levers de rideaux supplémentaires.


Si je vous demande de citer 3 opéras…

The Rake’s Progress de Stravinsky, l’un des grands ouvrages du XX e siècle, politique, néoclassique et parfait pour le plateau de Rennes. Un opéra de Mozart car nous avons un écrin pour ça et pour les XVIII e et début XIX e. Trois contes de Gérard Pesson dont je suis fier de proposer la création mondiale, à Rennes, dans deux ans.

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