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À l'Ouest, du nouveau


Sale © Marine Brehin

Dossier réalisé par / Matthieu Chauveau, Guillaume Goubier, Julie Haméon, Fabienne Ollivier, Benjamin Rullier, Matthieu Stricot Publié dans le magazine Kostar n°88 - décembre 2023-janvier 2024


Le grand Ouest est une terre propice aux artistes émergents. À l’occasion des Trans Musicales, Kostar présente 20 groupes de musiques actuelles auxquels on croit. Certains sont programmés au festival rennais, d’autres pas. D’Angers à Brest, du Mans à La Roche-sur-Yon, de Nantes à Vannes… suivez nos coups de projecteurs sur 20 jeunes projets musicaux prometteurs.


Our Lights

Des guitares sur le dancefloor

Our lights © Pauline Herlent

C’est un vrai groupe de rock indé comme on pensait qu’il ne s’en faisait plus. Des garçons avec des références solides, qui ont choisi leur nom en référence à un morceau du groupe belge BRNS. Un peu comme si des fans des Beatles s’appelaient Let It Be. Mais Our Lights, c’est surtout un mélange d’influences. Jouant ensemble depuis l’adolescence, les 4 Vannetais ne juraient d’abord que par un rock authentique (comprendre : l’éternelle recette guitare – basse – batterie). Mais voilà, Maxime, Vadim, Jean-Baptiste et Swann, la petite vingtaine, ont grandi à une époque où aimer la musique, c’est aimer toutes les musiques. Ou du moins ne pas s’interdire de fouiller dans un genre découvert grâce à cette caverne d’Ali Baba qu’est Internet : l’electro. « On essaie d’être le plus honnête dans ce qu’on propose, en mélangeant toutes les musiques qu’on écoute, confie Maxime (basse, synthé, voix). Cela donne une liberté musicale qui est très agréable. » Agréable pour le groupe, qui s’en donne à cœur joie, les chœurs (chacun des membres chante) éructant justement une joie certaine malgré quelques accès de mélancolie. Agréable (et même plus) aussi pour le public, qui assiste à un show entier, riche aussi bien en mélodies (des « gigamélodies », ose Maxime !) qu’en guitares triturées, en sons synthétiques et en voix autotunées. M.C.

Our Lights, le 8 décembre, Les Trans Musicales, Le Liberté, Rennes.


SALE

Force et délicatesse

Sale © Marine Brehin

Derrière le pseudonyme de SALE se cache Elsa Massol, un nom qui ne vous est peut-être pas inconnu. Et pour cause, l’autrice-compositrice angevine n’en est pas à son coup d’essai. D’E2M à My Sweet October, elle enchaîne les projets et les collaborations (on peut aussi entendre sa voix chez Jive Puzzle ou Kwal) depuis plus de 20 ans. Mais c’est donc bien sous le nom de SALE, anagramme de son prénom lui autorisant « une certaine forme d’impudeur » dans les textes, que sortait en avril dernier un EP cinq titres entre pop, folk et blues, où plane l’ombre de Bashung ou de Keren Ann. Et si les textes sont justes et font mouche, c’est peut-être que le projet est né de ce désir « d’allier le fond et la forme, la musique et les mots ». Car ce sont bien des questionnements personnels, entre autres sur sa « position de femme » dans le sillage de la vague Me Too, qui nourrissent l’âme à fleur de peau du projet, dans cette notion « que l’intime est politique », et en espérant que cet intime « touche le plus grand nombre ». Cette volonté de partage, on la retrouve aussi dans un certain attachement à la transmission, que ce soit dans le cadre d’ateliers ou de concerts pédagogiques, comme celui qu’elle donne le 24 novembre au Jardin de Verre à Cholet. Autant de raisons de suivre de près la suite des aventures de SALE. G.B.

SALE


Dynamite Shakers © Adam Le Sommer

The Dynamite Shakers

Rock à tout crin

Une fougue électrique certaine les anime depuis le lycée. L'histoire des Dynamite Shakers démarre en mars 2019 lorsque Elouan, guitariste, fait la rencontre de François, batteur, et de Valentin, bassiste. Après avoir écumé les campings et bars de Vendée pendant un an, le groupe est rejoint par un second guitariste, Calvin, et par Lila-Rose, qui devient la bassiste de l'équipe. Le groupe, qui s'exprimait d'abord à travers des reprises rockabilly, se plonge très vite dans l'atmosphère du rock garage des années 60 de The Kinks ou The  Sonics. En parallèle, il se lance dans la composition. Il agrémente sa musique d'ingrédients plus récents, inspirés notamment par les Arctic Monkeys. L'été 2021 marque un tournant. Après avoir fait la rencontre du groupe américain The Fleshtones, les jeunes ont l'occasion de jouer en première partie de ses dates parisiennes. Au Supersonic, salle réputée, ils jouent dans une ambiance incroyable. « C'était l'orgie, les verres volaient dans tous les sens !», se souvient Calvin. On le comprend à la débauche d'énergie déployée dans leur EP Split Brain, sorti en 2022. Après avoir travaillé leur jeu de scène lors d'une résidence à La Roche-sur-Yon, fin octobre, les Vendéens explosifs semblent prêts à affronter le public des Trans Musicales. M.S.

The Dynamite Shakers, le 7 décembre, Les Trans Musicales, Le Liberté, Rennes.


Championne

Reprise de manettes

Championne © Aloïs Lecerf

« Il y a deux ans, c'est sorti d'un coup d'un seul », raconte la Rennaise, presque surprise. Après avoir passé son bac sur la route, tournant avec son premier groupe, elle monte le projet Cavale blanche avec deux musiciens (qui forment aujourd'hui le duo Gwendoline). Mais ses casseroles en illégitimité lui rendent difficile la composition. Elle fait un break pendant cinq ans, travaille dans un théâtre en attendant. Mais la musique revient, avec fracas : une première salve de compositions, de A à Z, « seule aux manettes ». Et Championne en a des choses à dire. Désir, sexualité, rapports de domination, sentiment dépressif, auto-sabotage, elle exprime ces sujets intimes « de manière directe et viscérale ». À l'été 2022, elle explore différentes directions musicales en studio, naviguant entre cold pop et post punk et se met à écrire en français. Cela arrive « sans prévenir, brutalement ». Elle trouve ainsi « une nouvelle manière de dire les choses, sans planque ». Sorti en septembre, son titre Bilboquet annonce le démarrage d'un EP qui sera distillé au cours des prochains mois. Programmée aux Trans Musicales et signée chez Parapente Music, Championne reprend le pouvoir, se nommant ainsi pour se donner le courage de ne plus baisser les bras. J.H.

Championne, 24 novembre, quai M, La Roche-sur-Yon, 7 décembre, Les Trans Musicales, Le Liberté, Rennes.


Creeds (Live)

Rave lyrique

Creeds (live) © Aethera - Filmcraft

Dix ans de piano, avant de passer au synthé à l'âge de 15 ans. Willy, alias Creeds, s'est alors ouvert les voies de la production électronique. Électrotrash, techno, hardcore, trance… « Avec plus ou moins de succès, j''ai exploré tous les styles au fil des années », confie le producteur nantais. Pendant la pandémie, il découvre la hard techno, surtout via le label Omny Lab. « Je me suis rendu compte qu'il y avait potentiellement une place pour mes projets. » À peine lancé dans ses nouvelles expérimentations, il produit Push Up (Rave Alert records, 2022), sans s'attendre à ce que ce titre devienne un tube international... « Après des années à faire toujours plus technique, j'ai voulu revenir à une mélodie simple, accompagnée par un kick de basse. » Les contacts du label et les réseaux sociaux ont ensuite fait le job... « Six mois avant la sortie, des artistes le jouaient déjà. Ça a assurément contribué à son succès ». Après avoir tourné à grande échelle en 2023, Creeds travaille désormais sur un live, entre rave, piano et voix, avec la chanteuse lyrique Helen-Ka. Heureux de pouvoir présenter ce nouveau projet aux Trans Musicales, Willy rêve désormais de se produire dans de grands festivals français en 2024, hors du milieu techno habituel, pour toucher un public plus large ! M.S.

Creeds (Live), le 9 décembre, Les Trans Musicales, Hall 9, Rennes.


Hanry

Une expérience épique

Hanry © Mathis Le Mounier

Tel un orchestre, le sextet Hanry déploie des plages instrumentales naviguant entre calme et tempête. Trois guitares, un clavier, une basse et une batterie s'allient dans un voyage musical post-rock teinté d'électronique. Un mélange puissamment aérien, qui vise autant à ravir les oreilles qu'à émerveiller les yeux. Dès 2020, Anthony et Marc ont fait émerger des idées de composition, avant d'être rapidement rejoints par leurs quatre comparses pour proposer une expérience sonore intense, à destination du public. Janvier 2023 : le collectif rennais se retrouve sur scène, pour la première fois, à l'Antipode pour les auditions des INOUïS du Printemps de Bourges. « On ne pouvait pas rêver mieux comme première date. On a adoré joué ensemble. Nous avons eu de très bons retours qui nous ont vraiment boosté », se réjouit Anthony. Une dynamique positive qui a suscité l'enthousiasme des Trans Musicales, où le sextet se produit. Une grande opportunité, pour le groupe, de faire connaître au plus grand nombre cette musique que l'on imaginerait bien dans la bande-son d'un film épique. « À l’avenir, le milieu du cinéma serait d'ailleurs une ouverture passionnante pour Hanry », conclut Marc. M.S.

Hanry, le 8 décembre, Les Trans Musicales, Hall 3, Rennes.


Vain

20 sur 20

Il est toujours intéressant de voir ce que donnent les projets solos des membres d’un groupe admiré. Chez les Slow Sliders, formation nanto-brestoise à l'origine d’un superbe album en 2018, le lyrisme d’une dream-pop sous haute influence Beach House flirtait avec un songwriting précautionneux qu’on devinait hérité des sixties. La voie (et voix) Beach House, c’était donc le chanteur Victor Gobbé, qui la prolonge aujourd’hui avec succès sous le pseudo Lesneu. L’obsession pour l’éternelle structure couplet / refrain / pont travaillée et retravaillée avec perfectionnisme, on découvre aujourd’hui qu’elle devait beaucoup à Gwen Mordret. Seul aux commandes sous le nom de Vain (à prononcer en français, comme les paroles des chansons), le Nantais fait son Paul McCartney fraîchement débarqué des Beatles. Traduction : il s’amuse avec la pop comme un enfant (surdoué) jouerait avec tous les jouets qui lui tombent sous la main. Ici un quatuor à cordes (la très belle ballade Joséphine), là un tube suranné tombé dans les oubliettes (la reprise de La Complainte du phoque en Alaska du groupe Beau Dommage) et un peu partout des guitares rock indé. The Slow Sliders ont sorti un seul et unique album. On croise les doigts pour que Vain en sorte un paquet après le premier prévu pour début 2024. Au moins autant que McCartney. M.C.

Vain, premiers morceaux à découvrir ici : linktr.ee/Vain_balles Premier album prévu au printemps.


Joanne O Joan

Rêve party

Joanne O Joan © Marceau Van Der Bijl

Dans une main je serre fort des choses qui n’existent pas. Les rêves et les cauchemars qu’on garde au réveil sont une matière précieuse pour Joanne O Joan. Le duo angevin puise dans l’univers onirique ou inquiétant de la nuit la substance de ses chansons électro pop d’une noirceur dansante, obsédante, envoûtante. Formé pendant le confinement de 2020 autour d’Élise et Romain, le groupe assume aujourd’hui ses penchants sombres sur un double EP. Le premier volet – Le Jour – est sorti en novembre et invite sur deux titres les voisins Chahu et Nerlov. Quatre morceaux qui transpirent la mélancolie et empruntent autant à James Blake qu’à Yelle, avant une deuxième partie. En janvier, La Nuit, pour danser, se lâcher et voir Le ciel, la nuit, la mer, le vide. Après avoir fait bouger les têtes et les corps du Elles Festival au Chabada ou de la Boule noire à Paris dans le cadre du Mama, Joanne O Joan prépare son retour pour 2024. Sur scène, le duo devient trio et les compositions se réinventent autour de la prestance et la voix d’Élise, également comédienne, des nappes synthétiques de Romain et des rythmes syncopés de Fabien qui les rejoint à la batterie. Un set physique, organique, comme une douce trance. B.R.

Joanne O Joan


Teenage Bed

Singulier et captivant

Teenage Bed © Championne

Lorientais d’origine passé par Nantes, Philadelphie et aujourd’hui au Mans, Nathan Leproust, alias Teenage Bed, promène dans ses bagages sa « pop maison » depuis quelques années déjà. Le choix des mots n’est pas innocent, car c’est bien à la maison que germent et s’épanouissent ces chansons à la sensibilité unique. Et si « faible fidélité », étiquette qu’il appose lui-même à sa musique, se rapporte bien à une esthétique lo-fi revendiquée, elle dégage un je-ne-sais-quoi d’authentique qui colle si bien à l’inventivité des arrangements et à son « appétence pour les bricolages sonores ». Cette authenticité, quiconque l’a vue en live pourra en attester. Entre le lecteur cassette qui porte à bout de bandes lesdits arrangements et cette forme de charisme nonchalant irrésistible, Teenage Bed se révèle d’une sincérité à la fois fragile et envoûtante qui laisse difficilement indifférent. Tout cela et plus encore se retrouve sur le longuement mûri Grand Val, magnifique album en clair-obscur d’une grande variété. Nathan y exprime toute l’étendue de sa sensibilité sur des textes en anglais et en français, qui « parlent beaucoup de la manière dont les espaces et les relations travaillent les gens, les espaces émotionnels et les espaces physiques ». De quoi attendre avec hâte l’EP de versions inédites qui sortira le 1er décembre. G.G.

Teenage Bed, EP le 1er décembre 2023.


Trainfantome

À maturation

Trainfantome © Félix Barraud de Lagerie

Il s’autoproclamait Mature Immature (le nom de son premier album) il y a déjà plus de 4 ans. Maturité de la musique, immaturité sentimentale ? La seconde alimentant – superbement – la première ? Cette hypothèse émise, on souhaitait à Olivier Le Tohic de ne pas changer sa méthode gagnante – ou plutôt perdante mais avec beauté (le mythe du beautiful loser) – pour la suite. Ouf, Thirst, le deuxième album du Nanto-Lorientais poursuit dans la veine de son prédécesseur, tout en assumant une vraie dynamique de groupe. Car oui, Trainfantome est désormais officiellement le projet de 4 musiciens. Des garçons croisés dans la scène rock indé nantaise au sens large, de la pop au noise. Pop et noise sont justement les ingrédients principaux des compositions d’Olivier, qui font qu’en écoutant Thirst, on jurerait être branché sur une radio américaine mainstream des années 1990, tout autant que se trouver plongé dans la scène hardcore la plus pointue de la même époque. Post-rock, grunge, shoegaze et pop emo se mélangent allègrement chez Trainfantome. Aussi bien que les labels indépendants Howlin’ Banana, Flippin’ Freaks et Influenza, qui co-produisent à trois cet album mixé avec une élégance rare. La maturité, la vraie ? M.C.

Trainfantome, nouvel album Thirst disponible


Judgitzu

Entrer dans une danse ésotérique

Judgiztu / DR

Lorsque Julien Hairon, acousticien de métier, part autour du monde, il décide d'enregistrer les musiques locales afin de créer des cartes postales sonores. Une nouvelle source d'inspiration pour celui qui, instrumentiste depuis ses 14 ans, avait développé un cursus rock noise. Ses pérégrinations mènent Judgitzu en Tanzanie. Il y découvre le festival Nyege Nyege en 2018, qui le convainc de s'engager dans l'électro. De retour, il crée un CD deux titres, qui séduit immédiatement le label tanzanien. Pour cause : ses morceaux s'inspirent notamment du singeli, style issu des ghettos de Dar Es-Salam. « Je me suis mis à produire de la dance car je veux que les gens dansent dans une forme de rituel, comme là-bas. » n C'est que l'artiste tient à toucher la spiritualité par sa musique. L'été, après une résidence au Togo en compagnie de musiciens vaudous, le Breton crée un set qui séduit les oreilles des Trans Musicales… Poursuivant dans cette voie, il sort, le 20 octobre, son album Sator Arepo, qui marie l'harmonie des gammes celtiques, l'ésotérisme breton et un beat qui percute. Gardant les pieds sur terre, Judgitzu se prépare à poursuivre son périple musical. Peut-être jusqu'à jouer dans un stade à Dar Es-Salam, « ce qui serait la grosse consécration de ma vie ! » M.S.

Judgitzu, le 7 décembre, Les Trans Musicales, Greenroom, Rennes.


Machine et moi

Trouver sa voix

Machine et moi © Florence Barreau Panomini

C’est une silhouette qu’on a aperçue dans moult groupes nantais : Gong Gong, Cheval Dragon, Volleyeurs… Sa voix, on ne la connaissait pour ainsi dire pas, Jean-Christophe Baudouin assurant tout au plus quelques chœurs ici et là. Ironie du sort, c’est en tombant gravement malade, les cordes vocales atteintes, que le musicien (batterie, samples…) se découvre chanteur. « J’ai dû faire pas mal de rééducation et à la suite de cette épreuve, je me suis rendu compte que j’avais une voix et des choses à dire ! » Machine et Moi est alors lancé. Celui qui a foulé les scènes du monde entier avec son groupe d’electro orchestrale Gong Gong au tournant des années 2000 ose une esthétique plus chanson. Pour se mettre à nu ? C’est mal connaître le garçon, qu’on devine plutôt pudique. « Beaucoup de mes morceaux parlent des femmes, leur rendent hommage, mais sans les réduire aux relations avec les hommes, comme c’est trop souvent le cas. » Féministe sans le revendiquer, Jean-Christophe épaissit son projet solo en s’adjoignant les services de la chanteuse Lucile Richard. En attendant la sortie d’un premier EP, le désormais duo épate lors de ses premiers concerts, avec sa pop bricolée qui n’est pas sans rappeler le Dominique A des débuts (un cousinage vocal), mais comme reboosté à l’electro d’LCD Soundsystem. M.C.

Machine et moi Sortie du premier EP en février. Le 15 février, release party à Superforma, Le Mans.


Huush

La passion débridée

Huush / DR

Helie, à la guitare, improvise sur le set électro de Dan, aka Module Club, aux Paradis Perdus. Dans la foulée, l'association Frangines & Co décide de les programmer à l'Ubu. De fil en aiguille, les deux musiciens demandent à Owen, bassiste, de les rejoindre pour préparer, en 20 jours seulement, une audition qui leur ouvre la porte des Trans Musicales. Continuant de composer, le nouveau groupe se forge une nouvelle identité, « en vue de faire directement de gros concerts », révèle Helie. « Nous souhaitions ne pas faire trop de bruit sur les réseaux en amont. » D'où le nom Huush, « chut, en anglais ». n Soutenu notamment par ZF Productions et Swap Music, le trio fait émerger son univers, entre house punk et techno rock. Un mélange tonique aux croisements des parcours des trois musiciens, de la rave à la world music en passant par le punk, le blues et l'afro-beat. Ensemble, les trois compères scandent des refrains narrant la teuf et l'amour. Jalousie, sexualité libre, dépendances… La passion en milieu festif est abordée sous tous les angles. Le groupe assume volontiers son côté provocateur, où la classe flirte avec la vulgarité, comme dans Bang Me Like a Dog. Au Liberté, les joyeux trublions s'apprêtent à terminer l'année en beauté. « Ça risque d'être la bagarre ! » M.S.

Huush, le 9 décembre, Les Trans Musicales, Le Liberté, Rennes.


Jodie Roszak - Middle Child © Emma Mari

Middle child

L'enfant du milieu

Expatriée à Nantes en 2019, Jodie y fonde le groupe Middle Child avec Antoine, rejoint par Alice en 2021. « Au départ, nos potes pensaient que c'était un mensonge car on ne faisait jamais rien écouter », confie-t-elle. Il faut dire que ce sont ses premières compositions. Et si Jodie a passé « des jours et des nuits à déchiffrer des morceaux » avec sa guitare depuis ses 15 ans, investi l'argent de ses petits boulots en guitares, pédales et GarageBand, elle a mis un peu plus de temps à s'autoriser à chanter. En la voyant sur scène, l'évidence est pourtant saisissante. Tout en finesse et puissance, l'enfant du milieu – à la scène comme à la ville – distille ses influences, issues de fratries telles que The Staves (trio indie folk britannique), First aid kit (duo suédois folk) ou Haim (trio rock américain) dont « la sœur du milieu est une incroyable guitariste et bassiste », lance Jodie. Beaucoup de femmes d'ailleurs. Coïncidence ? « Ce n'est pas anodin même si ce n'était pas recherché, cela m'a sans doute aidée à m'identifier, à me sentir légitime », confie la musicienne. Après un premier EP live sorti en mars 2022 et une mini-tournée de 30 dates en 2023 – dont un live remarqué au Ferrailleur –, il est fort à parier qu'on entendra parler de ces enfants du mileu dans les prochaines années. J.H.

Middle Child Deux titres à sortir début 2024, enregistrés au studio Radio Ravioli Records.



Nerlov

De VedeTT à vedette

Nerlov © Christophe Martin

Il va sortir son premier album au printemps et c’est peu dire qu’on est impatient de découvrir la musique de Nerlov sur un long format. Car depuis son premier EP sorti en plein premier confinement, Je vous aime tous, on rend volontiers la pareille à l’Angevin : on l’aime. En même temps, difficile de ne pas être charmé par le personnage, à mi-chemin entre le “bozardeux” tendance et le cousin marrant que tout le monde apprécie. Une recette qui fait mouche dans ses clips, comme celui de Quel dommage le montrant chez son tatoueur (branché !) aussi bien qu’à l’EHPAD avec sa grand-mère (sympa !). Et que dire de Prophéties, dans lequel notre hurluberlu se met en scène dans un groupe de parole de la police nationale. Et la musique dans tout ça ? Dansante, forcément (mais pour initier le pas de danse chez des CRS – toujours dans le même clip –, il faut des beats relativement efficaces). Déjà repéré comme bassiste et chanteur du groupe VedeTT, Florent Vincelot s’éloigne de l’esthétique rock dans son projet solo. Pour s’engouffrer dans une electro-pop portée par des textes volontiers désenchantés, mais énoncés avec un tel détachement qu’ils mettraient presque de bonne humeur. Angers a trouvé son Philippe Katerine. Ou son Sébastien Tellier. Rien de moins. M.C.

Nerlov, premier album prévu au printemps 2024.


Béranger Vantomme

Hors-normes et insatiable

Béranger Vantomme © Nicolas Meurillon Photographies

Si son nom ne vous dit rien, vous avez des chances de l’avoir déjà vu derrière les fûts en région angevine et au-delà. Formé en classique au Conservatoire, Béranger Vantomme est le genre de batteur hyperactif qui ne cesse d’enchaîner les projets aux esthétiques les plus variées. Broken Colors, Sweet Gum Tree, Sweet Back, White Dust, et plus récemment le Erdeven Spiritual Ensemble du clavier de Zenzile, il va même jusqu’à donner dans la fanfare de rue, le ciné-concert ou le théâtre. On pourrait le croire rassasié, il n’en est rien. Car il aime « défricher de nouveaux territoires ». Parce que « la contrainte ouvre des portes », en plein confinement et avec « seulement deux pistes et deux, trois micros », il va se trouver un nouveau terrain de jeu pour le moins singulier : un solo batterie. Le résultat est captivant. En son nom propre et seul derrière son instrument, il joue des espaces pour échafauder des paysages sonores à l’équilibre fascinant, quand il ne nous embarque pas dans une transe hypnotique. On y retrouve tout l’éclectisme de ses influences, de Varèse et Debussy à Miles Davis, en passant par le rock ou la noise, et une inventivité débridée qui va chercher à exploiter toutes les possibilités de l’instrument. Un album est en cours de finalisation, et il nous tarde de pouvoir l’écouter autant que de le découvrir en live. G.G.

Béranger Vantomme


Miët

Deux en scène

Miët © Rebecca Vaughan Cosquéric

À l’origine était Miette, jeune orpheline fragile mais déterminée perdue dans La Cité des enfants perdus, le film culte de Jeunet et Caro. Un personnage qui a inspiré la musicienne Suzy LeVoid au point de lui donner le nom de son projet solo. Dans Miët, il y a donc la fragilité (des émotions) inhérente à tout bon projet artistique mais il y a surtout beaucoup de détermination. La même qu’avait une PJ Harvey à ses débuts, sauf que l’instrument de prédilection de Suzy LeVoid, c’est la basse. Mais une basse pas vraiment groovy : plutôt jouée comme une guitare électrique, avec les effets de distorsion de rigueur, et au service de compositions authentiquement indie rock. Depuis son premier album en 2019, on a beaucoup vu Miët en concert, envoyant un son aussi épais et enveloppant que le dispositif scénique était minimaliste : une femme seule derrière sa basse et quelques machines. Avec Ausländer, son second opus, elle enrichit son univers de synthés, tout en osant fouler des terres plus oniriques, planantes. Un « assagissement » contrebalancé par la nouvelle formule live, marquée par l’arrivée du batteur Bertrand James (Totoro, La Battue), venu prêter main-forte à la chanteuse. Pour un rock racé toujours plus incandescent. M.C.

Miët, à écouter, l’album Ausländer (Ici d'ailleurs).


Swooh

Electro bangers

Swooh © Morgan Triqueneaux / Morganographe

Arrivée à Brest pour ses études, Swooh découvre les soirées Astropolis et n’en démordra plus. « C’est Astro qui a fait le déclic ! », assure la jeune productrice qui enflamme les dancefloors à coup de DJ sets survitaminés ne laissant à coup sûr personne sur le bord. « J’ai une approche très club, j’ai tendance à produire des tracks assez rapides », concède-t-elle d’ailleurs. Des inspirations à chercher du côté de Toni Moralez ou du label Jerry Horny. « J’ai voulu mélanger plein d’influences : la techno, tout ce qui est breakbeat, comme le footwork et la jungle et la ghettotech, la scène hip hop US. J’aime bien jouer la carte de l’éclectisme et de l’évolutif .» Une démarche assez représentative du renouveau de la scène electro, dont Swooh est un nom à retenir désormais. Cette année, les portes s’ouvrent un peu partout pour elle : Barcelone, Paris, Bruxelles, Berlin… Et pour son premier live, ça se passe aux Trans Musicales à Rennes, le tout assorti d’une création visuelle de la motion designeuse Océane Breton. F.O.

Swooh Le 8 décembre, Les Trans Musicales, en clôture du Hall 9 (à 4h35), Saint-Jacques-de-la-Lande.



Gustav

Rennes-Texas

Gustav © Maxime Trucas

Nevada, Western, Mohican. À lire le tracklisting du nouvel EP de Gustav (leur troisième), on jurerait avoir affaire à un groupe de country. Raté, le duo rennais joue bien avec l’imaginaire américain, mais réinterprété avec une touche bien française : la french touch, donc. La faute à Epy, qui a trop fait le DJ dans les soirées parisiennes, avant de s’associer à son ami d’enfance Michélé, plus porté sur les guitares. Gustav, c’est donc le surprenant alliage de sonorités electro-disco-house et d’un rock un peu suranné, rutilant comme une Cadillac ou la musique de Chris Isaak. C’est aussi des paroles assumées en français, aussi minimalistes que bien senties. « Ambiance de saloon dans mon salon », répète inlassablement Michélé dans l’hypnotique single Western. Et tout Gustav semble résumé dans cette formule, le groupe ayant ce talent rare pour tisser des ambiances complexes, intrigantes et voyageuses, mais avec les moyens du bord. Ils ne sont que deux sur scène, et pourtant, avec déjà plus d’une soixantaine de concerts à leur actif, Michélé et Epy sont, dans leur genre, des petites bêtes de scène. Alors qu’en sera-t-il après leur accompagnement par Les Trans ? M.C.

Gustav, le 8 décembre, Les Trans Musicales, Le Liberté, Rennes.



Nua © Julia Briend

Nua

Mise à flow

Qu’est-ce qu’on écrit à 16 ans ? « Des poèmes. On parle d’amour et puis, un peu plus tard, de colère. C’était pas du tout un projet, c’était comme faire du foot, ça me rendait vivante. » Dix ans plus tard, Nua continue de composer « un rap de love et d’errance » tranchant et touchant. Les textes de l’Angevine ont survécu à l’épreuve du temps et se dévoilent sur un premier EP sorti en octobre et nommé Nerveuse. « Un état qui correspondait bien au mien pendant la création : un cocktail doux et explosif. » Accompagnée du multi-instrumentiste Julian Fadier, Nua fait se répondre rap funky teinté d'égotrip et introspection chantée, mélodie groove et inspirations traps. Un grand écart esthétique qui ne fait pas peur à l’artiste qui travaille son sujet en permanence. « Le corps est un instrument, j’apprends à chanter pour mieux rapper », explique celle qui écrit et chante aussi dans le groupe angevin Minuit grand max. Et si on l’entend scander avec dérision : Je suis pas un gars donc je viens seulement remplir les quotas, Nua commence à se faire un nom dans le panorama rap de l’Ouest. Après avoir co-animé l’open mic du Elles Festival et ouvert le concert de Suzane au Chabada, elle défendra en 2024 son EP, ses nouveaux titres et la puissance de la scène rap féminine actuelle. B.R.

Nua


TRANS MONDE

Aux talents d’ici s’ajoutent ceux venus du monde entier. Comme chaque année, Les Trans Musicales est le festival de découvertes qui révèle les talents de demain. Un panorama métissé du paysage musical d’aujourd’hui. Une 45e édition qui n’oublie pas la fête, à savourer sans modération. On peut aussi compléter par Les Bars en Trans. 45e Rencontres Trans Musicales et Bars en Trans, 6 au 10 décembre, Rennes

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