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Étienne Saglio, artiste magique


Interview / Patrick Thibault * Photo / © Etienne Saglio Publié dans le magazine Kostar n°50 - avril-mai 2016


Le succès est tel que l’artiste magicien continue de tourner Le Soir des monstres et Les Limbes, sa dernière création. En parallèle, il déploie son Fantôme un peu partout.


Le magicien est-il un artiste comme les autres ?

Il ne faut pas confondre le magicien artiste, auteur de spectacle, et le magicien sur scène, qui est le personnage du magicien. Je ne joue pas le rôle du magicien sur scène, mais j’utilise la magie. J’aime ce terme lié au mage, au mystère. J’aime la tête que font les gens quand je dis que je suis magicien.


La magie, c’est d’abord de la technique ?

Non, c’est avant tout un sentiment. On dit “c’est magique” mais on ne dit pas “c’est théâtre” ou “c’est danse”. La technique, elle est là mais je lutte pour que le public l’oublie. J’essaie de faire en sorte qu’elle soit au service de l’émotion et pas le centre des choses. Je ne me demande pas quel effet je vais encore faire, mais plutôt quelle émotion je vais déclencher.


Justement, comment on construit une partition avec ce qui doit être montré et ce qui ne doit pas l’être ?

C’est là que ce langage est passionnant, car il n’existe que dans la perception que les gens en ont. C’est un spectacle pour cerveau. On imagine ce qui se passe dans leur tête, où ils en sont. C’est assez excitant.


D’où viennent vos sources d’inspiration ?

Je lis, je regarde, j’écoute et ça me construit. C’est un grand magma dans lequel je puise. Avec Les Limbes, je suis La Porte des enfers de Laurent Gaudé. Je me suis aperçu après que c’était la description du spectacle. Je me nourris beaucoup d’influences picturales, de tableaux. Böcklin et L’Île des morts, la mélancolie de Friedrich…


Pouvez-vous nous parler du projet Fantôme ?

Oui mais pas trop. Ce fantôme va hanter différents lieux, à Rennes. La Vilaine, les quais. L’idée est d’avoir cette espèce de forme poétique qui arrive dans la ville le dimanche soir. Il va évoluer mais je ne sais pas encore comment. Je vais chercher, je vais être en barque, je vais le fabriquer, il va voler… Il y aura de la musique peut-être. C’est un défi avec Claude Guinard des Tombées de la Nuit qui pilote Dimanche à Rennes et me fait confiance.


C’est une volonté d’ancrer la magie dans la ville ?

En magie, j’aime imprimer dans les esprits des gens. En repassant, ils se diront peut-être qu’il reviendra. C’est une sorte de croisement entre le fantôme qui part d’un drap avec les animaux marins des abysses, les baleines, les méduses. Des animaux extrêmement intelligents qui nous observent.


Le Soir des monstres, Les Limbes, Fantôme, ne faites-vous pas en sorte d’aller vers un autre monde ?

Je ne propose pas un autre chemin pour s’éloigner du monde réel, mais un chemin parallèle. C’est très important que le monde soit magique, qu’il y ait des possibilités de nous en éloigner. J’aime cette phrase de Nietzsche : « L’illusion est liée à la vie, à ceci que la vie, ne peut se faire sans illusion, la vie ne peut supporter la vérité du monde. »


Comment voyez-vous votre avenir ?

Quand j’entends des politiques qui disent qu’il faut arrêter de rêver, je m’inquiète de savoir si j’aurai toujours les moyens de travailler. Sinon, je n’ai pas de plan en tête. Je fais des choix à l’instinct. Je prends ma chance quand elle passe et, après coup, je me rends compte qu’il y a un chemin. 


Fantôme

Le Soir des monstres

Les Limbes

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