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Charlotte Vitaioli, mélancolie piégée


Texte / Antonin Druart * Photo / Étienne Danthez pour Kostar

Disciple et amie de Bruno Peinado et Antoine Dorotte, dont elle suivit les cours à l’École des Beaux-Arts de Quimper, Charlotte Vitaioli élabore un art nimbé de mélancolie.

Un mot à ne pas prendre au pied de la lettre de suicide, car c’est ici tout sauf une maladie. Au Portugal, on parlerait de saudade, terme intraduisible évoquant une “épine amère et douce” selon Amalia Rodriguez, reine du Fado.

Pour illustrer au sens propre comme au figuré cet état d’esprit, l’artiste s’empare d’un panel de personnages iconiques aux destins brisés issus de notre mythologie proche. Défilent ainsi dans une mise en scène néo-gothique : Dark Vador, qui sombra du côté obscur par amour pour sa mie, Marilyn Monroe, ange blond dont les ailes se brûlèrent au contact d’un succès trop vif. Ou encore Jim Morrisson, affilié au premier des dandys, le ténébreux comte Dracula. « C’est plus beau de parler de ce qui est triste ».


Ses influences sont plus à chercher du côté des salles obscures que de la ligne claire.

Maniant le stylo feutre comme d’autres le pinceau brosse, mêlant toutes les époques, toutes les techniques, alliant à des couleurs pop cornes de chimères et enluminures, comme lorsqu’elle affuble le masque de cette amazone moderne de Catwoman de l’attribut pointu d’une licorne, Lady Vitaioli surfe sur les contrastes et les concepts, va ou elle veut quand elle veut.

Aux douleurs de l’été indien, elle lui préfère sa lumière si particulière, entre le jour et la nuit, ou le réel se grime en conte de fée, comme dans les films de Demy, qu’elle n’admire pas qu’à moitié. Ses influences sont d’ailleurs plus à chercher du côté des salles obscures que de la ligne claire, chez Fellini et Jodorowsky, dans le Nosferatu d’Herzog… Aujourd’hui, elle réalise qu’elle devrait faire sien cet art total qu’est le cinéma.

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