Feu! Chatterton : “Costume-moustache, pour moi, c’est plus Nick Cave que Proust”

Interview / Matthieu Chauveau * Photo / © Fifou Publié dans le magazine Kostar n°97 - octobre-novembre 2025

Vous êtes quelqu’un de stylé, depuis quand faites-vous attention à votre look ?   

Depuis tout petit. Ma mère est une fashion victim et mes deux grands-mères étaient couturières à domicile, comme ça se faisait avant le prêt-à-porter. Elles me demandaient ce que je voulais et me faisaient des vêtements sur-mesure. En CP, j’avais un duffel-coat, un petit costard, une petite cravate et une tresse dans les cheveux.  

Pensez-vous avoir le costume de l’emploi ? 

L’idéal serait d’être capable de chanter en jean/tee-shirt. Mais sur scène, ça aide d’avoir un costume, un habit de lumière. Ça permet de se mettre dans le spectacle. J’ai essayé d’y aller en étant plus naturel mais je n’y arrive pas. À chaque fois, au moment de me préparer, je rebifurque vers un peu plus de solennité. 

Cette moustache, c’est pour faire vintage ? 

Ça se dessine bien quand on est sur scène, une moustache. Ça permet de créer une sorte de personnage. Je vois plus l’aspect pantomime, théâtral, presque cartoonesque, que le côté vintage. Costume-moustache, pour moi, c’est plus Nick Cave que Proust.  

“J’aime les choses assez intemporelles, simples, bien faites. C’est pour ça que le costume me plaît.”

Comment choisissez-vous votre costume de scène ? 

Au dernier moment. J’ai une collection de chemises, quelques costumes, plein de cravates. Presque un uniforme et j’aime bien ce mot. Ça va avec l’idée de métier, que je trouve belle et noble.

Quel rapport entretenez-vous avec la mode ?   

Il y a une phrase d’Oscar Wilde – un grand dandy – que j’aime beaucoup : « Il faut que la mode soit bien laide pour qu’on en change tous les 6 mois. » J’aime les choses assez intemporelles, simples, bien faites. C’est pour ça que le costume me plaît. En friperie, je trouve des pièces de très bonne facture, durables, avec des coupes précises. 

Pensez-vous être à la mode ?   

Pas tant que ça. J’essaie d’être moi-même, surtout. Même chose pour les chansons. Inconsciemment, j’essaie d’écrire des choses qui durent, qui ne sont pas trop rattachées à une époque particulière.

Avez-vous déjà retourné votre veste ? 

Je n’ai pas de doublure en vison… En termes de vêtement, je suis plutôt conservateur (sourire). Blague à part, la loyauté et la fidélité sont des valeurs très importantes pour moi. 

“Un peu comme dans un James Bond, chaque jour, je peux regarder mon dressing et me dire : quelle chemise je vais mettre ?”

Avez-vous déjà pris des vestes ? 

Bien sûr. Prendre des vestes, c’est important. Ça veut dire qu’on a tenté, qu’on a osé. Longtemps, j’ai eu peur d’en prendre, quel que soit le domaine, amoureux ou professionnel. Mais échouer, c’est apprendre, donc ce n’est pas échouer.

Qu’y a-t-il dans votre valise quand vous partez en tournée ?   

Mes Repetto qui sont mes chaussures de scène. Une petite ceinture en skaï un peu glam rock. Une bonne dizaine de chemises. Une collection de cravates. Depuis la précédente tournée, on a la chance d’avoir des flight cases qui restent dans le tour bus, pour nos garde-robes. C’est le luxe ! Un peu comme dans un James Bond, chaque jour, je peux regarder mon dressing et me dire : quelle chemise je vais mettre ?

Quel est le comble du chic ?   

L’élégance, c’est pas une affaire d’argent. Mes deux grands-mères étaient couturières et mes grands-pères avaient des métiers très modestes. L’un était coiffeur, l’autre facteur. Pourtant, ils étaient très élégants. Les gens les plus élégants sont ceux qui savent faire d’un rien quelque chose de gracieux.

Le comble du mauvais goût ?   

Penser que parce qu’une chose est coûteuse, elle est forcément belle. Ça devient juste un étalage de richesse et, alors, on se met à ressembler à un billet de banque.

Votre premier tee-shirt de groupe ?   

J’avais une sorte de faux tee-shirt de Led Zeppelin. 4 visages dessinés qui ressemblaient aux membres du groupe, mais c’était pas eux ! Ça devait venir de chez Zara ou Gap. Par contre, j’avais beaucoup de posters chez moi – de vrais groupes… 

Feu! Chatterton La Carène, Brest 6 novembre. Festival Bebop, Le Mans, 8 novembre. Les Rendez-Vous Soniques, Saint-Lô, 9 novembre. Quai 9, Lanester, 10 novembre. Le Liberté, Rennes, 29 janvier 2026. Zénith Nantes Métropole, Saint-Herblain, 15 décembre 2026.