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Jessé, interview recto/verso

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  • 21 juin
  • 4 min de lecture


Texte / Matthieu Chauveau * Photo / © Tanguy Jossic pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°96 - été 2025


Interview recto


Vous avez nommé votre spectacle Message personnel… Parce que Françoise Hardy ?  

C’est la chanson préférée de ma mère. Pour les plus jeunes, c'est les messages privés sur les réseaux sociaux ! J’aime jouer sur les références générationnelles. Dans mon spectacle, je cite Paris Hilton, Veronica Mars, Véronique Courjault, Monica Lewinsky…


Après un peu de mannequinat, on vous a aperçu comédien dans des films (Les Infidèles en 2012…). Pourquoi, finalement, humoriste ?  

Je suis quelqu’un de plutôt drôle dans la vie et humoriste est un métier qui permet de se donner son propre travail. On est responsable de son projet et pas dépendant d’un réalisateur ou d’un directeur de casting. 


Vous avez grandi à la campagne en Bourgogne avec des parents maraîchers… Content d’en être parti ?  

Disons que c’est plus compliqué de faire une carrière d’humoriste à Dijon qu’à Paris, ou alors c’est un succès un peu plus restreint (sourire)…


Vous avez été harcelé adolescent, parce qu’homo. Votre succès, n’est-ce pas votre meilleure revanche ?  

Il ne faut jamais se dire que nos succès, on les doit à nos bourreaux. Si je n’avais pas été harcelé, je n’aurais pas fait ce spectacle mais ce n’est pas parce que j’ai été harcelé que je l’ai fait.


N’êtes-vous pas, à votre manière, « très famille » ?  

Évidemment. Mais j’estime qu’il y a plusieurs sortes de familles. Comme je le dis dans mon spectacle : j’ai un papa, une maman, un géniteur, un beau-père et une belle-mère. Quand je pense qu’il y en a qui sont orphelins, moi j’ai des parents à revendre ! 


À l’heure des réseaux sociaux, avez-vous, aujourd’hui encore, vos haters ?  

Les haters d’aujourd’hui, je ne les rencontre pas, donc tant mieux. Quand je clique sur leur profil, je me rends compte que c’est souvent des hommes de plus de 50 ans, qui ont un peu l’air d’avoir une vie de merde. Leurs commentaires sont souvent tellement bêtes que ça en devient drôle.


Votre spectacle est très autobiographique. Vos chroniques sur France Inter, c’est pour vous décentrer ?  

Ce sont des thèmes imposés, donc ça permet d’aller là où on ne vous attend pas. Quand on te dit d’écrire sur le télescope James Webb, la décentralisation ou sur les villes connectées, ça oblige à sortir de sa zone de confort ! 



Interview verso


L’accent sur le é, il est là depuis toujours ?   

Oui. Jessé est un très vieux prénom hébreu que mon père a choisi. Je le détestais cet accent, donc je l’ai fait supprimer quand j’étais au collège. Mes parents m’en voulaient et je l’ai remis.

Votre Jesse – sans accent – préféré ?   

Jesse Metcalfe, le jardinier dans Desperate Housewives. Le beau gosse musclé qui coupe des roses et se tape Eva Longoria. J'adore !


Faire passer des messages, n’est-ce pas risquer d’être moins drôle ?   

Pour parler de vrais sujets, on doit parfois ralentir le rythme et accepter de ne pas déclencher un rire pendant 2 minutes. C’est ce que fait l’humoriste australienne Hannah Gadsby, un de mes modèles. Par contre, il faut toujours une chute.


Peut-on être cru sans être vulgaire ?   

Tout dépend de la façon dont on le dit, et même de qui le dit. Il y a quelque chose d’assez injuste là-dedans. Blanche Gardin peut dire plein de choses sans être vulgaire, alors que Bigard (sourire)…       


À la Compagnie du Café-Théâtre, à Nantes, vous avez multiplié les clins d’œil. Comment faites-vous quand vous jouez dans une ville sans Sucé-sur-Erdre à proximité ?   

En tournée, il y a toujours de quoi se rattacher au local : des bleds avec un nom bizarre ou des villes rivales. C’est bête, c’est le b.a.-ba de l’humour, mais taper sur le voisin, ça marche tout le temps ! 

La « gênance », comme disent les jeunes, ne vous fait pas peur ?  

Il faut réussir à pas trop se regarder quand on fait de l’humour, parce que sinon on s’autocensure et on se bloque. Il faut plutôt tenter et si on a été ridicule, c’est pas grave. On est toujours le gênant de quelqu’un !


Vos harceleurs d’hier vont-ils voir vos spectacles aujourd’hui ?  

Je ne suis même pas sûr qu’ils se souviennent de moi… On se souvient plus souvent de nos harceleurs que les harceleurs des personnes qu’elles ont harcelées. Certains sont en prison… C’était quand même un peu la lie de l’humanité (rire) !


Où placer le curseur, en tant qu’humoriste, pour ne pas devenir « l’homo de service » ?   

Je n’ai pas envie d’être le gay de service mais je n’ai pas non plus envie de ne pas l’être ! J'évoque la sexualité homo, parce que je trouve qu’on n’en parle pas tant que ça. Ça me permet d’évoquer l’injonction à avoir des rapports toutes les semaines, et là, tout le monde se reconnaît. Mon truc, c’est d'essayer de partir du personnel pour toucher à l’universel. 



Jessé en tournée en 2026 :

Le Ponant, Pacé, 28 janvier 2026.

Maison de Quartier des Hauts-de-Saint-Aubin, Angers, 25 février.

Théâtre 100 Noms, Nantes, 7 mars.

À écouter : Ses chroniques dans l’émission Zoom Zoom Zen sur France Inter.




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