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Laura Bottereau & Marine Fiquet, bas les masques



Texte / Ilan Michel * Photo / © Laura Bottereau & Marine Fiquet, Adagp, Paris, 2023. Publié dans le magazine Kostar n°85 - avril-mai 2023


Diplômées des Beaux-Arts d’Angers et basées à Nantes, Laura Bottereau & Marine Fiquet aiment se raconter des histoires. Si le duo puise dans l’enfance, c’est pour en révéler les jeux interdits. Venues du dessin, elles élaborent de troublantes autofictions qui parlent de cruauté et de tabous. Invitées au MAC VAL, Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, elles démantèlent les poupées et explorent l’inquiétante étrangeté. Pour Kostar, elles jettent le masque le temps d’un portrait.



Dans Histoires vraies, l’exposition du MAC VAL, vous présentez l’installation Soliloques (2019-2021), boîtes de faux ongles, dents, perruques,… accompagnées de textes. Avez-vous tout inventé ?

Notre travail est pétri de réalité, ou pétri de fiction, mais il y est surtout question de simulacres. Nous sommes toujours en train de raconter des histoires. L’installation Soliloques mêle des récits récoltés et des textes que nous écrivons ensemble. De vrais témoignages sous couvert d’imaginaire, et inversement.


Petites déjà ?

Marine : Moi, ça passait par la chanson. J’en invente toujours, des refrains. Laura : Chez moi, la télé était très peu présente. Le rapport à la fiction et au jeu a été encouragé depuis mon enfance.


Vous ne faites plus de dessin ?

Ces derniers temps, nous avons mis le dessin en pause, pour nous tourner vers la photographie. Elle nous permet de continuer les récits, de mêler des fragments d’installations à des représentations corporelles empruntées ailleurs, pour créer de nouvelles mises en scène.


“Nous empruntons au réel des formes qui ressemblent à l’humain”

En 2021, en résidence à Deux Angles, à Flers, vous découvrez le Musée de L’Ecorché d’Anatomie du Neubourg.

Le musée est dédié aux pièces du médecin Louis Auzoux, célèbre pour ses écorchés en papier mâché qui lui permettaient d’étudier le corps sans faire d’autopsie. Nous nous sommes surtout intéressées à la plasticité et au potentiel sculptural de ces fragments anatomiques.


Cela fait longtemps que vous travaillez avec des prothèses ?

Nous travaillons souvent à partir de moulages de nos corps, que nous associons à des objets imitant le corps. Ces éléments pourraient faire penser à des prothèses, mais pas seulement. Nous empruntons au réel des formes qui ressemblent à l’humain : les faux ongles, perruques, ou prothèses dentaires nous sont très utiles. Ces objets racontent la façon dont les corps sont construits, et induisent un certain nombre de normes et d’injonctions. Ce qui nous intéresse, c’est d’en révéler la mascarade.


Laura Bottereau & Marine Fiquet sont actuellement lauréates du Prix des Arts visuels de la ville de Nantes.


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