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Stéphanie Thomas-Bonnetin : Garder le cap de la «Maison Antipode»



Interview / Marine Combe * Photo / © Titouan Massé Publié dans le magazine Kostar n°78 - décembre 2021-janvier 2022


Forte d’une expérience de plus de 20 ans dans les musiques rock et actuelles, Stéphanie Thomas-Bonnetin, alias Stiff, est une figure emblématique de la scène culturelle rennaise. Elle a pris la tête de l’Antipode, mêlant MJC et lieu de musiques actuelles, qui quitte après 60 ans d’existence le quartier Cleunay pour s’installer dans un équipement flambant neuf à la Courrouze. Son projet : assurer la continuité des valeurs fondatrices en garantissant l’accessibilité à tou-te-s.


Crise sanitaire, déménagement… comment avez-vous investi ce tournant ?

Quand on postule pour un tel poste, on propose un projet de direction. J’en ai proposé un qui s’inscrivait dans la continuité mais aussi dans une restructuration des fonctionnements en interne. Depuis mon arrivée, on est plutôt sur une direction collégiale, partagée, autour d’organes supports : la communication, l’administration et la technique. Avant, ils étaient absorbés dans les activités d’un côté musiques actuelles et de l’autre côté animation de proximité.


Comment intégrez-vous votre bagage professionnel à l’Antipode ?

Le projet Antipode, c’est une belle synthèse des valeurs qui ont contribué à mon parcours professionnel et à mon émancipation personnelle. J’ai commencé dans l’éducation populaire et j’ai passé un diplôme d’enseignante. J’avais aussi des activités bénévoles en radio, à Canal B. Lorsque s’est ouvert un poste de coordination d’une fédération nationale de radios associatives rock, j’ai postulé et j’ai été prise. Ça plonge dans une certaine façon d’appréhender les personnes et ça a habité tout mon parcours qui est plutôt un parcours de fédération.

“À l’Antipode, l’entrée principale, ce n’est pas la musique ou l’animation de proximité mais les personnes.”

Et aussi un parcours plus politique…

Au fur et à mesure, j’ai pris des fonctions politiques des lieux de musiques actuelles. On a réussi à faire introduire la notion de droits culturels dans les lois relatives aux politiques publiques de la culture. À l’Antipode, cette notion est présente depuis le début : l’entrée principale, ce n’est pas la musique ou l’animation de proximité mais les personnes.


Vous parlez de la Maison des Jeunes et des Cultures. Quel est ce pluriel ?

En changeant d’équipement, on s’est posé la question d’une communication plus inclusive. Il se trouve que LA culture renvoie à un objet un peu descendant, une culture à atteindre. Rajouter le pluriel permet de retourner les choses : ce sont bien les cultures des personnes dans tout ce qui les constitue.


Comment dans un équipement neuf et un quartier neuf, se sent-on à la « maison Antipode » ?

Avant mon arrivée, il y a eu un travail de longue haleine avec les habitant-e-s, les bénévoles, les usager-e-s, qui fait que les gens de Cleunay viennent. Le mixage entre les deux quartiers se fait très bien. On a fait un travail d’habitation du lieu. Il est imposant mais on a travaillé avec la Ville sur le 1% artistique. Plutôt que de commander une œuvre d’art, on a voulu du mobilier qui anime les lieux et contraste avec les grands volumes et le béton. Avec les jeunes, il y a eu un travail de choix des différents espaces pour qu’ils se sentent chez eux. On réentend aujourd’hui le mot « la maison » ! « Bienvenue » est notre thématique de saison.

“Tout le monde, quel que soit son niveau de vie, peut accéder aux activités.”

L’accessibilité est essentielle…

Oui, on travaille avec des partenaires publics, nos financeurs, croisant nos objectifs associatifs et de politiques publiques, en proposant des tarifications solidaires : tout le monde, quel que soit son niveau de vie, peut accéder aux activités, aussi bien sur des pratiques artistiques, bien-être, que sur l’accueil des enfants et la billetterie musiques actuelles. On a la chance de croiser service public et intérêt général avec une bibliothèque-médiathèque de la métropole, entièrement gratuite. Et puis, il y a des expos dans le hall, on met en place des actions culturelles et un pan éducation artistique avec des écoles et collèges.


Niveau égalité et développement durable, qu’est-ce que vous proposez ?

Le développement durable, c’est un pilier transversal et dedans vient s’inscrire la dynamique d’égalité. On a réalisé un diagnostic sur l’ancien équipement qui nous a permis de mettre en place un certain nombre de bonnes pratiques dans notre nouveau bâtiment. De réinterroger nos pratiques. Ça va du pilier environnemental, en réfléchissant à nos impressions numériques, à la politique de tri des déchets, notamment sur la partie musiques actuelles avec les gobelets, au pilier sociétal.


C’est-à-dire ?

On souhaite l’égalité de traitement entre les femmes et les hommes, et toutes les personnes, on essaye de mettre ça en place dans l’équipe permanente, intermittente, bénévole et usagère. Il faut travailler l’exemplarité et travailler sur les formations égalité HF et violences sexistes et sexuelles, en interne et externe. On compte aussi les femmes sur scène, en lead, en diffusion, etc. On met en place cette saison, avec le Jardin Moderne et l’Association des TransMusicales, un Girls band camp, pour travailler avec des jeunes filles sur la pratique musicale autour de stages non mixtes. C’est aussi extrêmement porté par les animateurs et animatrices d’ici. J’ai une vigilance particulière sur le sujet.

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