top of page
Rechercher

Thomas Godin : Imprimer la lumière



Texte / Fabienne Ollivier * Photos / DR Publié dans le magazine Kostar n°86 - été 2023


Passer par la PAM, l'ancienne imprimerie reconvertie en tiers-lieu à Brest, est l'une des multiples entrées pour découvrir le travail du graveur Thomas Godin et le feu vif qui l'anime.


Le feu… Et aussi l'eau, l'air et la terre ! Dans son atelier-galerie, de grands formats cuivrés côtoient une série de disques flamboyants, ils invitent au voyage. Thomas Godin injecte dans ses gravures les paysages de son Finistère natal sculptés à coups d'embruns par vents et marées, là où finit et commence la terre. Des cartes peut-être ? « Ce sont comme des “mindscapes”, des paysages fantasmés, des évasions… ça peut être ici, partout et nulle part », raconte-t-il enjoué. « Il y a tellement de probabilités que ça existe sur terre ! Ça me plaît qu'il y ait plusieurs lectures : des paysages vus du ciel, des portulans, des îles au loin… On peut tout imaginer. » Autant de mondes où il rêve de se rendre.

Le chemin de l'artiste n'était pas tout tracé. Alors informaticien à l'arsenal, son premier contact avec la gravure a lieu il y a une dizaine d'années quand un ami lui fait découvrir la pratique. Le choc est tel qu'il décide de tout lâcher. Il monte son premier atelier à Landerneau. Il apprend le breton et une vie de douce folie commence, entre voyages inspirants (Bénin, Philippines, Mexique...) et création intense. « Je conditionne toute ma vie pour ça ! Au départ tu n'as pas les codes, tu n'es pas visible, tu ne sais pas comment faire. Artiste, c'était le dernier métier que j'aurais voulu faire ! Au final, je ne me vois pas être autre chose. »


“Ce sont comme des “mindscapes”, des paysages fantasmés, des évasions… ça peut être ici, partout et nulle part”

Un jour, Pierre-Emmanuel Taittinger (de la maison de champagne) passe devant son atelier, il fait l'acquisition d'un certain nombre d'œuvres. En découle une première commande d'ampleur : une œuvre pour l'Unesco et pour laquelle il a carte blanche. L'entrepreneur invite aussi le graveur à Reims avec une idée précise en tête, il lui fait visiter l'Atelier des maîtres verriers Simon-Marq, par lesquel sont passés Marc Chagall ou encore Georges Braque. Créer un vitrail, un défi cohérent dans la quête de lumière de Thomas Godin, celle qu'il cherche constamment à imprimer. Sans surprise, l'artiste voue un certain culte pour le peintre William Turner.

D'autres projets fous sont aussi en cours, comme cette gravure de 50 m², la plus grande au monde, pour la restauration de la Villa Mangini (Eco Campus La Pérollière dans le Rhône). Avec l'aide d'un mécanicien, il a conçu une presse XXL pour la réaliser. Toujours tout en grandeur, des sculptures monumentales seront installées en juillet pour réconcilier le soleil et la lune à Landerneau. Quant aux expos, locales ou lointaines, elles se succèdent : à la Maison Prébendale de Saint-Pol-de-Léon cet été (là où Thomas Godin a grandi), à Pondichery en novembre… Après une tournée sur les traces de grands peintres qui l'aura mené de New York à Londres en passant par Santa Fé – émissions qu'il présente pour France 3 en breton –, l'artiste s'accordera peut-être une pause. L'an passé, il a traversé le Bhoutan par la chaîne de l’Himalaya à moto. Le Laos cette fois, ou peut-être le Haut Mustang… Pour Thomas Godin, les rêves n'ont jamais rien d'irréel.

Exposition à la Maison Prébendale, Saint-Pol-de-Léon, jusqu'au 10 septembre 2023.

Atelier à la PAM, 56 rue d'Aiguillon à Brest.

Atelier à Landerneau, 25 rue Fontaine Blanche.



bottom of page