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Une ville ailleurs : Bruxelles



Texte et photos / Patrick Thibault Illustration / Atelier Radar pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°51 - été 2016

C’est maintenant qu’il faut aller à Bruxelles. La vie a bel et bien repris ses droits dans la ville la plus cosmopolite d’Europe. L’été s’annonce exceptionnel avec un grand nombre de propositions artistiques détonantes qui font de Bruxelles une destination arty et, plus que jamais, la capitale du street art.

Mardi 22 mars, c’est le jour qui avait été choisi pour l’inauguration du MIMA (Millenium Iconoclast Museum of Arts). Un musée 2.0, le premier musée du street art, de l’autre côté du canal, à deux pas du centre de Bruxelles, à l’entrée de Molenbeek. À l’aéroport de Nantes, le vol allait décoller lorsque nous avons appris les attentats de Bruxelles. Retour à l’aérogare, découverte de l’horreur. Indignation, consternation.

Jeudi 19 mai, Bruxelles enfin. Si la vie a repris son cours, les visiteurs manquent. On parle de milliers d’emplois perdus à la suite des attentats. Il fait étonnamment beau. La foule se presse sur les places pour les concerts gratuits du Brussels Jazz Marathon. Pendant un mois, Les Nuits du Botanique ouvrent la saison des festivals en réunissant la crème de la pop, du rock ou du hip hop. Outre le MIMA, la capitale vient aussi d’ouvrir l’ADAM (Art & Design Atomium Museum) qu’on appelle déjà le Plasticarium. À l’initiative et juste à côté de l’Atomium, c'est un musée dédié au plastique pour présenter la collection très pop de Philippe Decelle enrichie d’autres icônes du design. Sans oublier l’escalier extérieur inversé et symétrique de Jean Nouvel. Jusqu’au 4 septembre, on peut aussi y voir l’exposition Eames & Hollywood.

Bruxelles est une ville fort bien dotée en musées. Réunissant les chefs d’œuvres de la peinture flamande, Bosch, les plus grands Brueghel, Van Dyck, la section 1900, le musée Magritte et une section art contemporain, les musées royaux de Belgique sont parmi les plus riches au monde. À deux pas, Bozar est un espace pluridisciplinaire influent et, depuis plus de 25 ans, le musée de la BD accueille les amateurs dans un cadre Art Nouveau.


Côté art contemporain, il faut compter avec les lieux alternatifs et aussi avec les nombreux artistes venus de toute l’Europe qui ont choisi de vivre ici en raison de la vitalité artistique

Côté art contemporain, il faut compter avec les lieux alternatifs et aussi avec les nombreux artistes venus de toute l’Europe qui ont choisi de vivre ici en raison de la vitalité artistique mais aussi du coût de la vie raisonnable avec des locations d’ateliers plus accessibles. Les grandes galeries parisiennes ont ouvert des antennes pour rejoindre les dynamiques galeries de Bruxelles (Aeroplastics, Xavier Hufkens, Rodolphe Janssen…) et être au plus près des collectionneurs belges.

Parmi les centres d’art incontournables, la Centrale. Et le Wiels qui présente des expos temporaires dans un ancien bâtiment de l’architecture industrielle moderniste où il reste des vestiges de l’ancienne brasserie. Jusqu’en août, on y découvre un panorama photographique de la réalité urbaine du Congo signé Sammy Baloji, conçu avec l’anthropologue Filip de Boeck. Ou encore Simon Denny, et à partir de septembre, Erik Van Lieshout. n Bruxelles, c’est évidemment sa grand-place et son manneken-pis, ses chocolatiers (toujours un faible pour Marcolini) et les biscuits de l’ancestrale maison Dandoy. En passant par les Galeries Royales Saint-Hubert, on remarque qu’elles sont aux couleurs du passage Pommeraye. Les deux passages-galeries s’étant jumelés pour créer l’Europe des passages couverts. Et côté créateurs, on ne compte plus seulement avec la rue Antoine Dansaert et ses célèbres boutiques Stijl.

C’est l’heure du départ, en taxi jusqu’à la gare du Midi. Je rebondis sur une émission autour des migrants qu’écoute le chauffeur de couleur noire sur une radio culturelle. “Bruxelles est-elle cette ville où les communautés vivent en harmonie ?” Il me répond que chez les Africains, le communautarisme ne pose pas de problème mais qu’il n’en va pas de même partout. Et aussi chez les Blancs et les Flamands où l’extrême droite est puissante. Il évoque Marine Le Pen. Je lui dis que si elle parvenait à être élue, je pense qu’elle ne pourrait pas gouverner. C’est alors qu’il me lance : « Mais la France, c’est le pays des droits de l’Homme et de l’état de droit. Si Marine Le Pen est élue, elle est légitime ou alors la France n’est plus la France. » Clap de fin.





Mima, culture 2.0


Le MIMA est encore un musée unique, un musée d’art actuel qui propose au public une histoire de la culture 2.0. Dans une aile de l’ancienne brasserie Belle-Vue, on est vite rassuré par cette entrée au musée d’artistes qui s’expriment d’abord dans la rue. Au-delà d’un fond permanent d’œuvres parmi lesquelles on retrouve le Rennais Patrice Poch, l’essentiel des espaces est voué aux expos temporaires. Les artistes du street art investissent les caves et les différents niveaux, jouent individuellement ou en collectif. Pour cette première expo, jusqu’au 28 août, on découvre Momo, Faile, Maya Hayuk et Swoom. À la porte de Molenbeek, on espère que ce le mot musée n’enfermera pas le MIMA et qu’il accueillera un large public.


MIMA, 39-41 quai du Hainaut, Bruxelles. www.mimamuseum.eu


Bruxelles pratique

Y aller

Vols directs au départ de Nantes par HOP-Air France et maintenant aussi par Brussels Airlines. Ou trajet en Thalys depuis Paris après le TGV.


Y séjourner

Les prix peuvent monter les jours de cessions mais on peut trouver des offres abordables en centre-ville ou dans les quartiers avec de nombreux B&B et appartements. n Rocco Forte Hôtel Amigo Chic et cher, le palace par excellence, à deux pas de la Grand’Place (200 € la nuit) n 9Hotel Sablon Design, sobre et central (150 €).

Thon Hôtels Souvent des promos dans cette chaine qui compte plusieurs hôtels (100 €).


S'y restaurer

On peut bien sûr courir après les frites et les gaufres à emporter.

La Buvette Quartier de Saint-Gilles, dans une ancienne boucherie, l’une des tables les plus créatives à prix abordables. En face, le Café des Spores, dédié aux champignons.

La Quincaillerie Dans le très prisé quartier du Châtelain (ça ne s’invente pas) qui réunit bars et restaurants où il est bon de se faire voir et d’être vu, une brasserie très prisée où l’on s’attable parmi les anciens rayonnages.




Remember souvenir / Denis Meyers

L'hallu totale


Denis Meyers - Remember Souvenir © Sebastien Alouf

L’artiste urbain a trouvé un terrain de jeu à la démesure de son appétit d’écrire. Il habite littéralement les 50.000 mètres carrés de l’ancien siège de la firme Solvay qui seront bientôt détruits. À la bombe, il a déversé des milliers de mots sur des dizaines de milliers de mètres carrés de murs, escaliers, portes, fenêtres, façade, toits… Des phrases, des portraits… Des caves au grenier, aucun espace n’échappe à Denis Meyers qui hante les lieux de ses souvenirs. Au fur et à mesure de la visite, on a l’impression de pénétrer dans son cerveau. Attention, fin juillet, ce sera trop tard. Les bulldozers détruiront cette œuvre en noir et blanc, unique et pharaonique.


Andres Serrano

Le choc d'un artiste majeur


© Andres Serrano- Rmfab - Denizens Brussels Ahmed Osoble

Également présent à la collection Lambert à Avignon, Andres Serrano est un artiste controversé qui ne laisse personne indifférent. Par le biais de la photographie, il aborde les thématiques de la religion, du sexe, de la mort, de la violence, des sans-abris. Cette rétrospective, la plus importante jamais organisée, permet de remettre les pendules à l’heure et de découvrir un artiste total au-delà de la polémique sur son Piss Christ. Dans ces musées royaux de Belgique qui réunissent des chefs d’œuvres classiques, on découvre les liens qui le rapprochent des grands maitres auxquels il rend hommage dans les mises en scène de ses photos. En complément et en ville, on présente ses portraits de sans-abris de Bruxelles.

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