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Une ville ailleurs : Genève, par Jerrycan



Texte / Jerrycan * Photos / © Christophe Balleys

Illustration / Appelle moi Papa pour Kostar Publié dans le magazine Kostar n°45 - avril-mai 2015



Jusqu’au 17 mai, le lieu unique pose un regard sur la collection du Fonds d’art contemporain de la Ville de Genève. L’occasion était trop belle pour tordre le cou aux stéréotypes helvétiques. Pour cela, nous avons demandé à Jerrycan de nous faire le tour du propriétaire. Derrière son loup, le chanteur romand lève le voile sur la poésie d’une ville.


J’ai initié le projet Vivant à une période où j’avais une immense envie de partir, de voyager, de vivre ailleurs. Je suis né à Genève et c’est là que j’ai toujours habité. Étant dans l’impossibilité de prendre le large, je me suis mis à investir ma propre ville comme si c’était une ville étrangère.

Depuis plus d’un an, chaque semaine, je prends mon vélo et j’erre au hasard, observant chaque immeuble, chaque bout de trottoir avec la même curiosité et le même enthousiasme que si j’étais dans une ville inconnue. Parallèlement à ces balades, j’écris et j’enregistre des chansons. J’extrais certaines paroles des textes que je transpose sur de grandes banderoles. Je pose ensuite les banderoles sur les lieux repérés.

Les endroits choisis sont tous des lieux de passage, des espaces de transition, des zones limites. La pointe de la Jonction est à ce titre emblématique. À cet endroit, deux rivières, le Rhône et l’Arve, fusionnent. C’est un spectacle fascinant que de voir ces deux eaux s’épouser et se fondre l’une dans l’autre. De deux couleurs, une nouvelle jaillit et en s’unissant, ces deux rivières trouvent un nouveau rythme.


“On entend la ville derrière soi et c’est la nature qui commence à prendre le pouvoir devant soi.”

De la pointe de la Jonction, on peut aussi voir un très beau et grand pont réservé aux trains et aux piétons. J’ai habillé ce pont des mots suivants « C’est fou comme tu Mexique ». Ce lieu est aussi la frontière de la ville et de la campagne. On entend la ville derrière soi et c’est la nature qui commence à prendre le pouvoir devant soi.

En parcourant la ville, j’ai été surpris de me sentir complètement dépaysé sur certaines routes que je n’avais pas remarquées jusque-là. Le long de la route de Meyrin, un grand grillage se terminant par des barbelés sépare les voitures des avions. Chaque matin et chaque soir, les automobilistes peuvent voir des avions décoller ou atterrir. Ce grillage m’est soudainement apparu comme un mur séparant les amants. J’étais à Genève, mais j’avais soudainement l’impression d’être à l’autre bout du monde et au milieu d’une tragédie romantique. Lorsque j’ai posé la bâche avec un coeur, il pleuvait et j’avais l’impression que les automobilistes eux-mêmes étaient les figurants et les auteurs de cette fiction.

Pour moi, Genève est plus qu’un décor. Genève est un personnage avec lequel j’entretiens une relation. On se parle, et ensemble, on vit des émotions. Les messages que je mets dans l’espace public sont une déclaration d’amour à mon environnement quotidien. Ils s’adressent à la ville elle-même autant qu’à ses habitants.

J’ai pris en photo chaque banderole et j’ai réalisé une série de cartes postales avec les images. Chaque cliché est associé à une chanson, téléchargeable via une adresse web inscrite au verso de la carte. J’envoie maintenant régulièrement des cartes postales à mes amis depuis ma propre ville. Et en envoyant à des connaissances habitant d’autres pays, je voyage très loin par procuration. J’espère qu’en les recevant, les destinataires, à leur tour, voyagent.



L'affaire n'est pas dans le lac !

Le secret bancaire n’étant plus (tout à fait) ce qu’il était, on peut aller à Genève sans être suspecté par ses voisins… Plus sérieusement, Genève n’est pas qu’une carte postale pour touristes en Vuitton même si on y croise peu de Twingo ! Bienvenue en Suisse, cet autre pays des matins calmes.

Y aller

Genève est accessible depuis Rennes et Angers (Air France avec escale) ou Nantes (vol direct Air France et Easyjet). Selon la période, on peut trouver un aller-retour pour une centaine d’euros mais mieux vaut programmer son voyage à l’avance.


Y séjourner

On trouve nombre d’hôtels, très confortables, à… 1500 €/nuit. La vue sur le célèbre jet d’eau, sur le lac ou (même) les bords du Rhône ont leur prix ! Un peu excentré le Starling Residence peut être un (bon) compromis à 150 €/nuit. Reste la solution de la location (chambre ou appartement) mais là encore, pas de miracle.


Circuit Kostar

Malgré ses 22 organisations internationales, Genève n’est pas que la capitale de la diplomatie internationale. La Tribune de Genève s’est ainsi fait l’écho de l’invasion de la ville par les hipsters. L’ECAL, école “cantonale” d’art, est leur foyer naturel et on les retrouve, rue des Vieux Grenadiers, aux vernissages du Mamco, le musée d’art moderne et contemporain. Inauguré il y a une vingtaine d’années et installé dans une ancienne usine, le musée vaut le détour. Le musée Rath, premier musée des beaux-arts de Suisse (ouvert en 1826), occupe, lui, un bâtiment classé de la Place de Neuve.

Pour la frime (?), il faut aller boire un verre à l’Intercontinental, face au Palais des Nations. Le brunch dominical (très couru) est à… 43 €. Autre spot, chic et choc, le Little Boudha bar. Pour le fun, il y a l’embarras du choix avec les soirées au Motel Campo, sur la bien nommée Route des Jeunes, La Cave électro, Le Poulpe bleu, le Moa club… À suivre, également, les soirées indé d’Urgence Disk.

Enfin, à défaut de faire un saut au Rolex Learning Center de Lausanne, signé des architectes japonais de SANAA, on peut passer un peu de temps au Patek museum, premier musée mondial de l’horlogerie qui ferme, chaque jour, à 18 heures pile !




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