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Vincent Rivalin, quel pied !



Texte / Arnaud Bénureau * Photo / Patrice Laurent pour Kostar


Depuis près de 90 ans, Rivalin fait dans le sabot et la charentaise. Rencontre avec Vincent, co-gérant avec sa maman d’une entreprise familiale installée à Quimper depuis quatre générations.


On nous aurait menti. La charentaise ne se fabrique pas uniquement en Charente ? Non et Rivalin le prouve depuis 1925. Enfin presque ! « À la fin de la Première Guerre mondiale, mon grand-père, Émile Tréhout, achète la boutique d’un petit marchand de chaussures, nous explique son petit-fils, la trentaine et déjà patron. Il a fait du sabot et de la galoche, une sorte de paire de Doc ancienne génération ». La charentaise s’invite dans l’atelier de chez Rivalin à cette époque-là. « À cinquante mètres de l’entreprise, un marchand de charentaises est en dépôt de bilan. Mon grand-père rachète la boutique ».

Aujourd’hui, ils ne sont plus que quatre en France à fabriquer la fameuse pantoufle. Les trois autres entreprises sont, bien évidemment, implantées en Charente. Rivalin en écoule 100 000 paires par an, avec une technique de fabrication similaire à Repetto. Certaines foulent même le sol américain, canadien ou suisse. Le charme du made in France ne laisse pas insensible. n Rivalin, c’est dix personnes. « Dont sept salariés. Mais j’ai du mal à les appeler ainsi tant nous sommes une grande famille. » En effet, tous sont là depuis longtemps. « Je commence à réfléchir à la relève. »


“Je veux donner envie aux trentenaires d’en porter. Car c’est vrai que l’image de la charentaise n’est pas très glamour.”

Mais avant ça, comment un jeune homme, Dj à ses heures et fan de reggae (plus de 3 000 vinyles à la maison), se lance dans cette drôle d’aventure ? « Mon père, dont j’ai pris la relève, n’arrêtait pas de me dire que j’allais m’emmerder avec ça, que j’allais galérer à former du personnel et que j’allais passer mes week-ends à réparer les machines. »

Car même si Rivalin est « viable et rentable », elle se situe entre l’artisanat et l’industrie. « La capacité de production est limitée. Tout ce qui est fabriqué part au cul du camion le soir. »

À la tête de la société depuis 2011, Vincent a passé la deuxième. « Avant, c’était vivons heureux, vivons cachés. » Désormais, Rivalin est sur les réseaux sociaux et s’est tourné vers le e-commerce. Et le co-gérant de donner un coup de jeune à ses charentaises. « Je veux donner envie aux trentenaires d’en porter. Car c’est vrai que l’image de la charentaise n’est pas très glamour. »

La courbe de la mode et des tendances étant sinusoïdale, il ne serait pas surprenant que Rivalin s’incruste, un jour où l’autre, sur les podiums. « Il y a un an, on a réussi à avoir un vrai tissu Chanel. On en a fait des charentaises. J’ai reçu un mail et on m’a tiré les oreilles. C’était de la contrefaçon. Mais il y a peu, grâce à Armor lux, une paire de chaussons est partie chez Chanel. »

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