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Julien Ostini, un cœur d'opéra


Interview / Vincent Braud * Photo / Marc Larcher Publié dans le magazine Kostar n°72 - octobre-novembre 2020

Étrange parcours que celui de Julien Ostini. À 6 ans, il tombe amoureux d’un violon. Il grandit (presque) dans un théâtre de Genève. Et le voilà, aujourd’hui, à Ballée, “au fin fond de la Mayenne”, à monter des opéras à la campagne. Avant de mettre en scène Iphigénie en Tauride pour les opéras de Nantes, Rennes et Angers.


« Il y avait toujours de la musique à la maison. Pas simplement du classique mais aussi du hard-rock ou de la chanson française… » Alors, presque naturellement, ce sera un premier violon, puis les cours au Conservatoire. Lorsque la troupe du théâtre de l’Ermitage de Moscou s’arrête à Genève, le voilà embarqué sur la scène du Théâtre de Carouge. « Mon père y travaillait et j’y passais beaucoup de temps. » Une expérience de la scène qui donne au jeune ado des envies d’opéra.


Quand Carmen bat la campagne

« À la naissance de notre premier enfant, nous avions envie de campagne, d’un autre cadre de vie… » En découvrant, en Mayenne, un château en ruines, Julien et son épouse imaginent un projet un peu fou : faire de ce château un espace à partager, un « tiers-lieu culturel ». Autour de l’opéra bien entendu. Une association est créée et une petite armée de bénévoles s’embarque dans l’aventure.

C’est ainsi que Carmen, Aïda et Le Trouvère vont y voir le jour. « C’est notre réponse à la fracture territoriale. On parle de territoires oubliés. Nous y étions. Avec, autour de nous, des gens qui n’imaginaient pas que cette culture était pour eux. » Le château de Linières, ce ne sont pas les arènes de Vérone ? « Et alors ? », s’emporte presque Julien, « il faut attaquer avec ce genre de projets, avec les plus grands spectacles possibles ! » Et le succès est au rendez-vous.


“Donner à voir cette musique”

La Mayenne n’étant pas (encore) le centre du monde, Julien Ostini continue de courir les scènes lyriques. Celles des Opéras de Génève, de Saint-Étienne, de Tours… et (bientôt) celles de Rennes, Nantes et Angers. « Ce sera une première. C’est avec beaucoup d’émotion et de plaisir que je vais travailler dans cette région qui est désormais la mienne. » n « Lorsque j’écoute une musique, comme celle de Gluck pour Iphigénie en Tauride, j’ai toujours un crayon à portée de main. Je fais des croquis, je dessine un costume, c’est comme un puzzle qui se constitue. » Alors, le metteur en scène signe aussi décors et costumes. Les lumières, il les laisse à son habituel complice, Simon Trottet.

À Ballée, comme ailleurs, le cœur de Julien Ostini bat pour l’opéra avec, toujours la même envie. « Dans notre monde de 2020, la musique est liée à l’image. On l’écoute sur nos smartphones. Notre travail, c’est de donner à voir cette musique. »


Gluck et Iphigénie : une “pureté musicale”

« Alain et Mathieu (*) suivent mon travail depuis longtemps. Je suis très heureux de pouvoir présenter Iphigénie en Tauride dans ma région… » Pour Julien Ostini, c’est l’occasion d’une “redécouverte” de la musique de Gluck. Il avait en mémoire une production “un peu fade” d’un Orphée et Eurydice à Genève. On se souvient (vaguement ?) de l’histoire d’Iphigénie, de son frère Oreste… et de la malédiction des Atrides. En cette fin XVIIIe, Gluck contribue à réformer l’opéra en France. Une révolution qui a le soutien de Marie-Antoinette ! « On est ici entre déclamation dramatique et pureté musicale…» C’est cette modernité qui a séduit Julien Ostini.


(*) Alain Surrans, directeur d’Angers Nantes Opéra et Mathieu Rietzler, directeur de l’Opéra de Rennes.


Iphigénie en Tauride, Grand Théâtre, Angers, 23 et 25 octobre ; Opéra, rennes, 29 novembre au 5 décembre ; Théâtre Graslin, Nantes, 13 au 19 décembre.


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