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Lena Paugam, vertige de la scène


Texte / Fedelm Cheguillaume * Photo / Abdelwaheb Didi Publié dans le magazine Kostar n°52 - octobre-novembre 2016


Elle agite la Bretagne par son hyperactivité artistique, par sa volonté de s'implanter dans des lieux dans lesquels l'action culturelle a un rôle fondamental à jouer. Lena Paugam a un questionnement permanent autour des « formes qui permettent le mieux de transmettre des sentiments forts, pour combattre la simplification ».

Portée sur l'art théâtral depuis des années, celle qui cumule le jeu, la recherche doctorale, l'enseignement et la mise en scène, ne limite jamais la création au territoire du plateau. Aux côtés de la compagnie du Lyncéus-Théâtre, Lena Paugam entend repenser la place du spectateur et le succès lui donne raison : après une création sélectionnée pour le festival de découvertes parisien Impatience en 2016, le diptyque Au point mort d'un désir brûlant, programmé à Mettre en Scène, vient appuyer sa conviction « que le théâtre ne peut plus se contenter de montrer, il doit permettre de se rencontrer. Il s'agit de prendre du temps pour parler de l'humain et donner à sentir des réalités physiques de l'homme que l'on peine à sortir dans le quotidien ». Dans la méthode, sa passion pour le jeu d'acteur, entretenue par ses recherches sur le désir, à travers des « corps très engagés, très imprégnés », se voit bouleversée par une mutation permanente des formes.


“Le théâtre ne peut plus se contenter de montrer, il doit permettre de se rencontrer.”

Les Sidérées et Les Cœurs tétaniques mêlent deux réécritures très différentes des Trois sœurs d'Anton Tchekhov. Ces commandes littéraires réalisées par Sigrid Carré-Lecoindre et Antonin Fadinard, tous deux membres de la compagnie, sont une manière de « se déstabiliser, de se réapproprier des esthétiques dont je me sens d'abord éloignée », elle, dont l'influence anthropologique première est essentiellement plastique : « Les cinéastes Andrei Tarkovski, Gus van Sant et Jean-Luc Godard m'inspirent car ils réengagent pour chaque œuvre leur rapport à la forme afin de produire des exercices de style. » Quant au théâtre, ce sont davantage les experts de la scénographie tels que Daniel Janneteau, Roméo Castellucci ou Krystian Lupa qui, par leur maîtrise de l'indicible, parviennent le mieux à provoquer ce «trouble des profondeurs de l'intime» devant lequel le spectateur ne peut rester de glace, plongé dans « l'état de sidération » exaltant que la jeune Bretonne poursuit.

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