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MPO, vinyl forever



Texte / Matthieu Chauveau * Photo / © MPO Publié dans le magazine Kostar n°52 - octobre-novembre 2016


Un léger grésillement, des faces à retourner, un objet fragile. À l’heure de la dématérialisation à l’extrême, ce qui faisait autrefois les défauts du vinyle nous parait aujourd’hui d’un charme unique. Un support dont les imperfections apparentes renferment un son autrement plus chaud que celui du MP3. Et qui se vend !

Donné pour mort dès la fin des années 80, avec l’avènement de sa version compacte et numérique (rappelez-vous : le CD), le disque vinyle fait un surprenant come-back à l’ère du MP3 et des sites de streaming. Il n’y a qu’à regarder autour de nous… Dans les films récents, quand un personnage écoute un disque, il prend la forme d’une grande galette noire (de Frances Ha à Rester Vertical). À la Fnac, le rayon vinyle grignote chaque jour du terrain sur celui du CD. Pour Netflix (plateforme de la dématérialisation par excellence !), Martin Scorsese imagine une série qu’il intitule sobrement… Vinyl. Et nous ne parlons même pas des disquaires indépendants, qui eux n’ont jamais lâché leurs 33 tours, et qui reprennent peu à peu du poil de la bête.

Ce que nous ne pouvions deviner, c’est que ces microsillons flambant neufs que nous achetons pour leur qualité sonore avérée (la musique, ici, ne subit aucune compression) ou tout simplement pour la beauté de l’objet (les pochettes d’album tout à coup, prennent de l’ampleur), ont sans doute été fabriqués dans une petite commune de Mayenne… Villaines-la-Juhel, c’est ici que la société familiale MPO (Moulages Plastiques de l’Ouest) fabrique des disques depuis 1957. D’abord spécialisé dans le vinyle, puis dans le CD et le DVD, sans jamais avoir abandonné le premier support (et donc le savoir-faire en la matière), MPO est aujourd’hui le premier des trois acteurs majeurs du vinyle en Europe. Cette année, 12 millions de galettes noires sortiront de ses presses, dont 80% environ partiront à l’étranger, en particulier aux Etats-Unis, gros consommateur, en particulier chez les jeunes.


Cette année, 12 millions de galettes noires sortiront de ses presses, dont 80% environ partiront à l’étranger.

Alors, simple effet de mode ou vrai phénomène ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis 2006, le marché connaît une croissance de plus de 30% par an, quand le CD, lui, baisse chaque année d’environ 15%. Evidemment, la galette noire (re)part de loin, et nous sommes toujours dans un marché de niche, mais force est de constater qu’elle n’est aujourd’hui plus seulement plébiscitée, comme il y a 20 ans, par quelques DJ et collectionneurs. MPO, en tout cas, parie sur une hausse pérenne de la demande, puisqu’il vient de s’équiper de huit nouvelles presses, venant s’ajouter aux seize machines tournant déjà à plein régime dans son usine. Seul bémol, il n’existe plus un seul constructeur de presse à vinyle dans le monde. L’entreprise a donc dû dénicher d’occasion des machines qui dormaient au fond d’un entrepôt au Venezuela, en attendant la suite. Fabricant de machines à presser les vinyles, un métier d’avenir ?


MPO France, Villaines-la-Juhel (53). www.mpo.fr



MPO en 6 dates


1957 : Création de l'entreprise familiale de pressage de disques vinyles MPO par la famille Tyrel de Poix

1982 : MPO est la première entreprise à fabriquer en Europe un tout nouveau support, le CD

2003 : MPO devient le leader mondial du pressage de CD et assure plus de la moitié de la production française de DVD

2012 : Le production de vinyles repart à la hausse chez MPO, grâce notamment à la demande anglo-saxonne.

2015 : MPO presse 10 millions de vinyles, contre 6 millions en 2014

2016 : MPO s'équipe de 8 nouvelles presses à vinyles pour répondre à la demande

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